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Grève étudiante: Québec ne veut plus entendre parler d'un moratoire

Québec ne veut plus entendre parler d'un moratoire
Radio-Canada.ca

Les principaux acteurs impliqués dans le conflit étudiant se disent tous prêts à retourner à la table des négociations, mais restent fidèles à leurs positions.

La ministre de l'Éducation du Québec, Michelle Courchesne, affirme que les discussions avec les trois principales associations étudiantes ne reprendront que lorsqu'elles auront autre chose à proposer qu'un moratoire sur les droits de scolarité.

« Je pense sincèrement que, oui, encore une fois, nous pouvons [nous] rasseoir positivement, constructivement », a-t-elle lancé mercredi lors de la période de questions à l'Assemblée nationale. « Mais encore faut-il que les trois associations étudiantes aient quelque chose de concret, autre qu'un moratoire, à mettre sur la table. »

La ministre Courchesne affirme que le gouvernement Charest « a toujours été très sérieux dans les négociations qu'il a eues avec les associations étudiantes » depuis le début du conflit, et qu'il continue de l'être.

« Nous allons poursuivre cette ouverture, parce que nous voulons que ça se passe autour d'une table. C'est autour d'une table qu'on trouve les solutions et l'invitation aux associations étudiantes tient toujours. Elle tenait hier, elle tient aujourd'hui, elle tiendra demain », soutient Mme Courchesne.

Interrogée par les journalistes à sa sortie du Conseil des ministres, Mme Courchesne a estimé que le gouvernement avait fait des compromis dans les dernières semaines et que c'était maintenant aux étudiant à « faire leur bout de chemin ».

Si les leaders étudiants posent l'abrogation de la loi adoptée la semaine dernière et le moratoire sur la hausse des frais de scolarité comme conditions aux pourparlers, comme le disent certaines rumeurs, il ne peut pas y avoir de discussions, a avancé la ministre.

Pas question, pour le gouvernement de renoncer à la hausse des frais. « Je ne lâcherai pas. Je suis tenace, vous savez », a-t-ele ajouté. Elle s'est cependant dite prête à rencontrer les leaders étudiants dès « aujourd'hui », ajoutant que ce dossier était sa priorité.

La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a précisé que la suspension de la loi n'était pas une condition à la reprise des pourparlers, mais qu'elle désirait que la loi soit abordée à la table.

« Si madame Courchesne est allergique au mot moratoire, je suis prête à apporter mon dictionnaire des synonymes », ajoute l'association sur Twitter. La FEUQ ne se dit cependant pas prête à renoncer au principe du moratoire.

Des négociations au point mort

Les négociations entre Québec et les trois grandes associations étudiantes du Québec - la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), la FEUQ et la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) sont actuellement au point mort.

Les pourparlers sont interrompus depuis que l'entente de principe ratifiée par les principaux leaders étudiants, le 4 mai, a été rejetée la semaine suivante par la quasi-totalité des associations étudiantes des cégeps et des facultés universitaires du Québec.

L'impasse a mené à l'adoption d'une loi spéciale qui prévoit la suspension des sessions dans les institutions touchées par des grèves étudiantes et établit de nouvelles règles pour la tenue de manifestations, règles qui sont assorties de sévères sanctions.

Les associations étudiantes prévoient contester cette loi en déposant une requête en nullité devant les tribunaux, jeudi ou vendredi.

La FECQ et la FEUQ contactées par Québec

Après avoir contacté la FECQ mardi soir, le bureau de la ministre Courchesne a contacté la FEUQ mercredi avant-midi.

« Il ne s'agit pas négociations, il s'agit plutôt de discussions plus générales, plus préliminaires », a précisé Léo-Bureau-Blouin. « On ne peut pas parler de quoi que ce soit de très officiel ».

M. Bureau-Blouin s'est dit très ouvert à des discussions, mais pas à n'importe quelles conditions. « On veut s'assurer qu'on se dote d'une façon de faire qui va mener à des résultats, et voir surtout dans quel contexte vont se faire ces discussions », dit-il, en soulignant les difficultés qu'a créées la loi spéciale.

L'autre grande association étudiante, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), n'a pas été appelée. La ministre Courchesne dit présumer que le groupe ne veut pas négocier parce qu'il appelle à la désobéissance civile.

« Très loin d'une négociation réelle », selon la FEUQ

« On sent que tout ce qu'on veut démontrer, c'est un cas de relations publiques. On veut démontrer que les canaux sont ouverts, qu'on est prêt à la discussion - le terme est très important -, mais pas à la négociation », a déclaré Martine Desjardins dans une entrevue accordée à Radio-Canada avant que son organisation ne soit contactée par la ministre.

Martine Desjardins demande que l'abrogation de la loi spéciale soit abordée au cours d'une éventuelle reprise des pourparlers. « Négocier avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, [...], ce n'est pas des conditions favorables », ajoute la leader étudiante.

La présidente de la FEUQ réitère que « le gouvernement devrait considérer que sa loi spéciale ne règle rien », comme le prouvent les manifestations qui se tiennent partout au Québec depuis, et qu'elle est difficilement applicable.

L'opposition en faveur de la négociation

Le Parti québécois (PQ) a encore demandé au premier ministre Jean Charest de rencontrer lui-même les étudiants. La chef du PQ, Pauline Marois, accuse M. Charest d'être responsable de l'enlisement du conflit.

« M. Charest n'a pas pris cinq minutes pour s'asseoir avec les étudiants, soutient Mme Marois. Il est lui-même responsable de cette crise qui n'en finit plus. Sa première responsabilité, comme premier ministre, c'est d'aller s'asseoir avec les étudiants, d'ouvrir un véritable dialogue et de parler de ce qui préoccupe les étudiants, soit la hausse des droits de scolarité. »

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, est favorable à des négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement du Québec. Il demeure toutefois sceptique quant aux résultats d'une telle négociation. « Il faut être deux pour négocier, avance M. Legault. Est-ce qu'il y a une volonté vraiment, du côté des étudiants, de proposer autre chose qu'un gel des droits de scolarité? »

La CAQ appuie la hausse des droits de scolarité et la loi 78, mais critique la gestion du dossier par le gouvernement.

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