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Un criminel nazi, âgé de 91 ans, vivrait au Québec

Apiculteur au Québec, criminel du temps de l'Allemagne nazie
PC

ORMSTOWN, Qc - Un homme qui serait l'un des criminels de guerre nazis les plus recherchés au monde s'affaire tranquillement à l'apiculture dans une municipalité rurale du Québec.

Le nom de Vladimir Katriuk a été ajouté récemment à la liste du centre Simon Wiesenthal des dix anciens criminels nazis présumés les plus recherchés.

Avec une pelle dans ses mains lui servant visiblement de canne, l'homme de 91 ans parcourt son territoire boisé, veillant avec soin sur ses abeilles et semblant avoir peu de soucis autre que sa récolte de miel.

Au cours d'un entretien à son domicile, l'homme de 91 ans a affirmé cette semaine à La Presse Canadienne ne pas être au courant de l'ajout de son nom à cette liste et ne pas vouloir commenter.

Le citoyen ukraino-canadien, marié et résidant à Ormstown, en Montérégie, refuse de discuter de son temps passé dans les rangs militaires ou des allégations graves dont il fait l'objet. Celui qui est arrivé au Canada en 1951 a déjà nié avoir pris part dans des atrocités de guerre.

L'importante organisation juive de défense des droits de la personne a dit placer Vladimir Katriuk au quatrième rang de sa liste, soutenant que de nouveaux éléments de preuve ont fait surface concernant des liens directs allégués avec des atrocités commises lors du massacre d'un village d'Europe de l'Est en 1943.

Un article d'un universitaire allègue qu'en 1943, un homme portant ce nom attendait à l'extérieur d'une grange ayant été incendiée, tirant sur des civils qui tentaient de fuir avec une mitrailleuse. Le même article soutient que l'homme a pris une montre, un bracelet et une arme du corps d'une femme à proximité.

«Je n'ai rien à dire», a-t-il affirmé concernant les accusations, après avoir déposé un enfumoir d'apiculteur et troqué un filet pour une casquette.

«Que l'on parle d'abeilles, c'est une chose. Quand on parle de mes affaires personnelles, c'est différent. Je suis désolé.»

Questionné à savoir comment il réagit face à l'ajout de son nom sur une liste de nazis allégués, Vladimir Katriuk fait une pause. Il plonge la main dans une boîte et retire un morceau de ruche: «Vous voyez», dit-il. «Ici, elles ont commencé à faire une cellule royale (pour la reine).»

Efraim Zuroff, du centre Simon Wiesenthal, a affirmé que le gouvernement canadien devrait retirer immédiatement la citoyenneté canadienne à Vladimir Katriuk et commencer les procédures pour sa déportation en Europe — où il pourrait être traduit en justice.

La Cour fédérale a déterminé en 1999 que Vladimir Katriuk avait menti concernant ses services volontaires pour les autorités allemandes durant la Deuxième Guerre mondiale dans le but d'obtenir la citoyenneté canadienne.

La Cour a conclu que l'homme avait été membre d'un bataillon ukrainien impliqué dans plusieurs atrocités en Ukraine — incluant la mort de milliers de juifs en Biélorussie entre 1941 et 1944.

Mais le gouvernement canadien a par la suite renversé une décision de révoquer sa citoyenneté et lui a permis de demeurer au pays.

M. Zuroff a soutenu qu'il revenait ultimement au gouvernement de Stephen Harper de déterminer s'il faut retirer la citoyenneté de Vladimir Katriuk.

Pressé de nouveau concernant les allégations, Vladimir Katriuk rétorque: «Laissez les gens parler.»

Accaparé par son travail, il viendra à un certain moment à la défense d'une de ses abeilles.

«Ne bougez pas, ne bougez pas, ne bougez pas», lancera-t-il au photographe tentant de frapper une abeille posée sur lui.

«Restez sur place, c'est tout.»

Vladimir Katriuk a subi une opération à son genou gauche il y a trois ans et doit se prêter à une autre sur son genou droit.

Après que ces nouvelles allégations eurent été soulevées, le B'nai Brith Canada a pressé le gouvernement canadien à revoir sa position sur Vladimir Katriuk.

David Matas, conseiller juridique de l'organisation, a fait état d'une rencontre prévue jeudi avec le premier ministre Stephen Harper.

Une porte-parole du ministre de l'Immigration Jason Kenney a affirmé que le gouvernement Harper «demeure engagé à identifier et déporter du Canada les personnes impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et des génocides, notamment en examinant de nouveaux éléments sur des cas déjà étudiés».

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