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Grève étudiante: un concert de l'Orchestre de Solidarité Sociale pour dénoncer la hausse

Résistance orchestrée
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Quelques heures après la démission de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp, 70 musiciens de l'Université de Montréal, de l'Université McGill, de l'UQAM et du Conservatoire de Musique de Montréal se sont réunis à l'église Saint-Jean-Baptiste, dans la métropole, pour interpréter l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski et la 5e symphonie de Chostakovitch. Une façon inspirée de dénoncer la hausse des droits de scolarité.

Dans le splendide édifice religieux de la rue Rachel, ce spectacle gratuit s'est ouvert avec les allocutions du responsable du Mouvement de mobilisation des étudiants en musique Dominique Boisvert, du député de Mercier et leader de Québec Solidaire Amir Khadir, de la porte-parole de la CLASSE Jeanne Reynolds et, finalement, du comédien Julien Poulin.

« Désolé du dérangement, on essaie de changer le monde! », a notamment lancé l'acteur, dans un discours passionné d'une dizaine de minutes. « Je ne reconnais plus notre Québec, devenu une pomme reluisante, mais pourrie [...] Je me souviens, je me souviens... Cultivez votre mémoire et défendez votre intégrité », a-t-il envoyé.

« Quoi de mieux que la musique pour faire entendre notre voix. Je vous invite à vous laisser emporter par le romantisme de cette soirée », a quant a elle affirmé Mme Reynolds. « Un peu comme Tchaïkovski, reconnu pour son esprit révolutionnaire, je souhaite que le militantisme ne meurt jamais. Apprenons aux enfants à résister. »

La révolution

Sous la direction du pianiste saguenéen Nicolas Ellis, le groupe de musiciens réunis bénévolement, nommé l'Orchestre de la Solidarité Sociale pour l'occasion, a entamé le concert avec l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski. Écrite pour célébrer la victoire russe dans les guerres napoléoniennes, l'œuvre propose plusieurs thèmes dont la marche militaire, introduite par les cors, la Marseillaise, la victoire française, la bataille de la Moskova ou encore la prise de Moscou.

« C'est le chef Nicolas Ellis qui a choisi le répertoire », a expliqué Mme Reynolds en entrevue. « Il s'est inspiré de deux compositeurs revendicateurs pour souligner le combat des étudiants. Je ne pense pas que le départ de Line Beauchamp va changer la donne. Nous n'allons pas adopter une nouvelle attitude avec la ministre Courchesne. Le manque de confiance des étudiants à l'endroit des élus est grandissant. On va poursuivre le combat. »

La 5e symphonie de Chostakovitch, composé en 1937 et grandement influencée par le despotisme de Staline en Russie, a captivé les 1200 personnes dans l'église. Le premier mouvement dominé par les cordes donnait le ton de l'écriture romantique du compositeur ancré dans la modernité. Un peu plus loin, le troisième mouvement, très lent, doux, lyrique, profond, prenant, précis, a sans aucun doute touché l'audience. Pensons au passage lancinant des clarinettes. Un beau moment.

Durant une demie heure, l'orchestre aura interpréter avec brio (compte tenu du court laps de temps pour se pratiquer tous ensemble) l'œuvre de ce monstre de la musique classique. La finale, emballée, avec ses cadences soutenues par les cuivres à la Beethoven a sonné la marche triomphale d'une messe à teneur résolument militante.

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