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Prometheus: Alien, la résurrection? (PHOTOS/VIDÉOS)

Alien, la résurrection ?
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L'idée d'une préquelle à Alien, le huitième passager était venue il y a longtemps à Ridley Scott. Mais, au fil des années, le projet a évolué pour devenir un film différent, plus distant de son modèle, avec ses propres tenants et sa propre mythologie. Au risque de décevoir ceux qui souhaitaient se replonger dans l'univers d'Alien, non, Prometheus n'est pas dans sa filiation naturelle.

Il ne reste plus rien de ce qui faisait, en 1979, la réussite d'Alien. Son style unique - l'étrangeté qui flottait dans l'air, le confinement, la lumière glauque, la paranoïa, la personnalité d'Ellen Ripley... Pour cela il vaudra mieux s'offrir les anciens.

Ridley Scott l'assumait déjà en avril. Cette grande claque visuelle en 3D aux effets spéciaux vertigineux ne partage qu'"un ADN commun avec Alien dans ses huit dernières minutes". Oui, car le reste est une toute autre histoire, que nous vous proposons de détailler ici.

"Space jockey" et origines de la bête

Prometheus parvient toutefois à répondre à des questions laissées sans réponse dans la quadrilogie, achevée en 1997 par Jean-Pierre Jeunet. Qui était cette créature monstrueuse? D'où venait-elle? Quelle était sa mission? Quelles technologies son espèce maîtrisait-elle? Les fans en auront pour leur argent et perceront -un peu- le secret du célèbre "Space Jockey", personnage fossilisé que l'on découvre au début du film de 1979, source de toute la mythologie. Celui sans qui Sigourney Weaver n'aurait peut-être jamais croisé le Xénomorphe.

Au final, les références à Alien sont assez maigres. Seuls quelques éléments ponctuent le récit pour maintenir en éveil le fan inconditionnel. Le premier est représenté par un certain Peter Weyland, dont le nom évoque celui de la méga-corporation qui organise la colonisation spatiale dans l'univers d'Alien. L'action se déroule 30 ans avant les faits d'Alien, le huitième passager.

Chaînon manquant entre Alien et Blade Runner

On a par ailleurs l'occasion de retrouver les relations fascinantes entre robots et humains, au cœur de Blade Runner, l'autre film culte réalisé par Ridley Scott en 1982. Michael Fassbender campe dans Prometheus un homme-robot cinéphile, finalement plus proche des Replicants de Blade Runner que de Ash (Alien 1) ou de Bishop (Alien 2 et 3).

Pour les autres personnages, Ellen Ripley n'a pas vraiment d'équivalent. Le personnage incarné dans la saga par Sigourney Weaver se retrouve plutôt sous les traits de deux femmes. La glaciale Meredith Vickers (Charlize Theron), déléguée par la Weyland Corporation pour encadrer les scientifiques, endosse le rôle de la femme forte qu'incarnait Sigourney Weaver. Elizabeth Shaw (Noomi Rapace), elle aussi, témoigne d'une force indomptable et d'un instinct de survie à toute épreuve. "Tous mes personnages féminins sont des femmes fortes. Les hommes, les femmes, tout le monde y gagne", estime le réalisateur.

L'univers graphique est quant à lui très éloigné de la saga originelle, même s'il ne manque pas d'images impressionnantes. Le style de H.R. Giger n'y est distillé que lors de quelques scènes éparses. On retiendra par ailleurs la grande scène centrale d'accouchement par césarienne, qui n'a rien à envier à la sortie de l'alien du thorax de John Hurt en 1979.

Dimension psychanalytique absente

La virtuosité artistique et la capacité à faire peur sont bien là. Mais ce qui manque cruellement à Prometheus pour rejoindre ses aînés, c'est bien du fond. C'est cette quête pseudo-intellectuelle de ces humains à la recherche du Créateur et de la vie éternelle qui lui fait s'éloigner des Alien.

Que ce soit dans le premier de Ridley Scott, ou les suivants de James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet, la panique glaçait le spectateur lorsqu'apparaissait la créature, mais ce n'était pas tout. On pouvait également y trouver une métaphore évidente de la peur de la sexualité, déclinée dans les trois derniers sur le thème de la maternité.

La dimension psychanalytique de la saga Alien décuplait sa force et ne la bornait pas à de simples films de science-fiction, ce que Prometheus incarne malheureusement. Cette vraie-fausse préquelle offre un simple moment de retrouvailles qui réussit sa mission de faire passer aux fans un bon moment, à la manière de La Menace fantôme pour Star Wars.

A la sortie de la salle on préférera se jeter sur la quadrilogie, sortie pour l'occasion en Blu-Ray. Et oublier ce Prometheus, dont on n'espère qu'il n'aura pas de suite.

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