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Cannibale de Miami: quelle est cette drogue, les sels de bain, qui a poussé au cannibalisme? (VIDÉO)

Quelle est cette drogue qui a poussé au cannibalisme? (VIDÉO)
Flickr/junk31

MIAMI - Le drame de Miami a mis en scène un acte atroce de cannibalisme et aura au moins permis de mettre en lumière les effets terrible d'une nouvelle drogue encore méconnue: les "bath salts" ou "sels de bain."

Apparue au cours de l'année 2010 en Angleterre et aux Etats-Unis, cette substance fait des ravages chez ses consommateurs, spécialement outre-Atlantique, où son succès suscite beaucoup d'inquiétude depuis plusieurs mois.

Comme pour le drame Miami, de nombreux cas de psychoses, schizophrénie et paranoïa ont été relevés chez des patients en ayant consommé. Ces comportements ont pour conséquence d'entraîner des crises d'hystérie avancées, pouvant parfois conduire au pire, comme cet acte de cannibalisme.

Les sels de bain, c'est quoi ?

Ils se présentent sous forme de poudre ou de cristaux, comme les vrais sels de bain. Les consommateurs les sniffent, les fument ou se les injectent dans les veines. La base de ce produit de synthèse comprend de nombreux ingrédients. Parmi eux de la méphédrone, un stimulant contenant des amphétamines et de la MDMA, ainsi que du MDPV, des substances chimiques dérivées du qat, un stimulant illégal aux Etats-Unis.

Le consommateur s'en procure pour ses vertus relaxantes, mais aussi énergisantes et euphoriques. Les performances lors d'un rapport sexuel peuvent s'en trouver décuplées. Voilà pour son intérêt, mais on lui prête également des effets proches du LSD et de l'ecstasy, qui sont de puissants hallucinogènes.

La majeure partie de la production vient de Chine et d'Inde, où les entreprises chimiques sont soumises à un contrôle moins rigoureux. "Le plus inquiétant pour moi, c'est que personne ne sait doser ce truc", expliquait en octobre 2011 le docteur LoVecchio, directeur du centre antipoison de l'Arizona, au quotidien The Arizona Republic. Oui, car cette drogue de synthèse est très récente.

Quelles conséquences ?

Les gens peuvent adopter des comportements proches de l'hystérie extrême. Le Dr Jeffrey J. Narmi raconte avoir eu besoin d'une armée de professionnels de la santé pour maîtriser ce nouveau type de drogués, qui a explosé en Pennsylvanie au printemps 2011. Pour quelques-uns, même des doses massives de sédatifs n'avaient pas réussi à les calmer, racontait ce spécialiste. "Certains, arrivés au centre pendant la nuit, ont été ultérieurement admis en unité de psychiatrie", explique-t-il. "Ces gens étaient complètement déconnectés de la réalité."

Le docteur Frank LoVecchio a dû mettre cinq patients sous anesthésie générale, parce qu'ils étaient trop agités et que les tranquillisants normaux ne les calmaient pas. Lors des six premiers mois de l'année 2011, les centres antipoison américains ont reçu davantage d'appels liés à cette drogue (3.470) que pendant toute l'année 2010 (303).

Sa consommation provoque des accidents similaires à ceux du PCP, une drogue hallucinogène très prisée dans les années 1970. Ainsi, dans l'Indiana, un homme s'est jeté au milieu du trafic, en Pennsylvanie, un autre a fait irruption dans un monastère et poignardé un moine, et, en Virginie, une femme s'est mutilée car elle était persuadée qu'elle avait quelque chose sous la peau.

La drogue du cannibalisme ?

Cela dépend plutôt du sujet qui s'injecte cette molécule. "Il n'y a pas de drogue du cannibalisme et il n'y a pas de lien spécifique entre drogue et cannibalisme", explique le professeur Michel Lejoyeux, spécialiste de psychiatrie et d'addictologie, au Figaro.fr.

"Le premier effet que ces substances peuvent avoir, c'est de déclencher un délire de persécution", note-t-il. "On peut alors croiser un passant dans la rue et être persuadé qu'il nous veut du mal. Par conséquent, on va développer un comportement très agressif, comme ça a pu être le cas pour Rudy Eugene et ce sans abri."

Pour ce professeur, on est moins dans du cannibalisme que dans du comportement désorganisé. Le discernement a été aboli et les substances hallucinogènes l'ont complètement coupé de la réalité. Le "cannibale de Miami" s'est retrouvé dans un état de furie, qui aurait tout aussi bien pu le contraindre à étrangler sa victime ou l'attaquer d'une autre manière.

Quelle réaction des Etats ?

Ce composant a été interdit en octobre 2011 dans 28 États américains, pour un an, le temps d'étudier si ces composants doivent faire l'objet de contrôles permanents. Il est définitivement proscrit au Royaume-Uni depuis 2010, comme c'est le cas en France même si elle reste encore peu répandue dans l'Hexagone.

Il reste toutefois disponible sur Internet et, selon des experts, l'interdiction des "sels de bain" pourrait être contournée par des chimistes, qui n'ont qu'à modifier une molécule pour la rendre légale.

Les trafiquants utilisent une astuce simple pour contourner une loi fédérale, l'Analog Act, qui stipule que toute substance aux propriétés voisines de celles d'une drogue interdite est elle aussi illégale si elle est destinée à la consommation. Les fabricants qualifient donc simplement leur produit d'"impropre à la consommation humaine". Ces produits, en apparence inoffensifs, sont vendus sous des noms poétiques comme "Éclair blanc", "Ouragan Charlie", "Vague d'ivoire" ou encore "Colombe rouge". Ils se vendent entre 25 et 50 dollars (de 18 à 36 euros) le sachet de 50 milligrammes.

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