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Ruth Ellen Brosseau revient sur son entrée comme députée, un an plus tard

«J’étais vraiment naïve»
David Nathan

Il y a un an, Ruth Ellen Brosseau apprenait avec surprise son élection en tant que députée fédérale du NPD dans le comté de Berthier-Maskinongé. «Même si les sondages l’annonçaient, je n’y ai pas cru jusqu’à la dernière minute, dit-elle. Le soir de l’élection, j’étais avec les autres candidats-poteaux et nous étions tous aussi incrédules.» La jeune femme alors âgée de 27 ans n’avait jamais fait campagne, ni même mis les pieds dans sa nouvelle circonscription.

Ruth Ellen Brosseau est rapidement devenue la figure emblématique de cette vague orange qui a donné au NPD 58 des 75 sièges du Québec à la Chambre des communes. Elle s’est d’abord fait remarquer pour son voyage à Las Vegas en pleine campagne électorale, ensuite pour sa piètre maîtrise du français, alors qu’elle devait représenter une circonscription francophone.

Un an plus tard, elle convient avoir été d’abord dépassée par la dynamique de la colline Parlementaire. Élue dans l’opposition officielle, elle s’est notamment heurtée à la politique partisane. «Quand je suis arrivée à Ottawa, j’étais vraiment naïve, dit-elle. Je croyais que nous pourrions travailler avec les autres partis, trouver des solutions conjointes, proposer des amendements. Ce n’est pas du tout le cas.»

Elle blâme l’attitude du gouvernement Harper qui bâillonne l’opposition pour faire approuver ses projets de loi. «Ils ont imposé le bâillon 18 fois depuis un an, rappelle-t-elle. C’est plus que pour l’ensemble du règne des libéraux.»

Députée 101

Pour Ruth Ellen Brosseau, l’apprentissage du métier de députée s’est fait en accéléré. Dans les jours qui ont suivi le scrutin, la nouvelle élue était introuvable. L’équipe fédérale du NPD a profité de cette période pour briefer la jeune femme sur ses nouvelles responsabilités en tant que députée. «Du jour au lendemain, je passais d’une vie privée à une vie publique, explique-t-elle. Je voulais prendre le temps de bien me préparer pour répondre aux citoyens qui m’ont fait confiance.»

Ruth Ellen Brosseau

Ce n’est que le 11 mai, neuf jours après son élection, qu’elle s’est présentée devant ses électeurs. «La veille de ma première visite dans le comté, je n’ai pas beaucoup dormi, confie-t-elle. J’étais très nerveuse de parler devant le public et les journalistes. Je devais parler en français, devant les médias de tout le Canada.»

Idem lors de sa première intervention en Chambre à Ottawa le 14 juin à propos d’un centre sportif à Lavaltrie. «Mon coeur se débattait dans ma poitrine, dit-elle. Parfois, je suis encore nerveuse de me lever devant les 304 membres du Parlement.»

Son français, d’abord laborieux, s’est grandement amélioré depuis son élection grâce à des cours privés qu’elle a suivis de façon intensive. Dans ses bureaux d’Ottawa et de Louiseville, toutes les conversations se font en français.

Aujourd’hui, elle se permet même de critiquer le gouvernement Harper pour ses nombreuses nominations d’unilingues anglophones à des postes importants, dont celui de vérificateur général. «Clairement, la langue française n’est pas une priorité pour le gouvernement Harper», lance-t-elle.

Mme la ministre?

Ironiquement, le battage médiatique qui a entouré son élection l’an dernier lui a été favorable. Si son escapade à Las Vegas lui a d’abord attiré des moqueries, elle est désormais une chouchou des médias et ses électeurs semblent satisfaits de son travail.

Toutefois, Ruth Ellen Brosseau vit mal son statut de célébrité instantanée. «Le plus difficile est l’attention constante des médias, dit-elle. On commente ma tenue en Chambre ou on veut savoir si j’ai un copain, alors que ça n’a rien à voir avec mon travail.»

Un an après son élection-surprise, Ruth Ellen Brosseau dit avoir la piqûre de la politique. Il y a deux semaines, elle s’est vu confier le portefeuille de l’Agriculture dans le cabinet fantôme de Thomas Mulcair, ainsi que le poste de porte-parole adjointe. Elle prévoit d’ailleurs se présenter sous la bannière du NPD aux prochaines élections.

Le parti a le vent dans les voiles depuis l’élection de son nouveau chef. Un récent sondage réalisé par Nanos Research, cité par La Presse, place le NPD au coude-à-coude avec le Parti conservateur.

Le NPD compte d’ailleurs sur les 100 circonscriptions où il a terminé deuxième au dernier scrutin pour remporter les prochaines élections.

Interrogée sur la question, Ruth Ellen Brosseau se dit prête à occuper les fonctions de ministre dans un éventuel gouvernement Mulcair. «Si nous formons le gouvernement et que notre chef m’offre le poste, j’accepterais avec plaisir, dit-elle. Mais nous ne sommes pas rendus là.»

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