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Les droits de scolarité semblent avoir cédé le pas à un ras-le-bol généralisé

Ras-le-bol festif
AP

MONTRÉAL - Un ras-le-bol généralisé semble avoir pris le pas sur les droits de scolarité au chapitre des motivations des centaines d'abord, puis des milliers de manifestants qui, une fois de plus et pacifiquement, ont arpenté les rues de Montréal samedi soir.

Le contraste était fort avec la manifestation tenue une semaine plus tôt, jour pour jour, manifestation qui s'était soldée dans la violence avec de nombreuses arrestations et des terrasses chamboulées sur une rue Saint-Denis bondée.

Armés de leurs casseroles et dans une ambiance festive, les Montréalais se sont réunis à la place Émilie-Gamelin pour un joyeux tintamarre, en début de soirée samedi, et sans les fortes averses et les orages de la veille.

Les manifestants avaient ressorti leurs moules à gâteau, louches et autres outils du genre pour marteler du métal. Et une fois de plus ils n'étaient pas les seuls, car bon nombre de leurs confrères d'autres villes et régions du Québec ont fait de même.

«Charest, il a voulu endormir les Québécois, mais là ils se sont réveillés. Ça dépasse les étudiants maintenant et s'il ne règle pas ça, on va revenir aux années 1970. Ça brassait avec le FLQ dans ce temps-là», a soutenu Guy Gauthier, 75 ans, pendant qu'il frappait un contenant d'arachides, place Émilie-Gamelin.

Des parents aux universitaires fraîchement diplômés en passant par des personnes âgées, des adolescents et même quelques bébés, la foule bigarrée s'était réunie pour s'opposer à la hausse des droits de scolarité mais aussi pour exprimer un ras-le-bol face au gouvernement Charest.

Annik, jeune mère d'un bambin de 18 mois, a expliqué s'être déplacée avec son conjoint parce que la loi 78 «va trop loin». Manifester est un droit, a-t-elle ajouté, soutenant vouloir que son fils soit politisé dès son plus jeune âge.

«Je ne porte pas de carré rouge, moi je suis plutôt ici pour dénoncer l'ironie de tout ça», a lancé Daniel, un jeune père qui avait juché sa fillette sur ses épaules. L'enfant de deux ans et demi arborait pour l'occasion un masque de Batman, une façon de prouver la difficulté d'application du règlement municipal interdisant le port d'un masque en temps de manifestation, a-t-il expliqué.

«Quand on voit [le maire Gérald] Tremblay nous demander d'être raisonnable, alors que son numéro 2 a été arrêté par la police, la crédibilité est à peu près nulle. C'est un peu triste parce que la crédibilité de tout le monde politique est mise à mal, et Charest, avec sa loi qui a mis le judiciaire au service du politique, a aussi discrédité le système judiciaire», a déploré Pierre-Yves Renaud, éducateur en santé mentale à l'hôpital Louis-Hippolyte Lafontaine.

Les centaines de manifestants réunis à la place Émilie-Gamelin ont servi un nouveau pied-de-nez à la loi 78, adoptée la semaine dernière à l'Assemblée nationale, en ne divulguant pas leur itinéraire aux autorités. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'a d'ailleurs pas tardé à déclarer la manifestation illégale, vers 20 h 30. Les percussionnistes d'un soir n'en ont que redoublé d'ardeur, frappant à qui mieux mieux sur leur casserole, avant de quitter la place pour remonter la rue Saint-Denis vers le nord.

Les familles étaient nombreuses à cette 33e manifestation nocturne à Montréal, affirmant vouloir profiter du mouvement pour politiser leur progéniture et défendre leurs convictions.

«On vient de loin, les Québécois. Dans ma jeunesse, je ne savais même pas que l'université existait. J'espère que mes petits-enfants, et le plus d'enfants possible au Québec, puissent y accéder», a raconté Ghislaine Martineau, une grand-mère de 71 ans.

«On ne peut pas imiter les Américains et leurs 40 000 $ par année pour l'université. Ça n'a aucun sens.»

Vers 22 h 20 samedi, la dizaine de manifestations de casseroles qui se tenaient en plusieurs endroits de la métropole s'était rassemblée en une seule réunissant des milliers de marcheurs.

Dès le début, elles avaient toutes été déclarées illégales en vertu de violations des règlements municipaux, a indiqué le SPVM. Mais comme lors des journées précédentes, les policiers avaient annoncé qu'ils allaient les tolérer tant et aussi longtemps qu'aucun acte criminel ne serait commis.

Du côté de la capitale nationale, quelques centaines de personnes s'étaient réunies pour frapper sur leurs chaudrons légalement, les organisateurs ayant transmis leur itinéraire aux policiers après avoir procédé à un vote à main levée.

Le succès des rassemblements de casseroles s'est répandu comme une traînée de poudre au courant de la semaine dans les quartiers d'Hochelaga-Maisonneuve, de Villeray ou de Rosemont, entre autres, avant de s'élargir un peu partout dans la province.

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