Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

France: François Hollande élu président de la République (PHOTOS)

François Hollande président
AP

François Hollande est devenu dimanche le premier président socialiste en France depuis 17 ans lors d'un vote-sanction contre le sortant Nicolas Sarkozy, qu'il a interprété comme une volonté d'en finir avec l'austérité en Europe.

"Les Français en ce 6 mai viennent de choisir le changement en me portant à la présidence de la République", a-t-il lancé devant ses partisans à Tulle (centre de la France), son fief, promettant d'être le "président de tous".

"L'Europe nous regarde. Au moment où le résultat a été proclamé, je suis sûr que dans bien des pays européens, ça a été un soulagement, un espoir, l'idée qu'enfin l'austérité ne pouvait plus être une fatalité", a ajouté François Hollande.

Le président élu est revenu sur ce thème devant des dizaines de milliers de supporters en liesse place de la Bastille à Paris: "Dans toutes les capitales, au-delà des chefs de gouvernement et des chefs d'Etat, il y a des peuples qui grâce à nous espèrent, regardent vers nous et veulent en terminer avec l'austérité".

François Hollande a indiqué que sa première visite à l'étranger serait réservée à la chancelière allemande Angela Merkel. Son camp a annoncé qu'il s'était entretenu avec elle dès dimanche soir, de même qu'avec d'autres leaders mondiaux, dont le Premier ministre britannique David Cameron, qui l'a félicité au téléphone.

Le président américain Barack Obama a aussi félicité le nouveau chef d'Etat français et l'a invité à une rencontre bilatérale à la Maison Blanche avant les sommets du G8 et de l'Otan prévus dans deux semaines aux Etats-Unis.

Nicolas Sarkozy balayé par la crise

François Hollande avait été snobé pendant la campagne par les leaders conservateurs européens, en particulier l'Allemande Angela Merkel, qui a soutenu Nicolas Sarkozy et a longtemps rejeté sa demande d'une politique de croissance économique au niveau européen.

Pour le socialiste, il faut renégocier le pacte de discipline budgétaire, destiné à juguler la crise de l'euro, et lui adjoindre un volet pour la croissance.

"Nous devons maintenant sceller un pacte de croissance pour plus de compétitivité", a dit dès dimanche soir le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, faisant ainsi un pas dans la direction de M. Hollande.

"Nous avons clairement un objectif commun: relancer l'économie européenne pour générer une croissance durable", a abondé José Barroso, président de la Commission européenne.

Nicolas Sarkozy est le dernier en date des dirigeants européens balayés par la crise économique après ceux de la Grèce, de l'Espagne ou de l'Italie. Dans plusieurs de ces pays, les politiques d'austérité provoquent des manifestations de rejet, comme en témoigne la percée des partis anti-européens aux élections dimanche en Grèce.

François Hollande, 57 ans, a été élu avec 51,67% des voix contre 48,33% au président sortant, selon des résultats officiels quasi-définitifs du ministère de l'Intérieur.

Nicolas Sarkozy a très rapidement concédé la défaite. "La France a un nouveau président de la République, le peuple français a fait son choix (...) François Hollande est le nouveau président de la France et doit être respecté", a déclaré le chef de l'Etat conservateur.

Il a indiqué qu'il se mettait en retrait de la vie politique, mais laissé planer un doute sur cette prise de distance: sera-t-elle momentanée ou définitive ? Il va "redevenir un Français parmi les Français", a-t-il dit.

Mais il a immédiatement appelé à la mobilisation pour les élections législatives des 10 et 17 juin, tout en précisant qu'il ne mènera pas cette campagne.

La France est régie par un système présidentiel à forte composante parlementaire, dans lequel le chef de l'Etat doit disposer d'une majorité à l'Assemblée nationale pour pouvoir gouverner. Dans le cas contraire, c'est le Premier ministre qui est le personnage clé de l'exécutif.

Bataille des législatives

Le camp de François Hollande a appelé dès dimanche les Français à "confirmer, amplifier" la victoire du camp socialiste lors du scrutin législatif de 10 et 17 juin, alors que la droite a mis en garde contre une concentration excessive du pouvoir.

"La droite, elle, va reporter tous ses espoirs sur les élections législatives (elle) tentera de faire de ces élections un troisième tour pour corriger l'élection présidentielle", a souligné le quotidien conservateur le Figaro dans son édition de lundi.

Si les responsables socialistes gardaient une certaine retenue, le peuple de gauche était en liesse dans les rues de France, et singulièrement place de la Bastille, à Paris, symbole des conquêtes politiques socialistes.

"On est débarrassé d'un poison en train de gangrener la société. Un président normal (comme se définit lui-même François Hollande), ça fait beaucoup rêver", a lançait Didier Stephant, un artiste de 70 ans, qui était descendu dans la rue comme des dizaines de milliers de personnes.

"Dans une France abîmée, qui aurait pu faire le choix de se barricader derrière des frontières fantasmatiques en ressassant son passé, la victoire de François Hollande démontre que le pays aura préféré l'espoir. Regardé devant et non derrière", a jugé le quotidien de gauche Libération dans son éditorial lundi.

François Hollande, qui prendra ses fonctions avant le 15 mai, restera cinq ans à la tête d'une des principales puissances mondiales, détentrice de l'arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Union européenne. Il est le premier président de gauche depuis François Mitterrand (1981-1995).

Arrivé en tête au premier tour le 22 avril (28,6% contre 27,2% au sortant), François Hollande était depuis des mois donné favori du scrutin. "C'est un échec très lourd pour Nicolas Sarkozy face à un candidat sans expérience de gouvernement", a estimé le politologue Stéphane Rozès.

Issu de l'Ecole nationale d'administration (ENA), creuset de l'élite française, François Hollande a été onze ans chef du Parti socialiste, élu plusieurs fois député du département rural de Corrèze (centre) qu'il préside, mais n'a jamais exercé aucune fonction ministérielle.

La partie ne sera pas simple pour François Hollande, parti en campagne en outsider total il y a un an. Outre sa priorité de renégocier le traité européen, il entend retrouver l'équilibre budgétaire en 2017, taxer les plus riches, lutter contre le chômage en créant des emplois notamment pour les jeunes.

INOLTRE SU HUFFPOST

François Hollande savoure

Dimanche électoral en France

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.