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Premier tour des législatives françaises: les dissidents donnent du fil à retordre aux caciques (PHOTOS)

Les dissidents donnent du fil à retordre aux caciques
AFP

LÉGISLATIVES - Ils sont pour la plupart inconnus du grand public, en rupture avec leur formation politique mais ils font vaciller les ténors. Au lendemain du premier tour des élections législatives, qui a vu la gauche virer en tête dimanche 10 juin, les dissidents de tous bords peuvent savourer leur revanche. Credo: leur implantation locale. Grief: le "parachutage" d'une personnalité nationale par "Paris" sur une circonscription qu'ils estiment être la leur.

Si peu d'entre eux sont en mesure de l'emporter dimanche prochain, beaucoup ont marqué des points au premier tour, soit en empêchant la réélection de leurs concurrents soit en parvenant à se hisser au second tour de scrutin.

Des "parachutages" qui passent mal

Un des cas les plus emblématiques et qui promet un second tour relevé le 17 juin prochain est celui du socialiste dissident Olivier Falorni. En rupture avec le PS dans son département de Charente-Maritime, celui-ci pourrait doubler Ségolène Royal dans la circonscription de La Rochelle qu'il lui dispute.

Le "parachutage" de Ségolène Royal est pourtant limité: jadis élue des Deux-Sèvres, l'ex-compagne de François Hollande a toutefois été brillamment réélue dans la région du Poitou-Charentes. Qu'importe: Olivier Falorni, soutenu par une partie du PS local, avait réclamé une primaire qu'il n'a pas obtenue. Conséquence, les électeurs devront trancher un duel gauche-gauche au second tour.

Et les suppliques de la rue de Solférino n'y changent rien: Falorni refuse de jeter l'éponge. Le tête-à-tête entre l'élu du cru, qui fut à la tête de la fédération départementale du parti, et la présidente de la région, promet donc un duel épique dans lequel l'UMP entend bien s'ingérer en appelant à faire battre l'ancienne candidate à l'élection présidentielle.

A droite, c'est l'atterrissage de l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, dans une circonscription pourtant très favorable à Boulogne-Billancourt, qui se passe moins bien que prévu. La faute à un dissident du cru, Thierry Solère, pourtant ancien secrétaire national de UMP, ulcéré par le parachutage de l'ancien préfet.

Et la partie est loin d'être gagnée pour l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy, qui se frotte pour la première fois au suffrage universel: Arrivé en tête avec 30,41% des voix, il est talonné par son adversaire (26,89%) et devra affronter une triangulaire avec la socialiste Martine Even (13,10%).

Parachuté dans les Yvelines, son ancien collègue Henri Guaino a eu plus de chance: avec 28,12% des voix, il est arrivé devant la candidate socialiste Fabienne Gelgon-Bilbault et le dissident UMP Olivier Delaporte. Celui-ci a annoncé son désistement ce lundi.

Meirieu, symbole de l'échec de l'accord PS-écolos

A gauche, l'accord PS-EELV plutôt généreux à l'égard des écologistes a tourné à la débandade et provoqué l'éclosion d'une myriade de candidatures dissidentes côté socialiste. L'affrontement, parfois violent, a tourné à l'avantage des rebelles à Lyon, ou le radical Thierry Braillard, bien aidé par le maire de Lyon Gérard Collomb, est parvenu à devancer le patron du parlement des écolos, Philippe Meirieu.

La mort dans l'âme, ce dernier a dû se résoudre dimanche soir à appeler à voter pour son concurrent pour faire battre la droite. Et les exemples de ce type abondent. Arrivée très largement en tête dans la 6e circonscription de Paris, Cécile Duflot n'a évité une guerre fratricide avec le PS local qu'en prenant comme suppléante la députée PS sortante Danièle Hoffman-Rispal, qui avait dénoncé à grands cris l'arrivée de la secrétaire nationale d'EELV.

Michel Balbot (Côtes d'Armor), Magali Deval (Finistère), Slimane Tir (Nord) mais aussi pour Thierry Pradier (Sarthe), Agathe Remoué (Ille et Vilaine), Nicolas Guillemet (Saône-et-Loire), Omar Ayad (Orne)... Tous ces candidats écologistes investis en accord avec le PS ont été finalement devancés par des dissidents de gauche.

De quoi peser sur les futures négociations à gauche pour les prochaines échéances électorales. "Il faudra analyser ça et notamment les suites à donner aux accords locaux", a prévenu David Cormand, M. Elections du parti écologiste.

Parité, diversité et renouvellement des générations

Ailleurs, les motifs de dissidence varient du tout au tout, la légitimité locale se heurtant parfois à la volonté d'imposer des femmes ou des minorités visibles. Le député sortant de la première circonscription de l'Aisne, René Dosière, a été exclu du Parti socialiste pour dissidence, après avoir refusé de prendre pour suppléant Fawaz Karimet, candidat proposé par la direction du PS. René Dosière est finalement arrivé en tête au premier tour des législatives devant la candidate UMP, alors que le candidat du PS, troisième, a annoncé qu'il se maintiendrait. "Je considère donc que ma démarche politique a été validée par le peuple souverain", estime René Dosière, confronté à une triangulaire.

A Paris, au contraire, c'est le non-respect de la parité qui a donné des ailes aux dissidents. Alors que Rachida Dati a longuement laissé planer la menace de se présenter contre François Fillon dans la 2e circonscription, avantd e finalement se raviser, la maire UMP du XVIIe, Brigitte Kuster, a préféré risquer l'exclusion pour tenter sa chance contre le candidat officiel Bernard Debré. Si celui-ci devrait l'emporter le 17 juin prochain, Brigitte Kuster peut se targuer de l'avoir contraint à un second tour de scrutin dans une circonscription imperdable à droite. "J'appelle au retrait des dissidents ou dissidentes. Ils représentent le poison de la droite, des ambitions personnelles inutiles et dangereuses au second tour", a réagi l'ancien ministre sur son blog.

Menacée d'exclusion, Brigitte Kuster a finalement annoncé ce lundi qu'elle se retirait de la course, laissant le champ libre à Bernard Debré.

Partisan d'un renouvellement des générations, le dissident UMP David Alphand a tenté de déstabiliser l'ancien ministre Claude Goasguen dans son fief parisien du XVIe. Peine perdue: le député-maire a été réélu au premier tour avec plus de 58% des voix contre 8,85% pour son jeune adversaire. Mais cette dissidence a sérieusement agacé Claude Goasguen qui a failli en venir aux mains avec son concurrent.

Une nervosité qui en dit long sur la capacité de nuisance des rebelles des législatives.

René Dosière (app. PS) pourrait être réélu contre l'avis de Solférino

Les dissidents des législatives

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