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Syrie: Damas dément un nouveau massacre à Hama

100 morts à Hama: Damas dément un nouveau massacre
AFP PHOTO / HO / SHAAM NEWS NETWORK

SYRIE - Deux semaines après le massacre de Houla, une centaine de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées mercredi 6 juin dans un massacre dans la région de Hama, dans le centre de la Syrie, a indiqué le Conseil national syrien (CNS), accusant les forces du régime de l'avoir perpétré.

Si la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé mercredi soir à un transfert total du pouvoir en Syrie à un gouvernement de transition. Le gouvernement syrien a quant à lui démenti que tout massacre ait eu lieu, accusant dans un communiqué à la télévision officielle "un groupe terroriste d'avoir commis un crime haineux dans la région de Hama qui fait neuf victimes".

"Ce que quelques médias ont rapporté sur ce qui s'est passé à al-Koubeir, dans la région de Hama, est complètement faux", a indiqué le gouvernement dans un communiqué à la télévision officielle.

Le bilan du massacre "n'est pas définitif"

"Nous avons une centaine de morts dans le hameau d'al-Koubeir (...), parmi eux une vingtaine de femmes et une vingtaine d'enfants", a déclaré à l'AFP Mohammed Sermini, un porte-parole du CNS, qui a accusé les forces du régime et ses milices, les chabbiha", d'être derrière ce "massacre".

Interrogé par l'AFP, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a également parlé d'un "massacre" et fait état de 87 morts soulignant que le bilan n'était pas définitif. Selon lui, le massacre a eu lieu après des bombardements et des miliciens ont ensuite pénétré dans le village et ont tué les habitants par balles et à l'arme blanche.

Le 25 mai, le massacre d'au moins 108 personnes, dont 49 enfants et 34 femmes, à Houla dans la province de Homs (centre) avait provoqué un véritable tollé au sein de la communauté internationale. La rébellion et le régime se sont rejeté la responsabilité, alors qu'un haut responsable de l'ONU a dit que "de forts soupçons" pesaient sur les milices pro-régime.

La Russie et la Chine toujours hostiles à une intervention

Malgré la poursuite des violences, et des morts qui se comptent tous les jours par dizaines, la Russie et la Chine, alliés du régime syrien, se sont déclarées mercredi résolument hostiles à toute "intervention" et tout changement de régime en Syrie. Elles rejettent en bloc toute ingérence dans les affaires syriennes.

"La Russie et la Chine sont résolument opposées à des tentatives en vue de régler la crise en Syrie par le moyen d'une intervention militaire étrangère, de même qu'en vue d'imposer un changement de régime", ont affirmé ces deux pays à l'issue de la visite à Pékin du président Vladimir Poutine.

Les Etats-Unis ont indiqué de leur côté être prêts à soutenir une action contraignante de l'ONU contre la Syrie, dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies comme l'avait demandé la Ligue arabe. Dans le même temps, 16 pays, dont les Etats-Unis, plusieurs pays européens et arabes, se sont réunis mercredi soir à Istanbul pour discuter des moyens de faire cesser la violence en Syrie et contraindre le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir.

"Nous devons continuer de fermer les circuits économiques vitaux du régime (de Damas), élargir le cercle de pays appliquant fermement les sanctions et empêcher le gouvernement syrien de les contourner", a déclaré dans un communiqué la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avant l'ouverture de la réunion.

A l'issue des travaux, elle s'est prononcée pour un transfert total du pouvoir en Syrie à un gouvernement de transition, selon un haut-responsable du département d'Etat, qui a ajouté: "nous ne pouvons briser la confiance du peuple syrien qui veut un réel changement".

Risque de "génocide"

Koffi Annan, qui doit s'adresser jeudi devant l'ONU, va proposer que les Occidentaux, la Russie et la Chine, et peut-être même l'Iran et plusieurs pays arabes, forment un nouveau groupe de contact pour convaincre Damas d'engager un dialogue politique avec son opposition, ont indiqué des diplomates.

Lors de la réunion d'Istanbul, Paris, Washington et Londres ont toutefois catégoriquement refusé d'associer l'Iran aux conférences sur la Syrie comme le propose également la Russie. M. Annan commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour le faire respecter ou trouver un "plan B", selon des diplomates.

"En l'absence de signes sérieux de conciliation de la part du régime al-Assad, nous irons bientôt tout droit dans cette direction", a dit pour sa part le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, faisant référence au chapitre VII, qui permet d'isoler totalement un pays par un régime contraignant de sanctions.

Le ministre italien des Affaires étrangères Giulio Terzi a lui jugé qu'il existait un risque de "génocide" si la communauté internationale n'intervenait pas rapidement.

Sur le terrain, outre les victimes du massacre près de Hama, au moins quarante-six personnes ont été tuées dans les violences, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plus de 13.400 personnes, la plupart des civils tués par les forces régulières, ont péri en Syrie, selon l'OSDH, en 15 mois d'une révolte réprimée dans le sang.

Sur le plan politique, Bachar el-Assad a demandé au ministre de l'Agriculture, Riad Hijab, de former un gouvernement après les législatives du 7 mai remportées par le parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans et raillées par la communauté internationale.

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