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Death Cab for Cutie : célébration
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Pour le meilleur et pour le pire, le mariage entre le groupe rock atmosphérique indépendant Death Cab for Cutie et Magik*Magik Orchestra pouvait sembler un idéal pieux et pourtant rempli de promesses. Le concert-événement offert à l'église Saint-Jean-Baptiste (située sur la rue Rachel, dans le quartier Plateau Mont-Royal) à Montréal vendredi soir s'est révélé aux témoins comme une belle histoire d'amour, sincère et imparfaite.

Les amateurs montréalais s'étaient précipités des semaines à l'avance sur les billets pour pourvoir communier avec la formation américaine qui les conviaient à une véritable célébration. Disons-le sans mauvais jeu de mots, cette rencontre annonçait quelque chose de sacré : splendide architecture, ambiance spirituelle, riches décors de l'édifice religieux. Assis cordé sur les innombrables bancs de bois foncé, on avait définitivement l'impression de participer à un singulier rendez-vous.

« Je dois vous faire une confidence. Je ne m'attendais pas à être si émotif en jouant dans une église catholique », lancera en anglais le chanteur Ben Gibbard, après quelques chansons. « Mais dès que j'ai monté sur scène, je me suis senti émerveillé comme à 12 ans. Cet endroit est grandiose. »

Vers 21h, un silence s'est installé. Doucement, les huit musiciens de Magik*Magik ont introduit la prestation aux sons de leurs violons. De façon sobre mains néanmoins solennelle, Gibbard est apparu sur scène pour s'installer au clavier ; dans un halo de lumière bleu il a commencé a interpréter Passenger Seat, du quatrième album studio Transatlanticism, paru en 2003. Deux minutes plus tard, les trois autres membres du band ont pris place auprès de leur instrument respectif. Les 13 artistes, vêtus de noir, venaient renchérir l'effet cérémoniel. Résultat grandiloquent, mais assez efficace. La table était mise.

Toujours au piano, le chanteur a enchaîné avec la populaire balade Different Names For the Same Place (Plans, sorti en 2005). À mi-chemin, doux fracas de batterie, bonnes frappes de basse et plaintes de guitare électrique se sont joints aux violons pour ajouter un peu de rock à la performance. Envolée lyrique des cordes en finale. Sympathique.

D'ailleurs, la majorité de la soirée s'est déroulée de cette manière, sorte d'équilibre un peu surfait entre le rock et le classique. Pas mauvais, bien au contraire. Un défi plutôt bien relevé dans l'ensemble, mais qui n'a pas donné l'effet magique escompté. On pense notamment au troisième morceau, A Movie Script Ending, durant lequel on s'est aperçu que la voix de Gibbard était étouffée par les autres instruments. Rien de dramatique, mais quand même achalant puisque que le problème est demeuré pendant toute la soirée. On aura aussi noté qu'une bonne chanson rock, parfois, n'a rien à gagner à fraterniser avec l'orchestral. Un exemple éloquent, l'interprétation du succès populaire Crooked Teeth, livrée sans l'équipe de la chef, Minna Choi qui, cela dit, fait du bon travail.

Au final, des éclairages magnifiques pour un spectacle audacieux et généreux avec ses 17 pièces (dont, Tiny Vessels, Transatlanticism la toujours appréciée Soul Meets Body) et sept autres au rappel. À noter que le groupe a voulu faire plaisir à ses amateurs en jouant une panoplie de pièces issues de son vaste répertoire de la précédente décennie. Death Cab for Cutie a proposé tout au plus cinq chansons de son plus récent gravé Codes and Keys (You Are A Tourist, Stay Young, Monday Morning, Go Dancing et la chanson-titre).

De l'art inspiré, mais à hauteur d'homme.

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