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GRUBB au Festival international de jazz de Montréal : Une victoire (PHOTOS/ENTREVUE)

GRUBB: Une victoire! (PHOTOS/ENTREVUE)
Marc Young

C’est une victoire pour le metteur en scène Serge Denoncourt que le succès de GRUBB (Gypsy Roma Urban Balkan Beats) soit aussi retentissant à Montréal. C’est une victoire pour les participants qui ont grandement évolué personnellement, puis pour les jeunes d’ici qui se sensibilisent à la cause de la communauté Rom en Serbie. C’est également une victoire pour le public qui se déplace au Théâtre du Nouveau Monde. Pourquoi ? Par sa différence, GRUBB séduit parents et enfants et enchante des gens de toutes les nationalités. Surtout, il permet de dénoncer une triste situation ; un grave racisme envers les Roms et de sérieux constats quant à leur éducation.

« Ils sont tellement bons ! »

En entrevue téléphonique, Serge Denoncourt le rappelait. Les gens dans la salle le chuchotaient à voix basse. Cela est bien vrai ; ce soir, cette talentueuse troupe de 25 adolescents âgés de moins du 20 ans en a mis plein la vue.

Tous habillés à leur façon, ces jeunes nous ont laissé entrevoir des facettes de leur personnalité par la musique, le chant et la danse. Certains semblaient plus fragiles, d’autres plus éclatés, mais ensemble on constate qu’ils forment un groupe fier et rempli d’espoir. Tableau après tableau, le public a découvert leur histoire, mais aussi les situations auxquelles ils font face ; l’intimidation à l’école (s’ils y vont), le mariage obligatoire, les préjugés des gens à leur égard (maison en carton, odeur désagréable, vol etc). La prestation, très festive soit-elle, vient tout de même émouvoir. La foule était chavirée durant la scène où l’on voyait les adolescents lire les journaux. À ce moment, des commentaires racistes et très poignants ont été cités. Un discours de Nicolas Sarkozy faisait entre autres partie de ces citations, mentionnant qu’il s’engageait à : «faire démanteler la moitié des campements illégaux de Roms dans les trois mois, à confier la décision d'évacuer les camps aux préfets et à réformer la politique de lutte contre l'immigration illégale pour éviter que les Roms reviennent chaque année sur le territoire français ».

À les voir bouger ce soir, il est évident que ces artistes étrangers ont travaillé fort au fil des mois passés. «Ils ont donné pas mal de spectacles en Serbie et dans les alentours. Ils ont continué à écrire des chansons, ils ont répété les chorégraphies. Et bien sûr ils vont à l’école », expliquait Denoncourt. Cela a définitivement porté fruit. D’ailleurs, le metteur en scène ne les a pas laissés à eux-mêmes durant l’année, il s’est rendu en Serbie pour retravailler quelques enchaînements. « Pas question de les abandonner. […] Eux, ils ont été souvent abandonnés, mais pas moi ! Pas par moi en tout cas ! », disait-t-il catégoriquement.

Fierté et dignité

Lorsqu’on lui demande quelle est sa plus grande fierté relativement à ce projet, il répond sans hésitation qu’il est heureux de l’immense chemin parcouru par sa bande sur le plan humain. « Ces jeunes-là ont retrouvé une dignité. Avant, ils avaient honte de ce qu’ils étaient. Maintenant, ils se présentent, serrent la main des gens qu’ils rencontrent. Ils n’ont plus honte d’être Roms. Autrement, je suis fier de les voir à l’école. »

Pourquoi les Roms ?

«T’sais, c’est drôle la vie ! Moi je dis toujours, c’est eux qui m’ont choisi ! Moi, je ne me prédestinais pas à ça, mais pas du tout en fait ! », racontait Denoncourt. Pourtant, à entendre le sourire dans sa voix, on peut facilement sentir l’amour qu’il porte pour sa famille GRUBB. Reste que la raison d’être du projet est bien touchante. 85% des profits amassés par le spectacle finance le RPOINT, une organisation non gouvernementale basée en Serbie et visant la scolarisation des enfants Roms. Cette dernière offre donc un soutien éducatif et des ateliers d’arts (musique, danse, chant) pour motiver les jeunes à l’engagement scolaire. Selon certaines statistiques, la moitié des étudiants Roms d’Europe n’ont pas terminé l’école primaire.

Cela dit, Serge Denoncourt se réjouit également de voir que le projet a sensibilisé de nombreux élèves Québécois. Certains ont même pu correspondre avec les artistes de Belgrade durant l’année. De là, les réalités se croisent, se confrontent et les jeunes réalisent qu’après Montréal, il y aussi un monde…et que tout le monde n’a pas les mêmes ressources. « Il y a même des jeunes qui ont fait des levées de fonds pour eux cette année, d’autres qui m’ont contacté, ont contacté mon agent pour offrir leur aide et faire du bénévolat ! », expliquait-il.

Après Montréal ? New York ! Après New York ? Tournée…

Après ces cinq soirs de présentations à Montréal, la troupe de GRUBB se dirigera vers les Etats-Unis, de quoi rendre ces ados fous de joie. «Y’a toujours une certaine nervosité à l’idée de se déplacer dans un nouveau marché, mais en même temps, GRUBB est très attendu à New York pour le Lincoln Center Festival. Beaucoup ont entendu la musique et ont hâte de voir! Donc, il n’y a pas nécessairement une appréhension, mais beaucoup d’excitation. », affirmait le metteur en scène. De plus, les discussions sont toujours nombreuses quant aux possibilités de partir en tournée en Amérique et en Europe. Serge Denoncourt doit prendre plusieurs éléments en considération ; les coûts, le temps… Pas facile de déplacer une troupe de 40 personnes à travers le monde !

Voyez le spectacle GRUBB le 30 juin, ainsi que les 2 et 3 juillet, 20h au TNM dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.

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