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Étude sur la discrimination à l'embauche : mieux vaut s'appeler Bélanger que Traoré

Étude sur la discrimination à l'embauche : mieux vaut s'appeler Bélanger que Traoré
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Une étude réalisée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse montre que les chercheurs d'emploi de la région de Montréal ont 60 % plus de chances d'être invités à un entretien d'embauche s'ils possèdent un patronyme franco-québécois plutôt qu'africain, arabe ou latino-américain.

Une personne dont le nom de famille l'identifie à l'un de ces groupes ethniques a donc été écartée du processus d'entrevue une fois sur trois, ce qui équivaut à un taux de discrimination à l'embauche de 35 %.

« Cette étude nous rappelle que les difficultés d'insertion en emploi que rencontrent certains groupes ethniques et racisés, issus de l'immigration ou non, ne tiennent pas qu'aux questions de compétence et d'expérience, mais également aux préférences discriminatoires des employeurs », a souligné le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Gaétan Cousineau.

Cinq domaines professionnels ont été retenus dans le secteur francophone du marché du travail montréalais, trois considérés comme des professions qualifiées (marketing, ressources humaines, communications) et deux autres, comme des emplois peu ou non qualifiés (service à la clientèle, secrétariat).

Différence marquée entre les secteurs privé et public

L'étude a notamment révélé que le taux de discrimination varie très peu selon que l'organisation testée soit une entreprise privée, soit 37 %, ou un organisme sans but lucratif (OSBL), soit 35 %.

Les employeurs publics ont pour leur part obtenu un taux de discrimination de 0 %. Les auteurs de l'étude précisent que ce résultat pourrait découler de l'obligation légale des employeurs publics d'appliquer des programmes d'accès à l'égalité.

L'étude a aussi démontré que les candidats aux noms à consonance africaine ont été désavantagés par rapport à ceux ayant des noms arabes ou latino-américains dans les deux catégories d'emploi.

Taux de discrimination dans le cas d'un emploi peu ou non qualifié :
  • africain : 42,1 %
  • arabe : 35,1 %
  • latino-américain : 28,3 %
Taux de discrimination dans le cas d'un emploi qualifié :
  • africain : 38,3 %
  • arabe : 33,3 %
  • latino-américain : 30,6 %

Les conclusions de l'étude montrent par ailleurs que le taux de discrimination est plus bas pour les emplois exigeant des contacts fréquents avec le grand public (marketing, communications et service à la clientèle) que pour les emplois requérant des interactions quotidiennes avec des collègues dans le cadre d'un service dispensé à l'interne (secrétariat et ressources humaines).

L'étude a été menée sous la direction d'un sociologue à l'emploi de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, Paul Eid, qui précise que les employeurs tendent souvent inconsciemment à rechercher des « personnes qui leur ressemblent » ou même à éviter des groupes perçus négativement dans la société québécoise.

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