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FrancoFolies 2012: Au pays de Philippe B (PHOTOS)

Francos: Au pays de Philippe B (PHOTOS)
Frédérique Ménard-Aubin-0213

MONTRÉAL – L’univers poétique de Philippe B fait du bien. Un grand bien. Pour les 24es Francos, le chanteur-guitariste, très actif sur la scène musicale montréalaise, revisitait mardi soir, au Club Soda, ses magnifiques Variations fantômes, dans une formule orchestrale de mise pour cette rencontre «de luxe», à guichet fermé.

Brillant et rigoureux exercice de relecture d'œuvres classiques qui sert de cadre à ses propres compositions folk-pop, le travail de l'artiste trentenaire ne ressemble à rien de ce qui est fait dans la Belle Province. À notre grand bonheur.

Déjà présenté au Conservatoire de Musique de Montréal lors de deux prestations au Festival Montréal en lumière, à l'hiver, ce concert fort acclamé dénote une sensibilité impressionnante. Phillipe B nous entraîne dans un monde lyrique, romanesque, magique, dans lequel on ne s'égare jamais. Au contraire, on se plaît à le suivre pas à pas, d'un tableau à l'autre.

Comme une danse classique

Les 13 musiciens (violons, contrebasse, guitare, flûte, lap steel, harpe, percussions, etc.) dont le Quatuor Molinari sont disposés sur scène. Au centre, à l’avant-scène, Philippe B. Ouverture de bal.

Réduction d'orchestre de Marc Hyland contenant un extrait de «La baigneuse de Trouville», la première chanson intitulée «Hypnagogie» a joliment séduit de l'audience.

«Je vais vous présenter l'intégrale des Variations fantômes, dans lesquelles on va tricher un peu pour vous présenter d'autres chansons de mon répertoire», a-t-il expliqué durant quelques minutes avant de continuer avec «L'été» (des Quatre saisons de Vivaldi), rendu avec les voix dramatiques de la soprano Ariane Girard et de la mezzo-soprano Maude Côté-Gendron.

Ensuite, Philippe B a chanté la pièce très imagée «La ballerine» dans laquelle il évoque, sur une de belle envolée de cordes, harpe et hautbois «un arc-en-ciel de gazoline», «une symphonie au fond d'une poche» ou encore «une ballerine en noir et blanc qui danse la mort du cygne». Vraiment, il a de la verve et l'âme colorée ce jeune homme montréalais originaire de l’Abitibi.

À «Petite leçon de ténèbres», on a entendu, comme au loin dans la nuit, les chants religieux. La mélodie est poétique.

Mourir?

«Cette contrainte d'emprunter au classique les ambiances de monastère a fait en sorte que la mort s'est naturellement immiscée dans mon travail, c'est devenu un thème récurrent », a raconté le chanteur entre deux morceaux. «Je me suis ainsi questionné sur ma propre finalité. Qu'arriverait-il si Philippe B venait à mourir subitement? Je me suis bien rendu à l'évidence que je ne serais pas aux nouvelles! Ce qui a fait naître la prochaine composition, "Mort et transfiguration (d'un chanteur semi-populaire)"».

De cet humour britannique, Philippe s'en nourrit beaucoup durant le spectacle. Et ça fonctionne. On a aimé l'écouter parler du passé, de l’amour, de la création.

Avec les pièces «Archipels», tout comme avec «Marie», Philippe B est sorti volontairement des classiques pour proposer des chansons différentes de son répertoire. La première pièce visite sa jeunesse alors que l'autre aborde l'idée de la danse. Mentionnons l'étonnante chorégraphie effectuée par ses six musiciens pendant qu’il chante. Génial.

Un peu plus loin, au morceau «Les Prisonniers du Lac Dufault», on se questionne sur la pertinence des deux voix gonflées (sopranos) qui rappellent peut-être un mauvais cantique de Noël. Mais bon, un détail. La performance est quand même réussie.

À la chanson folk «Reprise», on fait la rencontre de deux personnes qui s'aiment. On a l'impression que Philippe B interprète ici une sorte de rêveur optimiste. Belle ambiance avec les percussions et le trombone.

Dans «Ma photographe» (arrangements libres de Marc Hyland), le pincement des cordes nous plonge dans une sorte d'univers enfantin, naïf, qui se mêle une fois de plus au genre folk.

Juste après, dérive de salon et triste atmosphère de ruelle soviétique sont abordées dans «Chanson pathétique».

Les filles

Par la suite, le chanteur «cherchera des restes de toi» dans la chanson «California Girl», plus énergique et enjouée que les précédentes propositions, avec ses riffs de guitare et bons rythmes aux percussions. Elle fait taper du pied. Un peu.

Quelques pièces plus tard, l'auteur-compositeur-interprète a offert pour la finale «L'amour est un fantôme», contenant des extraits de «L'hiver» (Adagio) des Quatre saisons de Vivaldi.

Un rappel? Bien entendu, cette démonstration de 80 minutes ayant ravi les spectateurs. On entendra notamment les paroles «balade d'un gars sur la lune qui pense à une belle brune... fille sur la dune qui s'imagine sur Saturne ... », Philippe B a offert une finale toute en beauté.

Fascinante expérience.

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