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Syrie: Bachar Al-Assad serait à Lattaquié

Bachar Al-Assad serait au bord de la mer Méditerranéenne

La télévision d'État syrienne a diffusé jeudi les premières images du président Bachar Al-Assad après l'attentat qui a tué trois de ses proches collaborateurs la veille à Damas, alors que sur la scène internationale, la Chine et la Russie ont opposé leur veto à un projet de résolution menaçant la Syrie de sanctions.

Selon les images montrées à la télévision officielle, M. Assad, en costume bleu, reçoit le nouveau ministre de la Défense, le général Fahd Al-Freij, en uniforme militaire, après la prestation de serment. Le chef de l'État l'invite ensuite à s'asseoir et converse avec lui. Fahd Al-Freij a succédé au ministre de la Défense, Daoud Rajha, tué dans l'attaque de mercredi.

Il est cependant impossible de savoir où et quand ces images ont été tournées. Le président Al-Assad n'avait fait aucune déclaration et n'avait pas été vu en public depuis l'attaque, ce qui avait alimenté les spéculations sur le lieu où il se trouvait.

Des sources proches de l'opposition syrienne avaient notamment dit à Reuters que le président se trouvait à Lattaquié, ville située au bord de la mer Méditerranée, à l'extrême nord de la côte syrienne. Auparavant, un conseiller de M. Assad avait dit à l'AFP que le président se trouvait au palais présidentiel de Damas.

Par ailleurs, les médias officiels n'ont toujours pas diffusé d'images de l'attentat ayant décimé l'état-major du régime de Bachar Al-Assad, comme ils le font à chaque fois après des attaques à Damas.

Depuis le début de la révolte en mars 2011, Bachar Al-Assad n'a prononcé que six discours. Il a aussi accordé quelques entrevues à la télévision syrienne ainsi qu'à des chaînes et journaux étrangers.

Le dernier discours du président remonte au 2 juin, durant lequel il assure vouloir en finir avec la révolte, qu'il assimile à du « terrorisme ».

Des funérailles nationales vendredi

Une source de sécurité dans la capitale syrienne a déclaré à l'AFP que des funérailles nationales doivent avoir lieu vendredi à Damas pour les trois hauts responsables de l'appareil sécuritaire du régime tués dans l'attentat de mercredi.

« Des funérailles nationales auront lieu demain à Damas avant que la dépouille de chacun des trois responsables ne soit transférée dans sa ville natale pour y être inhumée », a précisé cette source. On ignore si le chef de l'État, Bachar al-Assad, participera aux funérailles.

5e jour d'affrontements à Damas

Pendant ce temps, les combats se poursuivent pour une cinquième journée consécutive entre les forces gouvernementales et les rebelles syriens à Damas. Tandis que le nombre de blindés de l'armée augmentait jeudi dans la capitale, des centaines d'habitants fuyaient les bombardements de différents quartiers.

Des affrontements ont de nouveau éclaté près du siège du gouvernement syrien en matinée, ont annoncé des insurgés et des habitants. Au moins un mort est signalé dans le quartier d'Ikhlas, où les combats auraient été déclenchés par une attaque rebelle contre les forces de Bachar Al-Assad.

Selon une source de sécurité dans la capitale, l'armée a demandé à la population de s'éloigner des zones de combats alors que « les terroristes cherchent à utiliser les habitants comme boucliers humains ». « Jusqu'à présent, l'armée avait fait preuve de retenue dans ses opérations, mais depuis l'attentat, elle est décidée à utiliser toutes les armes en sa possession pour en finir avec les terroristes », a ajouté cette même source, citée par l'AFP.

Mercredi, au moins 214 personnes, dont 124 civils, 62 soldats et 28 rebelles, ont été tuées dans les violences partout au pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation basée à Londres.

Selon un porte-parole de l'opposition en Syrie, l'attentat ayant touché le coeur du cercle rapproché du président marque le début de la fin du régime de Bachar Al-Assad. « Ce qui s'est passé hier est un signe sur le début de la fin de ce régime [...] c'est un grand coup porté au [chef de l'État] et à l'appareil sécuritaire et répressif du régime », a affirmé Georges Sabran, porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition.

La Russie et la Chine opposent leur veto

Si l'émissaire international Kofi Annan avait bon espoir que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité puissent s'entendre sur un projet de résolution, le résultat du vote de jeudi au siège des Nations unies, à New York, est venu confirmer la division entre les pays occidentaux d'un côté, puis la Russie et la Chine de l'autre, quant à la position à adopter devant le conflit en Syrie.

La Russie et la Chine ont utilisé leur veto pour empêcher l'adoption d'une résolution qui prévoyait des menaces de sanctions contre la Syrie. Présenté par la Grande-Bretagne, ce projet de résolution menaçait Damas de sanctions économiques s'il ne renonçait pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition, et il prolongeait de 45 jours la mission des observateurs de l'ONU en Syrie.

Selon l'ambassadeur russe à l'ONU, la résolution occidentale « ouvrait la voie » à une intervention militaire. Le projet de résolution était placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui autorise l'emploi de moyens coercitifs allant des sanctions économiques et diplomatiques à une intervention militaire. Les Occidentaux assuraient toutefois qu'il n'était pour l'heure que question de sanctions, et non d'opération militaire.

C'est la 3e fois que Moscou et Pékin bloquent ensemble une tentative de l'ONU de faire pression sur le gouvernement syrien.

D'autre part, la Russie a déclaré n'avoir évoqué avec aucun de ses interlocuteurs la possibilité d'accueillir sur son sol le président Bachar Al-Assad. Iouri Ouchakov, proche conseiller de Vladimir Poutine, a assuré qu'il n'avait d'ailleurs pas connaissance d'un éventuel projet du président syrien de s'exiler en Russie.

Départ du chef des observateurs en Syrie

Le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a quitté Damas pour rejoindre Genève, jeudi, à la veille de l'expiration du mandat de 90 jours de la mission de supervision des Nations unies.

« Je pars avec la satisfaction d'avoir, avec 400 hommes et femmes courageux, fait de mon mieux dans des circonstances très difficiles », a déclaré l'officier norvégien avant son départ.

Il a aussi adressé un message au Conseil de sécurité. « Pour le bien du peuple syrien, il faut que le Conseil de sécurité prenne efficacement les choses en main et fasse preuve d'une réelle unité autour d'un plan politique qui réponde aux aspirations du peuple syrien et soit accepté par les parties », a déclaré le chef des observateurs.

Le général Robert Mood a indiqué que la Syrie n'est « pas sur la voie de la paix » et que « l'escalade qu'a connue Damas au cours des derniers jours en est témoin ». Il a appelé jeudi « toutes les parties à mettre fin au bain de sang et à la violence sous toutes ses formes ».

Les observateurs de l'ONU, impuissants à enrayer la violence sur le terrain, ont suspendu leurs patrouilles le mois dernier après une série d'attaques visant leurs convois.

*ATTENTION: CERTAINES IMAGES PEUVENT CHOQUER*

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