Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le juge Delisle était en colère lorsque la police voulait fouiller son appartement

Le juge Delisle était en colère
CP

QUÉBEC - Dans les heures qui ont suivi le décès de son épouse, le juge retraité Jacques Delisle a déclaré aux enquêteurs de police qu'il ne l'avait pas tuée.

M. Delisle a aussi réagi avec colère en apprenant qu'il ne pouvait rentrer chez lui en raison des expertises policières qui devaient être effectuées sur place.

Devant la Cour supérieure, M. Delisle, âgé de 77 ans, subit depuis le début de la semaine un procès pour le meurtre de son épouse, Nicole Rainville, qui était âgée de 71 ans au moment de son décès, le 12 novembre 2009.

Jeudi, deux enquêteurs ont témoigné de la vive réaction de M. Delisle à leur endroit, dans les heures qui ont suivi le drame.

Josée Lajeunesse, sergent-détective à la police de Québec, a déclaré au jury qu'elle avait constaté la colère de M. Delisle, lorsqu'il a appris que les policiers voulaient expertiser davantage son appartement, où il avait retrouvé Mme Rainville sans vie, une arme à feu près d'elle.

«Il s'est comme fâché, a-t-elle dit aux jurés. Il a monté le ton.»

Selon la policière, dans cet élan, l'ancien juge à la Cour d'appel a aussitôt affirmé aux enquêteurs qu'il n'avait pas tué sa femme.

«Il nous a dit: 'Je sais ce que vous pensez mais je l'ai pas tuée'», a rapporté Mme Lajeunesse.

Dans son témoignage devant le tribunal, Mme Lajeunesse a déclaré qu'elle a été «sidérée» par ces propos puisque pareille pensée ne lui avait pas effleuré l'esprit.

Arrivé à son tour à la barre des témoins, le sergent-détective Yves Simard, avec qui Mme Lajeunesse faisait équipe, a quant à lui déclaré qu'il avait été «très surpris» des paroles de M. Delisle.

«Personne n'avait fait mention de quoi que ce soit», a-t-il dit.

Juste avant de se disculper, M. Delisle avait réagi vivement lorsque M. Simard l'a avisé que les policiers du service de l'identité judiciaire souhaitaient saisir des objets et prendre des photos de son appartement, ce qui lui en interdisait l'accès.

Selon le sergent-détective, M. Delisle a affirmé, sur un ton «assez directif»: «Il n'y a personne qui va m'empêcher de rentrer chez moi. Il n'y a personne qui va entrer chez moi pour faire une expertise en mon absence.»

L'avocat de l'accusé, Jacques Larochelle, a ensuite suggéré, en contre-interrogatoire, que son client pouvait surtout être pressé de rentrer chez lui. L'avocat a aussi fait admettre à M. Simard qu'il ne savait pas quel ton M. Delisle prenait pour s'exprimer lorsqu'il était stressé.

M. Larochelle a souligné qu'après cet éclat, son client avait obtempéré, téléphonant aux enquêteurs pour les autoriser à aller chez lui, sans toutefois renoncer à être présent avec eux.

Dans leur témoignage, les deux enquêteurs ont raconté que cette conversation s'était déroulée dans le salon d'un hôpital où ils s'étaient rendus après avoir visité l'appartement du couple où Mme Rainville a été découverte.

Les policiers, appelés à intervenir sur ce qui a été présenté par M. Delisle comme un suicide par arme à feu, ont ensuite examiné le corps de Mme Rainville à l'hôpital.

Un technicien en scènes de crime a attiré leur attention sur ce qui semblait être une tache de poudre noire, dans la paume gauche de Mme Rainville, attribuée à la décharge du pistolet.

M. Simard a déclaré dans son témoignage que l'origine de cette trace de poudre était inexpliquée, mais il la reliait au fait que Mme Rainville s'était enlevé la vie.

En fin d'après-midi, ce même jour, l'enquête a été transférée à l'unité des crimes majeurs de la police de Québec.

Par ailleurs, au palais de justice de Québec, où le procès se déroule, les jurés ont entendu le témoignage d'une ergothérapeute, Marie-Josée Tremblay, qui a aidé Mme Rainville à regagner une certaine autonomie à la suite d'une double opération à la hanche, durant l'été 2009.

Après deux mois de soins, Mme Rainville était capable de se déplacer sur de courtes distances à l'aide d'une marchette qu'elle tenait de la main gauche, son côté droit étant paralysé depuis un accident vasculaire cérébral survenu en 2007.

Mme Tremblay a déclaré qu'au terme de son séjour à l'hôpital du Saint-Sacrement, vers le 30 octobre 2009, la patiente pouvait se tenir debout sans appui, notamment pour ouvrir une porte. Le transport d'objets n'avait par contre pas été pratiqué, puisque la seule main valide de Mme Rainville, la gauche, était utilisée pour s'appuyer sur sa marchette.

Dans son témoignage qui a précédé, la thérapeute en réadaptation physique Danielle Marceau a raconté que Mme Rainville avait choisi de retourner chez elle, au terme de son hospitalisation, plutôt que d'opter pour une résidence privée plus adaptée à sa condition, comme la professionnelle le lui avait suggéré.

Mme Marceau a reconnu que Mme Rainville était parfois découragée, mais selon elle, la patiente a fait preuve de détermination et a complété son programme de réadaptation.

Un voisin du couple, Roland Truchon, a quant à lui expliqué à la barre qu'à son retour de l'hôpital, Mme Rainville n'était «pas joyeuse comme elle l'avait été».

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.