Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mine Jeffrey: «odieux» et «bassement électoraliste», disent les opposants

«Odieux» et «bassement électoraliste», disent les opposants
AFP

L'annonce vendredi de l'octroi par le gouvernement Charest d'une garantie de prêt de 58 millions$ afin de relancer la Mine Jeffrey à Asbestos a été reçue avec consternation par plusieurs groupes de la société civile.

«Il est franchement odieux que le gouvernement Charest s'associe à l'extraction et l'exportation de l'amiante, a lancé Ugo Lapointe, porte-parole la Coalition pour que le Québec ait une meilleure mine. La semaine dernière à Rio de Janeiro, Jean Charest faisait la promotion d'une économie verte, tandis qu'aujourd'hui il apporte son soutien à une économie noire.»

L'amiante chrysotile est associé à de nombreuses formes de cancers, dont le cancer du poumon, en raison des fibres volatiles qu'il dégage. Au Québec, l'utilisation de l'amiante est permise, mais sévèrement encadrée. De nombreux pays occidentaux, comme la France et le Royaume-Uni, interdisent son utilisation sur leur territoire. La production de la Mine Jeffrey vise principalement l'exportation vers les pays en voie de développement.

En plus des risques pour la santé des population dans les pays en voie de développement, la relance de l'extraction d'amiante à Absestos pourrait causer une hausse du nombre de cancers au Québec. Les opposants jugent qu'il est impossible d'extraire l'amiante sans mettre en danger la santé des travailleurs et des habitants des villes minières. «Avec cette annonce, le gouvernement Charest prépare les cancers de demain», s'insurge Daniel Green, coprésident de la Société pour vaincre la pollution (SVP).

Par voie de communiqué, la Société canadienne du cancer a également dénoncé la décision du gouvernement Charest. «Cette décision signifie que le nombre de cancers liés à l'amiante, tant au Canada que dans d'autres pays, va continuer d'augmenter, affirme Paul Lapierre, vice-président, Affaires publiques et lutte contre le cancer. Il est impératif que la santé des gens de partout dans le monde passe avant les intérêts de l'industrie de l'amiante.»

D'ailleurs, en 2010, l'amiante était la principale cause de mortalité indemnisée par la CSST. Si les travailleurs décédés ont pu être exposés à une époque où la réglementation dans les mines était moins sévère, les opposants estiment que les nouvelles mesures de sécurité ne peuvent protéger adéquatement les travailleurs.

Ugo Lapointe et Daniel Green soulignent que l'annonce a été faite à 16:00 un vendredi précédant un long congé. «Clairement, le gouvernement Charest espère que cette infamie passera inaperçue auprès de la population», dit Daniel Green.

Le coprésident de SVP estime que cette annonce, qui succède à l'inauguration de la centrale électrique Eastmain 1-A jeudi, a été faite pour des considérations «bassement électoralistes».

Même si la relance de la Mine Jeffrey permettra de créer des emplois, Ugo Lapointe estime que l'industrie de l'amiante est moribonde. «Le gouvernement québécois aurait mieux fait d'investir cette garantie de prêt dans la diversification de l'économie de la région», dit-il. Même son de cloche du côté de Daniel Green: «Je suis certain que plusieurs entreprises auraient aimé profiter de cet argent pour lancer des entreprises qui n'ont pas un tel impact sur l'environnement et la santé».

Greenpeace Québec a également réagi par voie de communiqué en fin de journée. «L’amiante tue plus de 100 000 personnes par année dans le monde, dit Catherine Vézina, coordonnatrice des Communications chez Greenpeace. Il est scandaleux et honteux que Québec encourage cette industrie. Le reste du monde attend mieux des Québécois.»

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.