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Amir Khadir songe à poursuivre le Journal de Montréal et le Journal de Québec

Khadir envisage de poursuivre Le Journal de Montréal
PC, Jacques Boissinot

Le co-porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir a indiqué qu'il envisageait de poursuivre le Journal de Montréal et le Journal de Québec en raison de leurs unes publiées en matinée. Les quotidiens montraient une photo d'une affiche parodiant le célèbre tableau La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, trouvée dans la résidence du député lors de la perquisition menée par le Service de police de Montréal (SPVM).

Le député de Mercier a lui-même abordé la nouvelle traitée par le journal au cours d'un point de presse visant à annoncer le dépôt d'un projet de loi proposant la création de Pharma-Québec.

Brandissant une copie du quotidien, il a affirmé que cette affiche n'était qu'une « parodie ». Le député de Mercier a d'ailleurs précisé que c'est le titre - Khadir armé, Charest mort - qui lui posait problème et non la reproduction en elle-même.

« L'affiche que vous voyez ici n'est rien d'autre qu'une parodie faite par un groupe de musique [qui s'apelle Mise en demeure]. » — Amir Khadir

L'illustration montre Amir Khadir en révolutionnaire triomphant, arme à la main, et Jean Charest mort, à demi-nu. Le personnage de Marianne du tableau originel sur la Révolution française est ici incarnée par « Bananarchiste », pseudonyme d'un des membres du groupe, devant lequel se prosterne un policier.

Il a comparé l'affiche à un texte du chroniqueur du même quotidien Joseph Facal, publié plus tôt cette semaine, qu'il a aussi qualifié de « parodie ». Dans sa chronique intitulée Le maître du monde, l'ancien ministre péquiste présentait M. Khadir comme un dictateur se faisant appeler le « Leader Suprême et Guide Éternel de la République populaire du Kébékistan ».

« Je pense qu'en démocratie, les artistes et les chroniqueurs ont droit à leur liberté d'expression. Cependant, il y a une chose qui n'est pas une parodie et c'est de la pure fabrication du Journal de Québec, qui dit que Khadir est armé et que M. Charest est mort », a-t-il affirmé.

« À ma connaissance, M. Charest est bien en vie, et je souhaite qu'il le demeure très longtemps », a-t-il déclaré, réitérant la vocation pacifiste de Québec solidaire.

« Ce que je souhaite à M. Charest, c'est qu'il perde ses élections, c'est la seule chose que je lui souhaite. » — Amir Khadir

« L'autre chose que le Québec peut souhaiter, c'est que le gouvernement de M. Charest, en commission Charbonneau, réponde de tous ses actes, de ses accointances illégitimes et illégales avec le milieu des affaires et de ses accointances avec la mafia, c'est tout », a-t-il ajouté.

Le politicien s'est aussi interrogé sur la raison de ce qu'il a qualifié de « tentative d'intimidation ». « Il est certain que la détermination de Québec solidaire dans son appui au mouvement étudiant n'en sera pas ébranlée. Qu'on m'arrête moi, qu'on arrête ma fille, qu'on fasse des titres comme ça - pour lequel [...] on est en train d'envisager une poursuite contre le Journal de Québec - ça ne nous empêchera pas de parler à voix haute en faveur du mouvement étudiant, en faveur du mouvement populaire qui conteste la légitimité du mouvement Charest et surtout en faveur d'une saine gestion des deniers publics », a-t-il lancé.

Françoise David dénonce un titre incitant à l'agressivité...

En entrevue au réseau RDI, l'autre co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a spécifié que la décision de poursuivre ou non le quotidien serait prise par la formation de façon « collective » et non seulement par son collègue. « Nous consultons nos avocats », a-t-elle précisé.

Elle a en outre critiqué un titre « voulant évoquer Khadir voudrait-il s'armer quelque part, pour avoir la peau de Jean Charest ». « C'est démentiel, vraiment, ça n'a plus aucun sens. Je trouve que c'est une incitation à une agressivité qui dépasse les bornes, a-t-elle dit.

« Est-ce qu'on pourrait baisser le ton un peu et cesser de s'en prendre aux personnes pour discuter des idées? » — Françoise David

Mme David a en outre affirmé que Québec solidaire recevait « beaucoup de messages d'appuis à Amir Khadir et sa famille », mais aussi « des messages haineux et racistes » incitant son collègue à « retourner dans son pays ». « Il est arrivé ici quand il avait 10 ans. C'est son pays aussi bien que le mien », a-t-elle conclu.

... les ministres libéraux dénoncent l'affiche

Des ministres du Cabinet Charest ont dénoncé le pastiche de la toile de grand maître français. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a affirmé que l'ironie de l'affiche était de mauvais goût et il s'est inquiété que pareille scène puisse être ainsi représentée.

« Vous envoyez toujours des messages subliminaux avec des peintures comme celle-ci. Cela peut présenter un risque pour certaines personnes vulnérables. » — Le ministre Yves Bolduc

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a pour sa part jugé parodie dégoûtante. Elle a dit ne voir aucun humour dans cette scène qu'elle estime violente.

À l'inverse, l'épouse de M. Khadir, Nima Machouf, a ri de l'incident, évoquant une image humoristique. « Allez la voir sur Internet. Ça vous fera sourire aussi », a-t-elle dit, interrogée ce sur sujet par les journalistes à l'issue de l'audience sur la remise en liberté de leur fille, au palais de justice de Montréal.

Mise en demeure surpris et amusé

Interrogé sur les ondes de Bande à part, la plateforme de diffusion des musiques émergentes de Radio-Canada, le chanteur et saxophoniste du groupe montrélais Mise en demeure s'est dit surpris que l'affiche, créée en 2010, fasse aujourd'hui la une des médias en raison de l'arrestation de Yalda Machouf-Khadir.

« On aime ça penser qu'on puisse faire de l'art avec des messages subliminaux qui font que le peuple se révolte. C'est toujours amusant en tant qu'artistes », a-t-il affirmé.

« On ne voyait pas là matière à scandale, mais si des gens y voient matière à scandale, ça fait plaisir. Ça fait plaisir que des ministres puissent trembler et avoir peur. » — Le chanteur et saxophoniste du groupe Mise en demeure

Il a dit trouver scandaleux les gestes de répression policière qu'« on voit tous les jours depuis quelques mois », un thème abordé par le groupe dans ses chansons. Il a précisé que son groupe joue « souvent en solidarité avec les gens qui ont été victimes de répression policière ».

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