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Tracts anonymes, publicité négative: la France rattrape petit à petit son retard (VIDÉOS)

Publicité négative: la France rattrape (un peu) son retard
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POLITIQUE - L'apparition de nouveaux tracts anonymes s'attaquant à Jean-Luc Mélenchon dans la circonscription emblématique d'Hénin-Beaumont marque une étape supplémentaire dans la dégradation de la communication politique en France.

Après avoir revendiqué la diffusion du premier tract, le FN a en revanche nié être à l'origine des deux autres, dont l'un représente Jean-Luc Mélenchon grimé en Adolf Hitler dans un montage mettant en scène le camp de concentration d'Auschwitz.

D'où qu'ils proviennent, ces tracts anonymes constituent des cas flagrants de publicité négative et de détournement des règles électorales en vigueur. Le code électoral prévoit en effet que toute diffusion de "fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manoeuvres frauduleuses" entraîne jusqu'à un emprisonnement d'un an et 15 000 euros d'amende. Est également puni selon le code pénal d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende "le fait de publier, par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec les paroles ou l'image d'une personne sans son consentement".

Le Front de Gauche, qui a déjà déposé une première plainte citant directement Marine Le Pen devant le tribunal de Béthune, et qui avait promis de diffuser d'autres tracts du même acabit, a annoncé qu'il allait de nouveau faire appel à la justice.

Un phénomène rare et très loin des "negative ads" américaines

Interdite en France, la publicité négative par le biais de tracts anonymes, d'affichage sauvage ou de vidéos postées sur Internet reste une pratique marginale bien que récurrente en période électorale. Pendant la campagne présidentielle, l'équipe de Nicolas Sarkozy avait diffusé depuis son compte Twitter des vidéos comparant François Hollande à un "président planqué".

Rien de bien dramatique au regard de ce qui se pratique outre-Atlantique où la publicité négative ("negative ads" en anglais) sont partie du kit officiel de communication politique. Pendant la campagne présidentielle américaine de 2008, l'équipe de John McCain avait ainsi en toute légalité comparé Barack Obama à Britney Spears et Paris Hilton, évidemment sans l'accord des trois intéressés.

Les attaques peuvent être beaucoup plus violentes. Un candidat démocrate au Sénat s'est vu accuser par une figure du Tea Party d'avoir voté le financement de Viagra destiné à des violeurs d'enfants. Rien que ça.

Les primaires républicaines, qui ont vu la victoire de Mitt Romney, n'ont guère été plus tendres avec le futur adversaire de Barack Obama. Un de ses concurrents, Ron Paul, a diffusé une vidéo longue de 6 minutes le dépeignant comme un candidat "incertain", "changeant" et sous "l'influence" des banques et des lobbies. La vidéo a été visionnée plus de 350.000 fois sur Youtube.

A l'approche de l'élection présidentielle, le ton monte d'ailleurs entre les démocrates et les républicains. Dans la vidéo ci-dessous, pourtant qualifiée de "soft negative ad' par le Wall Street Journal, Let Freedom Ring, un groupe de lobbying conservateur américain, s'attaque à Barack Obama, visant particulièrement ses électeurs de 2008, déçus par son premier quinquennat.

Affaibli par de mauvais chiffres du chômage, Barack Obama a, à son tour, dégainé une série de films particulièrement peu aimables à l'égard de son adversaire Mitt Romney. Dans la vidéo qui suit, des ouvriers au chômage accusent l'homme d'affaire "d'avoir détruit la carrière et la vie de milliers de personnes".

Les tracteurs anonymes de Hénin-Beaumont ont encore des progrès à faire.

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