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Les Egyptiens aux urnes pour choisir un successeur à Hosni Moubarak

Qui succédera à Hosni Moubarak?
AFP

CAIRO - Partagés entre des sentiments de méfiance, de résignation et d'inquiétude, les électeurs égyptiens étaient une nouvelle fois appelés aux urnes ce samedi, premier jour du second tour de l'élection présidentielle opposant le candidat des Frères musulmans Mohammed Morsi au dernier Premier ministre de l'ex-président Hosni Moubarak, Ahmed Shafiq.

Le scrutin, qui se déroulera aussi dimanche, intervient alors que la Cour constitutionnelle égyptienne a déclaré jeudi "illégal" le Parlement issu des élections législatives organisées il y a six mois, suscitant de nombreuses protestations.

Principale force politique du pays, les Frères musulmans ont souligné que ce jugement "balayait" les progrès acquis depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011. Ils n'ont toutefois pas appelé à manifester mais invité les électeurs à se rendre aux urnes pour battre le candidat de "l'ancien régime".

Les files d'attentes ont commencé à se former devant les bureaux de vote, qui ont ouvert à 8h (6h GMT). Les résultats officiels sont attendus jeudi prochain.

Le coup de tonnerre de la semaine est intervenu jeudi lorsque la haute instance égyptienne a dissous le Parlement, estimant que la loi encadrant les élections législatives était anticonstitutionnelle. La dissolution du Parlement, où les Frères musulmans détenaient près de la moitié des sièges de députés, a entraîné la suppression de l'Assemblée constituante.

D'autre part, la cour suprême a invalidé la loi qui interdisait aux figures du régime Moubarak de briguer un mandat, ce qui permet définitivement à Ahmed Shafiq de participer au second tour de la présidentielle.

Les progrès en vue d'une transition démocratique et du transfert du pouvoir aux civils sont "balayés et renversés", ont déploré vendredi dans un communiqué les Frères musulmans. L'Egypte, ont-ils ajouté, se retrouve aujourd'hui "dans une situation encore plus dangereuse que dans les derniers jours du régime de Moubarak".

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui gouverne l'Egypte depuis la chute de Moubarak et a promis de céder le pouvoir à un gouvernement civil d'ici le 1er juillet, a maintenu le scrutin présidentiel des 16 et 17 juin.

Plutôt que d'appeler à manifester contre ce que des responsables de l'opposition qualifient de "coup d'Etat" institutionnel, les Frères musulmans ont invité les électeurs à "isoler le représentant de l'ancien régime (Ahmed Shafiq) par l'intermédiaire des urnes" et voter pour Mohammed Morsi.

"Les gens sont déprimés", a confié Abou Bakr Saïd, un avocat partisan de Mohammed Morsi, faisant référence à la décision de la Cour constitutionnelle. "Nous ne faisons maintenant plus confiance à aucune élection, et je sais qu'une seconde révolution va arriver", a-t-il ajouté, en attendant son tour devant un bureau de vote du Caire.

Certains électeurs faisaient part de leur volonté d'exprimer avant tout un vote de rejet. Les "anti-Shafiq" disaient vouloir faire barrage à une figure qui risquerait de perpétuer le régime de Moubarak. De leur côté, les "anti-Morsi" redoutent que le candidat des Frères musulmans ne favorise la mise en place d'un Etat islamique. Dans la crainte de l'instauration, à l'avenir, d'un nouveau régime autoritaire, certains affirmaient qu'ils allaient choisir celui qui leur semblait, en cas de besoin, le plus facile à renverser par des manifestations.

Les Egyptiens estimaient que les scrutins organisés depuis la chute d'Hosni Moubarak étaient libres, mais cette fois, beaucoup craignaient des fraudes. "Je ne pense pas que Shafiq pourrait gagner, mais je pense qu'il va gagner", a observé Nagwan Gamal, 26 ans, professeur à l'Université du Caire, qui vote pour Mohammed Morsi. "Je pense qu'il y aura de la corruption pour s'assurer qu'il gagne", a-t-elle ajouté.

On ne faisait pas état dans l'immédiat de fraudes significatives lors de ce scrutin, surveillé par plusieurs groupes d'observateurs. Mais beaucoup se montraient très méfiants, estimant que les militaires au pouvoir voulaient à tous prix, bien qu'ils s'en défendent, la victoire du candidat de leur choix, en l'occurrence d'Ahmed Shafiq. AP

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