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Financement des partis: le PQ n'a rien à se reprocher, assure Pauline Marois

Financement des partis: le PQ n'a rien à se reprocher, assure Pauline Marois
CP

MONTRÉAL - Le reportage de l'émission «Enquête» de Radio-Canada dans lequel un entrepreneur a révélé que l'industrie de la construction subissait une pression pour financer les partis politiques a déclenché de vives réactions, vendredi, chez les chefs du Parti québécois (PQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ), mais également au bureau du Directeur général des élections (DGE) où une enquête sera ouverte.

La porte-parole du DGE Cynthia Gagnon a annoncé que le bureau enquêtera sur le financement des partis à la lumière des informations dévoilées jeudi soir par l'équipe d'«Enquête».

Pauline Marois et François Legault ont quant à eux affirmé que leurs partis n'avaient pas recours à ce type de financement occulte.

Le financement du PQ est «stable» et le parti n'a jamais accepté que des prête-noms soient utilisés pour remplir ses coffres, a assuré Mme Marois.

Reconnaissant qu'il y a «un certain problème», la chef de l'opposition officielle a garanti que si des gestes non conformes aux règles du PQ ont été posés, «les gens en subiront les conséquences».

Mme Marois a dénoncé le fait qu'un ingénieur puisse «verser de l'argent à un parti politique pour que sa firme obtienne un contrat».

«Si on fait cette démonstration-là, si des gens ont eu un tel comportement, quant à moi, j'en ai rien à cirer, ils paieront pour les gestes qu'ils ont posés, c'est clair comme ça», a-t-elle lancé.

À la CAQ, François Legault s'est dit inquiet de ce qu'il a vu dans le reportage puisque ces informations «n'aideraient pas» à rétablir la confiance de la population envers l'ensemble de la classe politique.

«On aura beau avoir toutes les lois du monde, on ne pourra jamais remplacer le bon jugement. Accepter des cadeaux d'un entrepreneur qui est à la recherche de contrats municipaux lorsqu'on est vice-première ministre et ministre des Affaires municipales, ça constitue un manque de jugement flagrant», a-t-il déclaré au sujet de l'ex-ministre Nathalie Normandeau, qui a admis avoir accepté des billets pour des spectacles de Céline Dion et de Madonna offerts par le propriétaire de la firme de construction Infrabec, Lino Zambito.

«Je m'attends à ce que Jean Charest dénonce ce manque de jugement de Nathalie Normandeau», a ajouté M. Legault.

De la ville brésilienne de Hortolândia où il terminait une mission commerciale de quatre jours, le premier ministre Jean Charest a nié qu'il y ait du financement controversé au sein de son parti.

«Je peux vous dire qu'il n'y a pas de lien entre l'octroi des contrats et le financement du Parti libéral du Québec», a-t-il déclaré.

Si le Parti libéral et le Parti québécois ont été écorchés dans l'émission «Enquête», la CAQ a quant à elle fait l'objet d'attaques sur son financement en janvier dernier.

Des doutes avaient alors été soulevés sur les dons faits à la CAQ depuis que son statut est passé, à la mi-novembre, d'organisme à but non lucratif (OSBL) à parti politique.

Puisque certains donateurs ont contribué au groupe de M. Legault à deux reprises en 2011 — d'abord à l'OSBL, puis au parti politique — certains critiques estimaient que le parti n'avait pas respecté l'esprit de la loi électorale, qui limite les contributions aux partis politiques à 1000 $ par année.

Mais selon M. Leagault, il n'y a «pas du tout» de problème à solliciter de l'argent comme OSBL, puis comme parti.

«Nous n'avons jamais utilisé de prête-noms. L'OSBL n'avait pas à suivre la loi du Directeur général des élections, mais on l'a quand même respectée en limitant les dons à 1000 $ par individu», s'est-il défendu.

«Il n'y a aucune personne à qui on a créé la moindre attente d'obtenir un contrat en échange de financement», a-t-il ajouté.

Questionnée sur les relations qu'entretient le PQ avec les firmes de génie-conseil, Mme Marois s'en est remise à la Commission Charbonneau, soulignant que le mandat de la commission d'enquête «pour laquelle son parti a insisté» était «de voir s'il y a des liens entre le financement des partis politiques et l'octroi de contrats».

«Le financement du parti, on l'a fait en ramassant nos 10 $, nos 15 $, nos 30 $, nos 100 $ et nos 500 $», a assuré Mme Marois, affirmant par ailleurs «ne pas se souvenir qu'il y ait eu des soirées de financement organisées par (la firme de génie-conseil) Roche pour organiser du financement pour le PQ».

La chef de l'opposition en a profité pour annoncer l'intention de son parti, s'il est élu, de rendre public le financement des partis et de convertir les déductions fiscales consenties aux donateurs en subventions aux partis politiques en fonction des votes obtenus.

Elle a ajouté qu'en opposition au Parti libéral du Québec (PLQ), le financement du PQ était stable, peu importe qu'il soit au pouvoir ou non.

«Mais quand le PLQ passe de l'opposition au pouvoir, le financement monte en flèche», a-t-elle dénoncé.

Mme Marois a assuré qu'un objectif de financement était fixé pour chacun des comtés, chaque année, sans toutefois que des quotas ne soient imposés.

«Les militants font le financement, a-t-elle expliqué. Ça se fait toujours dans les règles de l'art, sans dépasser le plafond de 1000 $.»

Au Parti libéral, en marge d'une conférence de presse tenue vendredi à Montréal, le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, et sa collègue de l'Emploi, Julie Boulet, ont tenu à se porter à la défense de Mme Normandeau.

«Nathalie, c'est quelqu'un d'intègre, c'est quelqu'un qui a toujours fait son travail en respectant les règles, il n'y a aucun doute là-dessus», a soutenu Mme Boulet.

«Je n'ai aucun doute sur l'intégrité professionnelle et l'honnêteté de Nathalie Normandeau», a renchéri M. Gignac.

Les deux ministres ont toutefois assuré que, contrairement à Nathalie Normandeau, ils n'étaient jamais allés à l'encontre de l'opinion de leurs fonctionnaires pour accorder des subventions.

Au cours d'un entretien téléphonique avec Radio-Canada, Mme Normandeau a reconnu avoir parfois «fait passer des projets alors que ça ne 'fittait' pas dans la petite case», invoquant la nécessité pour un ministre de «faire preuve de la plus grande souplesse et créativité possibles».

«C'est au niveau administratif que ça se règle et ça marche par processus d'appel d'offres, alors ce n'est pas le politique qui s'occupe de ces dossiers-là, a martelé Julie Boulet. (...) Les règles sont là pour tout le monde et en tout temps.»

«Je peux vous dire que je suis très, très impressionné par la qualité et la rigueur de l'analyse des documents (faite par les fonctionnaires) quand ils sont soumis au conseil des ministres», a ajouté Clément Gignac.

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