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«Laurence Anyways»: Suzanne Clément, la révélation de Cannes, sort enfin dans les salles en France

Suzanne Clément, la révélation de Cannes dans les salles en France
LylaFilm

Elle fait partie de ces révélations qu’offre le Festival de Cannes. Suzanne Clément a reçu le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Laurence Anyways de Xavier Dolan, en compétition officielle dans la catégorie Un certain Regard et enfin sur les écrans français depuis ce mercredi. Depuis, l’actrice souffle notamment à Paris où elle prend du bon temps après la promo ininterrompue qu’impose la Croisette. C’est donc sur son temps libre, que Suzanne Clément a accepté de répondre à quelques questions.

Son nom n’a pas encore franchi les portes de l’Hexagone et pourtant, son jeu a été une véritable découverte lors du 65e Festival de Cannes. Dans Laurence Anyways, le troisième long métrage de Xavier Dolan, Suzanne Clément est Fred. Femme souriante et punchie, elle file le parfait amour avec Laurence, jouée par un Melvil Poupaud très convainquant. Mais l’inversion des genres ne se joue pas ici que dans les noms. Un beau jour, dans le Québec des années 80, Laurence avoue "après 35 ans de mensonge", qu’il est prêt à devenir une femme.

Cet aveu d’un besoin insurmontable signe alors le début de la fin et donne à Suzanne Clément toute la force de son rôle. Partagée entre amour et égoïsme, elle fait tout pour sauver son couple sans réussir accepter cette inversion des rôles jugée par tous. Alors que l’on suit plus volontiers Melvil Poupaud dans sa transformation physique, Suzanne Clément relève le pari de ne jamais laisser son personnage de côté.

"J’ai tout fait pour que cette femme soit comprise et soit un personnage à part entière. Je ne voulais pas que Fred soit seulement la copine de Laurence, mais que, même amoureuse elle ait le droit de parole et puisse être quelqu’un", explique l’actrice.

Un rôle préparé durant deux ans

Une liberté prise grâce à sa longue amitié avec Xavier Dolan. C’est par une connaissance commune qu’ils se rencontrent alors que le jeune homme, âgé à cette époque de 17 ans, vient d’écrire son premier scénario.

"Il avait besoin d’alliés dans le métier et il m’a montré le scénario de J’ai tué ma mère (sorti en 2009 Ndlr). Depuis, il sait que je le soutiens et qu’il peut compter sur moi. Je n’avais pas vraiment besoin de jouer dans ce film mais je l’ai fait pour lui. J’ai adoré son énergie, son âge est une richesse. Xavier est jeune mais il avance à une vitesse incroyable et j’apprends énormément de cette personne. Il est d’une folie et d’une générosité que j’ai rarement vues".

Xavier Dolan anticipe et c’est lors du tournage de son premier film qu’il parle de Laurence Anyways à Suzanne Clément. Il lui offre une tête d’affiche avec un personnage complexe et entier qu’elle a eu le temps de penser et de préparer.

"Il s’est passé deux ans entre la proposition de Xavier et le début du tournage (en février 2011 Ndlr). Entre-temps, j'ai pris une longue année sabbatique, j’avais besoin de faire une pause, j’avais terminé un cycle dans ma vie professionnelle et personnelle. J’ai voyagé, discuté, regardé les gens passés assise dans des cafés, me suis rendue à des fêtes. C’est donc un rôle que j’ai préparé pendant tout ce temps même si je n’avais pas le scénario sous les yeux. D’ailleurs, je me souviens avoir rencontré un homme qui aimait se déguiser en femme et qui m’a demandé, pendant une soirée, de le maquiller. Je me suis dis ‘ce n’est pas croyable’! Ça se fait sans que je le demande. Pendant ces deux ans, j’ai vécu avec ce personnage de Fred".

Une cohabitation qui crève l’écran dans cette histoire d’amour transe-genre remarquablement peinte par le jeune cinéaste qui affirme une nouvelle fois un talent jamais passé inaperçu. Mais l'actrice n’a pas attendu l’offre du prodige habitué de la Croisette pour se faire un nom, notamment au Québec.

Une carrière transversale

Entre les planches, les séries télé et le cinéma, l’actrice se plaît à jouer de tout sans se connaître de préférence. Malgré plusieurs rôles dans ces disciplines, certains ont particulièrement compté dans sa carrière. Le premier, qu'elle se voit offrir par Robert Lepage (Le confessionnal), alors qu'elle vient tout juste de terminer le Conservatoire d'art dramatique du Québec. Mais aussi sa "première vraie interprétation pour la télé", dans Sous le signe du lion que Suzanne Clément a notamment apprécié pour son personnage très jeune "qui porte les questionnements et les changements d'un Québec en mutation dans les années 60".

L'actrice fera également ses preuves au théâtre. Durant trois ans elle interprétera les personnages féminins de Tchekhov dont Nina dans La Mouette "qui est un personnage très important chez l'auteur et très marquant pour moi". Mais un temps cantonnée au registre dramatique, Suzanne Clément demande des rôles plus légers et interprète Sophie Paquin dans Les hauts et les bas, une série "à la Ally McBeal" qui lui vaudra deux Prix nationaux d'interprétation féminine.

Un plaisir du jeu donc, que Suzanne Clément, engagée vers des études de physique et de science, a su verbaliser tard, privilégiant l'inconscience aux mots. Aujourd'hui, sans envie particulière, elle avoue attendre le rôle qui la poussera dans ses retranchements.

"Mais quoi qu'on me propose j'ai envie qu'on me déstabilise, qu'on m'emmène autre part. Je suis ouverte à la vie", finit-elle dans un rire de bon cœur.

Découvrez dans le vidéorama ci-dessous, quelques films dans lesquels Suzanne Clément a joué:

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