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L'Arctique, un territoire aux multiples enjeux pour le Canada de Stephen Harper

L’Arctique, tu l’aimes ou tu le quittes!
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Depuis que Stephen Harper est premier ministre, l’Arctique n’a jamais autant compté. Pourtant, il fut un temps où cette vaste terre n’avait presque aucun intérêt.

Retour vers le passé

L’Arctique a toujours fasciné. De nombreux explorateurs s’y sont risqués et y ont laissé leur vie, comme le capitaine anglais John Franklin, au milieu du 19e siècle.Il faut dire aussi que l’Arctique canadien représente à lui seul 40 % de la masse continentale du pays.

En plein cœur de la guerre froide, le Canada et les États-Unis décident de s’associer pour former le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, plus connu sous le nom de NORAD. Tous deux s’inquiètent du puissant voisin soviétique et de ses bombardiers.

Plusieurs lignes de radars sont alors construites au Canada, dont le réseau d’alerte avancé DEW, le long du 69e parallèle.Composé de 63 stations, dont 42 au Canada,le réseau surveillait en tout temps le ciel de l’Arctique canadien. Il fut rapidement abandonné en raison de son incapacité à détecter les missiles intercontinentaux et les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.

Toujours dans les années 1940, les Rangers canadiens deviennent les « gardiens » de la souveraineté du Canada en Arctique et les yeux et les oreilles des militaires dans le Nord.

Les années 1980 marquent un tournant dans la militarisation de l’Arctique. C’est surtout pendant l’ère Mulroney, marqué par l’envie de réduire le déficit du pays, que le Canada quitte l’Arctique. Il n’y reviendra vraiment qu’au milieu des années 2000.

Stephen Harper en fait son cheval de bataille. Le premier ministre annonce ainsi, le 9 avril 2006, que l’armée canadienne considère désormais le passage du Nord-Ouest comme faisant partie des eaux intérieures du pays.

L’Arctique canadien aujourd’hui

Bientôt au nombre de 5000, les Rangers sont divisés en cinq groupes de patrouilles et assurent des opérations tout au long de l’année. Ils aident aussi les militaires « du sud » lors d’opérations d’affirmation de la souveraineté.

Le NORAD, lui, continue d’opérer et surveille étroitement l’espace aérien de l’Arctique avec son système d’alerte du Nord qui comprend 13 radars à longue portée et 39 à courte portée.

En plus de ce système, le Canada a récemment terminé son projet Polar Epsilon, d’un coût de 65 millions de dollars. Polar Epsilon fournit des images en quasi-temps réel grâce au satellite RADARSAT-2 et deux stations de traitement des données. Dans un délai d’environ dix minutes, les Forces canadiennes sont averties de toute activité, du lieu d’un écrasement d’avion, voire de zones polluées par du pétrole. « Au lieu d’envoyer un avion de reconnaissance, nous utilisons simplement les images satellite à notre disposition », précise Daniel Blouin, porte-parole de la Défense nationale.

Polar Epsilon peut d’ailleurs servir lors d’opérations comme Nanookafin de faire des repérages. Nanook, Nunalivut et Nunakput sont trois opérations majeures qui ont lieu chaque année dans le grand nord canadien.

Exemple de présence réussie: l’Opération Nanook 2011. Alors qu’un avion s’écrasaità ResoluteBay, et que la communauté locale ne disposait pas de moyens suffisants pour secourir les survivants, les Forces canadiennes, situées à deux kilomètres du lieu du crash et sont intervenues en quelques minutes. L’intervention des Forces aura sans doute permis de sauver des vies.

Retour vers le futur

L’ouverture du passage du Nord-Ouest n’est plus qu’une question de quelques années. Le trafic maritime et touristique s’y développera sans doute rapidement et avec lui, un risque accru d’accidents.

Six navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique doivent donc être construits entre 2013 et 2020.

Ian Trites, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, indique que le Canada prévoit soumettre son dossier pour déterminer exactement sa frontière arctique à la Commission des limites du plateau continental en décembre 2013. Le pays avait dix ans pour fournir la documentation et l’échéance est… décembre 2013. Toutes les données recueillies cette dernière décennie ans sont en cours d’analyse et d’interprétation.

L’amélioration des technologies a rendu presque inutile la présence humaine pour la surveillance du territoire. Cette présence s’avère cependant utile dès lors que des humains s’aventurent dans cette vaste région.

Le colonel à la retraite Pierre Leblanc, ancien commandant de la Force opérationnelle interarmées du Nord, conseille d’ailleurs de développer la présence du Canada à Resolute. Il recommande de mettre en place « une piste quatre-saisons pavée et équipée d’instruments d’approche modernes, un radar-avions à longs rayons, une station de téléchargement pour les satellites d’orbite polaire, des dispositifs de surveillance sous-marine, une station de ravitaillement en combustible pour navires et avions et un quai d’amarrage protégé. »

Menaces

Pour le Pr. Stéphane Roussel, titulaire de la chaire de recherche du Canada en politique et défense étrangère canadiennesde l’UQAM, il ne fait aucun doute que la menace russe est « le croquemitaine » du Canada. Le Canada serait, selon lui, le pays ayant la politique arctique la plus agressive.

Plusieurs accords et traités de coopération dans l’Arctique entre le Canada et la Russie sont là pour rappeler que les relations entre les deux pays ne sont pas aussi tendues que l’imaginaire collectif le laisse entendre. La seule véritable menace sera vraisemblablement une menace interne : avec ses richesses, il ne fait aucun doute que l’Arctique recevra de plus en plus la visite de touristes et d’investisseurs. La Chine s’y intéresse de plus en plus, au point de menacer la toute-puissance des membres permanents du Conseil de l’Arctique; Conseil qui sera présidé prochainement par… le Canada.

Il faudrait plutôt voir du côté des pays arctiques contre les pays non-arctiques. « Tous veulent que l’Arctique soit considéré comme domaine public, alors que les cinq pays qui ont des terres arctiques veulent conserver leurs prérogatives sur "leur" territoire. »

Le futur sera-t-il fait du Canada, Russie, Norvège, États-Unis et Danemark (Groenland) contre le reste du monde ?

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