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Crise en Grèce: Christine Lagarde se met les pieds dans les plats

Appelez-la Christine Lagaffe
AFP

A moins d'un mois d'élections législatives décisives en Grèce pour le maintien dans la zone euro, alors que les partis politiques extrémistes n'ont jamais été aussi populaires et que les nerfs des Grecs sont à vif, les déclarations de Christine Lagarde n'ont fait qu'ajouter de l'huile sur le feu

"Je pense que les Grecs devraient commencer par s'entraider collectivement", en "payant tous leurs impôts" avait déclaré la directrice générale du FMI (fonds monétaire international) le 26 mai dernier dans une interview accordée au Guardian. Elle s'est également dite moins préoccupée par le sort des Grecs que par celui des enfants d'Afrique sub-saharienne.

Une déclaration qui a fait bondir tout le monde et qui, malgré un rapide retro-pédalage, a enflammé la toile (voir notre sélection de commentaires et de dessins au bas du papier).

Lagarde est parvenue à mettre d'accord Mélenchon et Parisot

Les Grecs se sont sentis humiliés par ces propos considérés comme infantilisants et n'ont pas tardé à le faire savoir par l'intermédiaire de leurs responsables politiques. Le chef du parti socialiste Pasok, Evangélos Vénizélos avait estimé que les propos de Christine Lagarde avaient "humilié" et "insulté" les Grecs. Quant à Alexis Tsipras, chef du parti de la gauche radicale Syriza qui a obtenu le deuxième score le 6 mai dernier, il a répondu à la directrice générale du FMI, en lui disant que les Grecs ne cherchaient pas sa "sympathie" et que "les travailleurs grecs paient leurs impôts" qui sont très lourds et même "insupportables".

Même en France, ses déclarations ont fait des remous. Le président du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur France 3: "Ce sont des propos indignes. S'il y avait une morale politique, Madame Lagarde devrait s'en aller du poste qu'elle occupe". C'est bien la première qu'il partage l'avis de la présidente du Medef, le syndicat des patrons, Laurence Parisot, qui a qualifié ces propos de "dangereux". "Je crois qu'il ne faut pas s'adresser aux peuples comme ça, et notamment en ce moment au peuple grec, qui est victime d'une situation effroyable".

Et, ce lundi 28 mai, même le très mesuré François Bayrou a "trouvé les propos de Christine Lagarde extrêmement choquants parce qu'elle a mis en accusation le peuple grec comme si il était coupable et responsable", a jugé le dirigeant du Modem sur France Inter.

De fait, tous les dirigeants européens tentent aujourd'hui de rassurer le peuple grec afin d'apaiser les esprits et d'inciter les grecs à voter pour des partis pro-européens lors des élections du 17 juin prochain. Lors de la première réunion européenne à laquelle participait François Hollande, tout le monde avait rappelé la volonté de l'Europe de voir la Grèce rester dans l'euro.

Lagarde corrige le tir...

Samedi soir, Christine Lagarde est revenu en partie sur ses propos, affirmant qu'elle était "très compatissante à l'égard des Grecs et les défis qu'ils relèvent". "Une part importante de cet effort est que tout le monde devrait porter équitablement sa part du fardeau, en particulier les plus privilégiés et en particulier en payant leurs taxes", a-t-elle écrit. Les hommes politiques se donc, du coup radoucis. Evangélos Vénizélos, a lui aussi mis de l'eau dans son vin: "cela signifie qu'elle a pris en compte une nation fière".

... mais sur les réseaux sociaux, le coup est parti

Sauf que sur Internet, les réseaux sociaux sont prompts à réagir: l'incendie s'est propagé en quelques heures. Ce lundi, 18.836 commentaires avaient été publiés sur la page Facebook de Christine Lagarde et plus de 10.000 tweets lui ont été adressés. Et, on s'en doute, pas des plus amicaux... Florilège des réactions sur les réseaux sociaux.

» "Il y a une crise humanitaire en Grèce, très coûteuse, au cas où vous ne le sauriez pas. C'est vraiment une honte!", commentait dimanche une internaute, Despina Panagiotopoulou, sur la page Facebook de la patronne du FMI.

» Sur la page Facebook de Christine Lagarde: "Si la citation n'avait pas été de Rousseau, j'aurais comparé vôtre discours à la phrase suivante, soi-disant de Marie-Antoinette: 'S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !' "

» Sur la page Facebook de Christine Lagarde: Ok, si je comprends bien ce que vous dites, si je suis grec, que je fais de longues études et que je ne trouve pas de travail ensuite, que je ne gagne pas assez d'argent pour payer des impôts, je mérite de mourir?

» Sur la page Facebook de Christine Lagarde:"La Grèce ne mourra jamais. Vous si"

» La page Facebook "Greeks vs Lagarde" (Les Grecs contre Lagarde) accueille déjà 2500 membres, presque tous grecs.

Et il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir fleurir sur la Toile, dessins, parodies et photomontages mettant en scène la directrice générale du FMI...

Sur le site du Télégramme:

Sur le blog Danctu-Résistance:

Sur le site parodique Alterinfo.net, où Christine Lagarde est comparée à Cruella des 101 Dalmatiens:

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