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Kusturica et son No Smoking Orchestra: prise deux

Kusturica et son No Smoking Orchestra: prise deux
FIJM Victor Diaz Lamich

MONTRÉAL - À titre de cinéaste et producteur, le Bosno-Serbe Emir Kusturica a fait ses preuves grâce à une œuvre cinématographique humaniste et inventive, qui lui a d’ailleurs permis de remporter deux Palmes d'or à Cannes pour ses films Papa est en voyage d'affaires (1985) et Underground (1995). Côté musique, il n’est pas en reste non plus. À la suite d’un passage diablement apprécié au Festival de jazz en 2010, le compositeur et musicien était de retour à Montréal avec son No Smoking Orchestra, cette bande de joyeux lurons qui fait dans le rock-garage et les sonorités roms.

À peine débarqué de l’avion, Kusturica a reçu en après-midi le prix Antonio-Carlos-Jobim des mains du vice-président à la programmation du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), Laurent Saulnier. Un geste honorifique voulant souligner le travail exemplaire d’un artiste dans le domaine de la musique du monde. Une récompense qui tombe à point pour Kustirica qui a choisi, avec ses acolytes, Montréal comme seule escale estivale nord-américaine.

Peu importe, belle tape dans le dos pour cet artiste polyvalent qui, cette fois-ci, se produisait au Métropolis, toujours pour le FIJM. Et à vrai dire, peu de choses ont vraiment changé depuis la dernière visite de son groupe (ils étaient huit musiciens aux violon, guitare électrique, percussions, batterie, accordéon, basse, saxophone) duquel il fait partie : énergie balkanique délurée (la chanson« Unza Unza Time »), âme festive, allure enjouée et théâtrale, ferveur punk (« Pitbull Terrier »), sympathique dérision (pensons à « Was Romeo Really A Jerk » durant laquelle une jeune femme de l’audience est montée sur scène pour danser), sens de la dramaturgie, esthétique flamboyante (le violoniste portait une toge de soie noire et rouge alors que l’accordéoniste était vêtu d’un costume de bal tout blanc, même son chapeau rond), cadence à fond de train et sourires fendus jusqu’aux oreilles.

Plus qu’un party

Cela dit, ce sont de vrais musiciens qui, certes, savent produire les drôleries, mais aussi livrer des interprétations touchantes et nuancées. On pense par exemple à la superbe « Del Dija » avec ses chœurs touchants, ses jolies plaintes de violon et ses lignes nostalgiques de saxophone. Le party, oui, mais pas toujours. N’oublions pas ses membres ont connu la guerre. Les albums de la formation ont également été très populaire en ex-Yougoslavie et ici et là en Europe. Elle a aussi produit les trames sonores des films d’Emir Kusturica, en plus de faire plusieurs tournées mondiales.

Pour le reste, le spectacle de ce soir était doté d’une mise en scène réduite aux instruments et à leurs interprètes, qui se sont trémoussés de tous les côtés sur la scène en livrant plusieurs improvisations brutes, de bons cœur et farfelues. Quant au son, il était souvent rempli, parfois cacophonique, à l’instar de la structure du concert assez éparpillée. On a particulièrement aimé les voix à la fois graves et enjouées qui traduisent parfois une charmante fausse inquiétude.

À noter qu’il régnait une étrange ambiance dans le Métropolis alors que de fervents amateurs devant la scène dansaient les bras en l’air tandis que toute l’autre moitié de la foule située à l’arrière, paraissait aplatie et déroutée. Peut-être est-il impossible d’aimer à moitié le No Smoking Orchestra.

Bémol ? Oui, car grosso modo c’était la même rencontre festive à laquelle nous avions eu droit il y a deux ans au Festival de jazz. L’orchestre a interprété plusieurs morceaux de leur album Time Of The Gypsies paru en 2007, deux ans avant leur disque The Best Of Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra.

L’accordéoniste montréalais Sergiu Popa assumait la première partie.

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