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Carré rouge: le Théâtre d'Aujourd'hui revient sur sa décision

Carré rouge permis au Théâtre d’Aujourd’hui
JeanGagnon/Wikipedia

Le port du carré rouge n'est plus interdit pour les employés du Théâtre d’Aujourd’hui. Dans un communiqué émis vendredi, la direction du théâtre a annoncé qu'elle revenait sur sa décision.

Jeudi, elle estimait « inadéquat que le personnel d’accueil lorsqu’il est en fonction et représente le Théâtre d’Aujourd’hui auprès du public, et uniquement dans ces circonstances, affiche quelques positions politiques que ce soit». C’est le premier théâtre à Montréal qui refuse à ses employés de s’exprimer sur le conflit étudiant en arborant le carré rouge.

La directrice artistique du Théâtre d’Aujourd’hui, Marie-Thérèse Fortin, désirait que le public soit accueilli sans positionnement politique. «Dans l’enseigne du théâtre, on préfère une position neutre».

Malgré le fait qu’il n’y ait pas eu de plaintes de la part du public, la direction était pourtant catégorique sur ce point : «On ne se positionne pas contre le carré rouge. Toutefois, rien ne doit être teinté pour que tout le monde se sente accueilli dans la salle et que les idées soient au centre des échanges, de la discussion. Nous sommes très au fait de ce qui se passe actuellement. On y prend part, et notre souci de neutralité ne fait pas en sorte que nous sommes neutres par rapport à ce qui se passe dans la société québécoise, loin de là.»

Malgré que plusieurs artistes se positionnent contre la décision du Théâtre d’Aujourd’hui, Marie-Thérèse Fortin ne la remettait pas en question : «On sait qu’il y a des amis artistes qui sont contre notre point de vue, mais je persiste dans cette voie-là. On en est venu à cette question-là au sein de l’équipe, car elle semblait correspondre davantage à ce qu’on veut refléter au sein du public.»

Les employés du théâtre ont été rencontrés jeudi en soirée. Le Huffington Post Québec a rejoint un de ceux-ci qui désire garder l’anonymat : «Je comprends leur décision. Je suis contre, mais je la respecte parce que ce sont mes employeurs. Il y a une certaine éthique professionnelle à respecter. Certains employés ont dit que ça allait contre la liberté d’expression et que le fait de porter un carré rouge invite au dialogue. Mais Marie-Thérèse Fortin est claire : l’espace de débat est sur la scène et non pas dans le hall.»

Et si un employé refusait d’enlever son carré rouge? « On ne sait pas encore ce qu’on ferait. On aurait des discussions avec la personne », rajoute Mme Fortin. L’employé rejoint croit qu’il n’y aura pas de résistance parmi ses collègues, mais se dit toutefois déçu qu’une institution culturelle ne prenne pas position et ne soutienne pas ses employés qui sont étudiants : «C’est une position prudente pour eux. Pour le TNM, c’est audacieux [qu’on ne demande pas à ses employés d’enlever le carré rouge]. Quant aux employés de l’Usine C, ils portent le carré rouge depuis le début.»

Depuis jeudi, plusieurs comédiens se disent contre cette décision de la direction du théâtre. Parmi ceux-ci, le comédien Guillaume Cyr, qui joue cette saison-ci au Théâtre d’Aujourd’hui, estime que c’est le port du carré rouge qui amène le débat. «Un théâtre, c’est l’endroit où on prône la parole sociale, le désir de liberté. On instaure un règlement au même titre que si c’était une société d’État comme la SAQ ou les bureaux du ministère de l’Éducation. Le but premier du théâtre c’est de déranger et de poser des questions. Si on dit au public : “venez, ne vous inquiétez pas, on ne vous dérangera pas”, alors le théâtre dans ce cas-ci ne remplit pas son mandat.»

Le comédien insiste sur le fait que les théâtres ne devraient pas se positionner comme des témoins de la société, mais plutôt comme des acteurs à part entière. Il croit aussi que la décision n’aura pas le résultat souhaité au sein du public. « Il y a du monde qui se fait donner des contraventions à cause du carré rouge. On est contre la loi spéciale présentement, et on est contre le fait de se faire enlever notre droit d’expression. Un théâtre qui est en train d’agir de la même manière que le gouvernement, ça ne marche pas!»

Communiqué: Le Théâtre d’Aujourd’hui n’est pas contre le carré rouge.

Communiqué pour diffusion immédiate.

Montréal, le 25 mai 2012. .

Nous sommes contre la violence

Nous sommes contre toute limitation à la liberté d’expression

Nous sommes contre la répression policière

Dans le contexte de la loi 78, qui n’était pas encore en vigueur ni même évoquée quand la décision fut prise, nous considérons maintenant qu’il est inapproprié de demander à nos employés de ne pas afficher leurs couleurs quand ils sont dans leurs fonctions d’accueil du public au Théâtre d’Aujourd’hui.

Nous comprenons que la décision que nous avons prise a été perçue comme une limitation de la liberté d’expression. Nous comprenons que dans le contexte actuel, nous devons revenir sur notre décision.

Vos arguments ont porté leurs fruits, votre parole a été entendue, le Théâtre d’Aujourd’hui permet donc dès maintenant à tous ses employés en fonction d’afficher librement leur couleur.

Nous sommes désolés que cette décision ait pu jeter un doute sur la détermination du Théâtre d’Aujourd’hui de permettre une parole libre, ouverte aux dialogues, à la rencontre de l’Autre et à la prédominance des espoirs de la jeunesse qui sont le ferment de la société québécoise.

Nous sommes résolument pour une société qui priorise l’accessibilité à l’éducation.

Nous sommes pour l’accessibilité du plus grand nombre à la culture sous toutes ses formes dans sa vivante diversité.

Nous sommes pour le dialogue, la négociation, la réelle écoute des aspirations et des raisons qui motivent les revendications des étudiants dans le contexte actuel.

Nous sommes pour le recours à tous les moyens démocratiques dont notre société recèle pour jeter les bases d’une solution qui nous sorte de l’impasse actuelle et nous permette de redéfinir nos priorités à l’égard de l’éducation, de la culture et la préservation de nos droits fondamentaux.

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