L'une des figures les plus en vue du conflit étudiant, Gabriel Nadeau-Dubois, a reçu en 2008 une bourse du millénaire - une somme de 20 000$ - pour payer ses études.

Le co-porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) a reçu cette distinction alors qu'il terminait ses études en sciences humaines au collège Bois-de-Boulogne.

Cette bourse d'excellence est la plus importante attribuée par la Fondation des bourses du millénaire, dont le mandat a pris fin en 2010. Une poignée d'étudiants ont reçu une bourse de 20 000$, la somme moyenne étant plutôt de 3000$.

Étalée sur une période de quatre ans, la bourse d'excellence était remise à des lauréats sélectionnés en fonction de leurs bons résultats scolaires et de leur engagement social. Les boursiers devaient soumettre eux-mêmes leur candidature.

Questionné sur le sujet, le co-porte-parole de la CLASSE ne voit aucune contradiction dans le fait de bénéficier de cette bourse tout en militant dans une organisation qui tient tête au gouvernement depuis des semaines.

«Il faut regarder à quoi a servi cette bourse, lance M. Nadeau-Dubois. Elle a servi à payer mes études et aussi à m'impliquer politiquement. [...] Grâce à cette bourse, j'ai pu continuer de m'impliquer dans le mouvement étudiant.»

Le jeune homme rappelle que les membres de la CLASSE sont tous bénévoles. Pour payer ses études, il a travaillé dans un musée d'histoire. Il a délaissé son emploi l'hiver dernier pour se consacrer à temps plein à la CLASSE.

Il est inscrit en histoire à l'Université du Québec à Montréal. Avant la grève, il assure avoir maintenu une charge de cours de 60% pour continuer de recevoir sa bourse, comme l'exige le programme.

Dernièrement, l'autre co-porte-parole de la CLASSE, Jeanne Reynolds, a pour sa part reçu la médaille d'honneur du lieutenant-gouverneur du Québec.

Gabriel Nadeau-Dubois voit dans ces distinctions la preuve que les étudiants qui militent dans la CLASSE prennent leurs études à coeur.

Depuis le début du conflit, en février, la CLASSE a souvent été présentée comme le regroupement étudiant le plus radical et marginal. Certains ont parlé de voyous et de terroristes, tandis que des élus ont affirmé que les étudiants en grève n'avaient pas le coeur à leurs études, a rappelé M. Nadeau-Dubois en allusion à une déclaration récente de l'ancien ministre de l'Éducation, le député Pierre Reid.

Les distinctions reçues par les deux porte-parole de la CLASSE sont des «exemples anecdotiques qui démontrent, au contraire, que les gens s'impliquent et prennent au sérieux leurs études», affirme-t-il.