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Avortement: quatre ex-politiciennes dénoncent la motion 312 sur le statut du foetus

Retour en arrière?
Getty Images

MONTRÉAL - Il est plutôt cocasse que d'anciennes députés du Bloc québécois dénoncent la tentative du député conservateur Stephen Woodworth d'ouvrir le débat sur l'avortement, car le parti qu'elles ont autrefois représenté ne cesse d'aborder une question qui aurait dû être réglée tout de suite après l'échec des deux référendums sur la souveraineté du Québec.

Voilà ce qu'a lancé, le rire dans la voix, le directeur de Prêtres Pro-Vie Canada, Tom Lynch, en réaction au collectif formé par quatre ex-politiciennes s'opposant la motion sur les droits du foetus déposée par M. Woodworth en février dernier.

Les bloquistes Nicole Demers et Madeleine Dalphond-Guiral, mais également les libérales Alexandra Mendes et Lisa Zarac s'opposent à la motion 312, qui propose de créer un comité parlementaire qui se questionnerait sur le moment où un foetus devient un «être humain»

La proposition pourrait rouvrir le débat sur l'avortement.

«Ils ont perdu deux fois (un référendum sur la souveraineté). Je trouve ça plutôt drôle que des anciennes députés du Bloc disent qu'une discussion est terminée à partir du moment où un sujet a été débattu. Ce n'est pas ce qu'elles diraient à propos de la souveraineté», affirme M. Lynch.

«Une société démocratique doit être capable de discuter de tout. La question de l'avortement est loin d'être réglée.»

Selon le prêtre Lynch, si les quatre ex-politiciennes ont peur de rouvrir le débat, elles devraient à tout le moins accepter que des femmes enceintes puissent voir leur foetus avant de subir un avortement.

Mais pour Mme Demers, qui a été députée de Laval de 2004 à 2011, la motion 312 témoigne du désir de certains hommes de mettre fin au libre-choix des femmes de choisir «le bon moment» pour avoir un enfant. Elle réitère l'importance pour les femmes d'avoir accès aux soins de santé et d'être en mesure de faire le choix de poursuivre ou d'interrompre leurs grossesses.

Lors du dépôt de la motion Woodworth, le premier ministre Stephen Harper s'est rapidement dissocié de l'initiative de son député, indiquant avoir l'intention de voter contre.

«Mais les femmes ont tort de croire que cette motion sera battue parce que Stephen Harper a dit qu'il ne l'appuierait pas», estime Mme Demers.

De son côté, M. Lynch se désole de la décision du premier ministre.

«J'aimerais beaucoup que M. Harper en discute, mais je ne crois pas qu'il le fasse», avance-t-il.

«Nous devrions discuter de la définition de l'être humain. Les débats sur des questions complexes ne se ferment pas. Ils peuvent continuer pendant très longtemps.»

L'ex-députée de Brossard-La Prairie, Alexandra Mendes, voit les choses autrement. Elle estime que la motion marque un important retour en arrière.

«De quel droit Stephen Woodworth s'empare des procédures de notre parlement pour remettre en question le droit le plus fondamental pour une femme de choisir sa maternité?», demande-t-elle.

Au sujet des revendications des groupes pro-vie, Mme Demers note une certaine contradiction.

«C'est très drôle que ces groupes s'appellent pro-vie. Je le suis moi aussi, je ne veux pas que personne meure, lance-t-elle. Ces personnes sont contre l'avortement dans toutes les situations, que ce soit un viol ou une vie qui est en danger, notamment. Les soi-disant pro-vie vont préférer sauver le foetus plutôt que la femme. C'est paradoxal qu'on se dise pro-vie quand on souhaite la peine de mort dans certains cas.»

Le Code criminel canadien stipule qu'un «enfant devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu'il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère».

Mais selon les membres de groupes pro-vie comme M. Lynch, on devient plutôt un être humain dès la conception. Autrement, dit-il, les pratiques comme la fécondation in vitro ne fonctionneraient pas.

Comme le prêtre Lynch, le député Woodworth croit qu'il est donc nécessaire de revoir la définition de l'être humain à la lumière de la science moderne.

«Lorsque vous voyez un enfant avant sa naissance, voyez-vous une nouvelle vie humaine, avec un coeur qui bat, et des mains complètes comme chez tout être humain? Ou bien ne voyez-vous qu'un objet, un obstacle, voire un parasite?», avait-il demandé, en avril dernier, aux députés participant à un débat sur le sujet en Chambre.

Il avait alors lui-même admis par ricochet que sa motion visant à mettre sur pied un comité était liée à l'avortement.

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