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Tourisme: la loi spéciale plus dommageable que la grève

C'est la faute à la loi spéciale
PC

L'économie du centre-ville montréalais subit les contrecoups de la loi spéciale adoptée pour mettre fin au conflit étudiant, affirme le vice-président relations publiques de Tourisme Montréal, Pierre Bellerose.

«Depuis le dépôt de la loi 78, les annulations dans les hôtels se multiplient, alors que nous avions connu un bon mois d'avril», déplore-t-il. Il explique que l'adoption de la loi spéciale le 18 mai dernier a été plus médiatisée que le conflit étudiant à l'extérieur de la province. «Le marché ontarien est particulièrement touché en raison des médias nationaux comme CTV et CBC qui diffusent les images de violence.»

Les chiffres officiels pour les réservations de chambres hôtelières ne seront disponibles qu'en juin, mais déjà on sent une «profonde inquiétude» dans l'industrie, dit Pierre Bellerose [aucun lien avec l'auteur de cet article]. Selon une dépêche de l'AFP, les réservations dans certains grands hôtels en prévision du Grand prix ont chuté de 25 %.

Raymond Soumako, directeur général du Hyatt Regency, près de la Place des arts, tempère un peu le constat dressé par Tourisme Montréal. «Le ralentissement dans les réservations a commencé à la fin avril, dit-il. Mais la loi spéciale n'a clairement pas aidé à régler la situation.» Il affirme que son hôtel perd entre 5 % et 10 % de ses ventes en raison de la grève étudiante.

Si le conflit se résout rapidement, l'impact des manifestations sur la saison estivale sera limité, prévoit Pierre Bellerose. «En général, les touristes reviennent rapidement après une crise, dit-il. L'an dernier, après les émeutes de Londres, beaucoup plus importantes qu'au Québec, les choses sont revenues à la normale une semaine après les événements.»

La grève étudiante aura également un impact dans les régions du Québec. Plusieurs étudiants devront quitter leur travail saisonnier dès le mois d'août pour reprendre la session suspendue dans les cégeps et universités des grands centres. «On risque de connaître une pénurie d'employés saisonniers hors de la métropole, dit Pierre Bellerose. À Montréal, le bassin de main-d'oeuvre est plus grand et on ne devrait pas ressentir le même effet.»

Quartier Latin sous haute tension

La situation n'est pas plus rose pour les commerçants du Quartier Latin. Depuis un mois, des manifestations nocturnes prennent leur départ tous les soirs du parc Émilie-Gamelin, près de la station de métro Berri-UQAM. Les rues bloquées et les violences ont fait chuter le chiffre d'affaires des commerçants du quartier. Propriétaire du restaurant Napoli Pizzeria sur la rue St-Denis, Vincent Monteri estime que ses revenus ont fondu de près de 30% depuis un mois. «Les manifestations font peur aux clients, qui préfèrent éviter le centre-ville», dit-il.

Le directeur général de la Société de développement du Quartier Latin, Claude Rainville, affirme que certains commerçants ont perdu 50 % de leur chiffre d'affaires au cours des dernières semaines. «Plusieurs commerces pourraient fermer si les manifestations se poursuivent», prédit-il.

En plus des manifestations, les commerçants ont perdu une clientèle fidèle composée d'enseignants et d'étudiants de l'UQAM et du Cégep du Vieux Montréal, situés à proximité. Sans prendre position sur le conflit, Claude Rainville s'étonne que celui-ci dure depuis plus de 100 jours. «Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement n'a pas trouvé une solution plus tôt», dit-il.

Des Américains inquiets

De leur côté, les touristes semblent hésitants à visiter la métropole cet été. Sur les forums de voyages tel Trip Advisor, plusieurs Américains font part de leurs craintes en prévision d'un séjour à Montréal. «Serons-nous attaqués si nous tentons d'entrer ou de sortir de l'hôtel dans une BMW immatriculée dans l'État de New York?», demande un usager new-yorkais.

Un autre participant, de Boston, affirme qu'il a annulé son week-end à Montréal, prévu à la fin mai, en raison des troubles. «Les manifestations semblent devenir un mouvement anti-capitaliste et tout ce qui représente les États-Unis est une cible facile», écrit-il, affirmant craindre lui aussi pour sa voiture. Les bombes fumigènes qui ont paralysé le métro de Montréal le 10 mai dernier font également partie des discussions.

Pour sa part, un Américain qui a visité Montréal au mois d'avril fait une publicité peu flatteuse pour la métropole. Son séjour dans un hôtel du centre-ville a été «ruiné par les hélicoptères et les sirènes [de police]», écrit-il.

Plusieurs internautes québécois qui participent aux forums tentent de relativiser les craintes des usagers. Ils invitent généralement les touristes potentiels à choisir un hôtel loin des lieux de manifestations. Au sujet des manifestants, un Québécois écrit: «Ils ne vous harcèleront pas, mais ils sont bruyants et ce n'est pas l'ambiance idéale pour les vacances.»

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