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Mexique: le parti d'Enrique Peña Nieto soupçonné d'avoir acheté des votes

Le parti d'Enrique Peña Nieto a-t-il achetés des voix?
AP

MEXICO - Des milliers de Mexicains se sont précipités dans les magasins d'une chaîne d'épiceries, mardi, pour échanger les cartes-cadeaux prépayées qui leur auraient été offertes par le parti qui a remporté l'élection présidentielle de dimanche, alimentant les accusations selon lesquelles le scrutin a été entaché par une campagne massive d'achat de votes.

Certains des clients qui faisaient la file mardi dans un magasin Soriana de la périphérie de Mexico ont affirmé que les cartes leur avaient été offertes en échange de leur appui au Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), dont le candidat Enrique Peña Nieto a remporté l'élection de dimanche, selon les résultats préliminaires officiels. Certains clients portaient des t-shirts et des casquettes rouges arborant le nom du candidat du PRI.

Maria Salazar, une étudiante universitaire âgée de 20 ans, est allée échanger trois cartes-cadeaux avec son père âgé de 70 ans, Antonio Salazar.

«Ils nous ont donné les cartes au nom du PRI et d'Hector Pedroza (candidat au Congrès du PRI) en nous disant qu'ils comptaient sur notre vote», a expliqué la jeune femme en sortant de l'épicerie. Son père et elle ont dû remettre une photocopie de leur carte d'électeur pour obtenir les cartes-cadeaux.

«Ils nous ont dit que les cartes valaient 500 pesos (38,17 $ CAN), mais quand nous les avons utilisées, elles ne valaient que 100 pesos (7,63 $ CAN)», a-t-elle dit, l'air dépité.

Une autre femme interviewée devant la même épicerie s'est aussi plainte que sa carte-cadeau ne valait que 100 pesos.

«Pour les avoir aidés avec les votes et tout (...), ils nous ont donné des cartes-cadeaux, tout ça pour 100 pesos», a dit la femme, qui n'a voulu donner que son prénom, Josefina, par crainte de représailles. Elle a expliqué avoir obtenu une carte-cadeau pour avoir soutenu le candidat du PRI et s'est plainte que «100 pesos ne durent que cinq minutes».

À l'intérieur du magasin, une longue file s'est formée devant une machine permettant de consulter le solde des cartes-cadeaux. Certains clients étaient en colère et ont crié des insultes contre Enrique Peña Nieto.

L'équipe de campagne de M. Peña Nieto et le bureau de presse du PRI n'ont pas commenté la situation dans l'immédiat. Le porte-parole de la chaîne d'épiceries Soriana n'a pas répondu aux appels de l'Associated Press.

Vendredi dernier, soit deux jours avant le vote, le candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD), Andrés Manuel Lopez Obrador, arrivé deuxième lors du scrutin, a publié un communiqué accompagné de photos de dizaines de cartes-cadeaux des épiceries Soriana, en affirmant que les cartes avaient été distribuées par un syndicat affilié au PRI. Le PRD a porté plainte aux autorités électorales.

En vertu de la loi mexicaine, donner des cadeaux aux électeurs n'est pas un crime, sauf si le cadeau a pour objectif de conditionner ou d'influencer le vote. Le coût de ces cadeaux doit être rapporté aux autorités et ne peut excéder les limites de dépenses de campagne. Les violations de ces règles sont habituellement punies par des amendes, mais ne sont pas un motif suffisant pour annuler une élection.

Un responsable de l'Institut électoral fédéral, Alfredo Figueroa, a affirmé mardi que les autorités enquêtaient au sujet de la plainte sur les cartes-cadeaux de la chaîne Soriana. Des membres de l'Institut ont affirmé avoir été mis au courant de tentatives d'achat de votes.

M. Figueroa a déclaré que les irrégularités dans le décompte des voix pourraient mener au recomptage des votes provenant de jusqu'à 50 000 bureaux de scrutin, soit environ le tiers des 143 000 bureaux.

Mais l'équipe d'Andrés Manuel Lopez Obrador a affirmé mardi avoir relevé des irrégularités dans 113 855 bureaux de scrutin et a demandé un recomptage plus large.

«C'est un scandale. (...) Ils ont acheté des millions de votes», a dit le candidat de gauche, en référence au PRI. «Ils ont clairement dépassé les limites de dépenses de campagne. Il s'agit d'une honte nationale», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

M. Lopez Obrador refuse d'accepter les résultats préliminaires, affirmant que le scrutin a été marqué par un dépassement des limites de dépenses et par un traitement favorable du candidat du PRI par l'industrie de la télévision.

Après le décompte de 99 pour cent des bulletins de vote, M. Lopez Obrador tire de l'arrière avec un retard de six points de pourcentage, selon les résultats officiels.

Ces résultats serrés alimentent les soupçons des partisans de M. Lopez Obrador quant à l'équité du scrutin. Lundi soir, le candidat a refusé d'admettre sa défaite, tout comme il l'avait fait lors de l'élection présidentielle de 2006, qu'il a perdue par une très faible marge.

À l'époque, ses partisans avaient organisé de grandes manifestations qui ont paralysé la capitale pendant des semaines, mais cette fois-ci, le candidat de gauche n'a pas appelé ses partisans à descendre dans les rues.

Andrés Manuel Lopez Obrador a déclaré qu'il n'acceptait pas les résultats préliminaires rapportés par l'Institut électoral fédéral et qu'il attendrait l'annonce des résultats officiels, mercredi, pour décider de la suite des choses.

«Nous n'accepterons pas les résultats frauduleux», a-t-il affirmé.

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