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Les plaidoiries débutent au procès pour meurtre du juge Jacques Delisle à Québec

Les plaidoiries débutent au procès de Jacques Delisle
CP

QUÉBEC - Le juge retraité Jacques Delisle, accusé du meurtre de son épouse, doit être acquitté car la Couronne n'a pas démontré sa culpabilité hors de tout doute raisonnable, a expliqué mercredi son avocat en présentant ses derniers arguments.

Devant la Cour supérieure, Jacques Larochelle a répété aux jurés qu'en droit, le fardeau de la preuve repose sur les épaules de la poursuite et non sur celles de la défense.

«La preuve a complètement failli à démontrer que c'est un meurtre», a déclaré l'avocat, en rappelant que l'épouse de son client était «très suicidaire».

M. Larochelle a concédé que les jurés pouvaient conclure que son client avait été négligent en laissant une arme chargée à la portée de son épouse, mais selon l'avocat, cela ne fait pas de lui un coupable pour autant.

«Même s'il est allé chercher le pistolet pour qu'elle s'en serve, ce n'est pas suffisant, a-t-il dit. (...) Vous devez l'acquitter.»

M. Delisle, âgé de 77 ans, est accusé d'avoir tué Nicole Rainville, retrouvée morte d'une balle dans la tête le 12 novembre 2009. Mme Rainville, âgée de 71 ans, était handicapée au moment de son décès, souffrant notamment d'une paralysie du côté droit.

Dans sa plaidoirie, M. Larochelle a déclaré qu'il est insensé de croire, comme le prétend la Couronne, que M. Delisle a tué sa femme parce qu'il souhaitait vivre avec sa maîtresse sans avoir à subir un coûteux divorce qui l'aurait obligé à remettre 1,4 million à Mme Rainville, soit la moitié de ses actifs.

Selon l'avocat, son client aurait pu obtenir plus de liberté en plaçant son épouse dans une résidence adaptée, comme des spécialistes en réadaptation l'avaient d'ailleurs suggéré, compte tenu du manque d'autonomie de Mme Rainville.

Mais au lieu de cela, M. Delisle avait décidé qu'elle reviendrait vivre avec lui dans leur appartement, fin octobre 2009, au terme d'une période d'hospitalisation de plus de trois mois.

«Il a travaillé pour demeurer aux côtés de sa femme», a dit M. Larochelle.

M. Larochelle a insisté sur le caractère irréprochable de M. Delisle, un ancien juge à la Cour d'appel, pour écarter toute possibilité qu'il ait pu tuer sa femme.

Il s'est attaqué au mobile de la Couronne, en minimisant l'importance de la relation extraconjugale que l'accusé entretenait depuis plus de deux ans avec sa secrétaire, ce qu'il a qualifié «d'amour de vieillesse».

Pour la défense, M. Larochelle a présenté sa plaidoirie durant un exposé d'environ 3h30, alors que le procès de son client, amorcé au début du moi de mai, touche à sa fin.

Le procureur de la Couronne, Steve Magnan, doit présenter à son tour ses derniers arguments, jeudi, et le jury entamera ensuite ses délibérations après avoir reçu les instructions du juge Claude C. Gagnon.

M. Larochelle a soutenu mercredi que Mme Rainville avait exprimé à plusieurs témoins entendus par le tribunal qu'elle voulait mourir, à la suite d'un accident vasculaire cérébral (AVC), en avril 2007, et d'une fracture de la hanche, en juillet 2009, quelques mois avant sa mort.

«Elle était fatiguée de se sentir à charge», a-t-il dit, en rappelant le témoignage de son fils, Jean Delisle, qui a raconté au tribunal la voir fréquemment pleurer.

L'avocat a rappelé que plusieurs de ses proches avaient éprouvé un soulagement pour elle en apprenant sa mort.

«Parce qu'elle est débarrassée d'une vie qui lui pesait», a-t-il dit.

En examinant le corps de Mme Rainville après sa mort, les policiers ont commencé à avoir des doutes en découvrant, dans la paume de sa main gauche, une tache de noir causée par la déflagration de l'arme qui l'a tuée.

Un expert en balistique, Gilbert Gravel, a témoigné pour la Couronne en affirmant que cette marque pouvait être obtenue si Mme Rainville avait tenu sa main près de sa tempe pendant qu'une autre personne tirait.

Dans un deuxième volet de son exposé, mercredi, M. Larochelle a taillé en pièces le témoignage de M. Gravel, rappelant plutôt celui d'un expert en balistique qui a témoigné pour la défense, Vassili Swistounoff.

Selon M. Larochelle, l'expert a démontré qu'il était possible de tenir l'arme la crosse vers le haut, de manière à ce que le bout du canon soit en contact avec l'endroit où la tache de noir de fumée a été retrouvée.

L'avocat a concédé que cette position de l'arme était inhabituelle et non ergonomique, mais cela peut selon lui être attribué à l'état perturbé dans lequel se trouve une personne sur le point de se suicider.

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