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Le nerf de la guerre : portrait des finances du mouvement étudiant

Comment les étudiants financent-ils leur mouvement?
SRC

(Radio-Canada.ca) - Des dizaines d'association étudiantes des cégeps et des universités sont en grève au Québec, certaines depuis la mi-février. Si leurs manifestations et leurs coups d'éclat reposent pour beaucoup sur leur enthousiasme et leurs convictions, la grève, qui dure, a cependant des coûts financiers.

Selon les calculs de Radio-Canada, pour faire face à leurs obligations, les associations disposent d'un budget annuel d'environ 6 millions de dollars, issus des cotisations. Les trois fédérations étudiantes, soit la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), disposent pour leur part d'environ 1,2 million de dollars, un montant constitué en partie de sommes versées par ces mêmes associations.

La seule location d'un autobus, par exemple, coûte entre 300 et 800 $ par jour. Les étudiants peuvent cependant compter sur un certain appui des syndicats. Ainsi, selon ce qu'a appris Radio-Canada, la Centrale des syndicats nationaux (CSN) a notamment fourni de l'argent pour la location d'autobus à deux occasions.

Elle a par ailleurs octroyé 5000 $ pour la location du Métropolis à l'occasion de L'HAUSSEtie d'show, le 22 mars, une initiative de la CLASSE qui rassemblait sur scène, notamment, Jérôme Minière, Chloé Sainte-Marie, Paul Piché, Manu Militari et Dan Bigras.

Internet et les réseaux sociaux sont aussi fortement mis à contribution, ce qui occasionne certaines dépenses. Car si les étudiants qui les animent sont pour la plupart des bénévoles, pour certaines actions précises, il y a un coût.

Ainsi, la CSQ a versé quelque 8000 $ à la FEUQ et la FECQ pour la mise sur pied d'un site Internet consacré strictement au mouvement d'opposition à la hausse des droits de scolarité. Une partie de la somme a aussi servi à financer le journal de ces fédérations, La Voix étudiante.

Si la CLASSE n'hésite pas à mettre les détails de son budget sur son site Internet, la FEUQ s'y refuse, ne partageant l'information qu'entre ses membres.

« L'argent, c'est le nerf de la guerre. Et la raison pour laquelle on ne met pas notre budget sur le site web, c'est une raison de pression politique », justifie Martine Desjardins, présidente de la FEUQ.

« Quand notre opposant connaît le budget qu'on a, c'est toujours plus difficile de montrer les dents. Surtout quand on voit le budget s'amenuiser de jour en jour. » Martine Desjardins, présidente de la FEUQ

En fait, tant la FECQ, la FEUQ que la CLASSE refusent de dire quelle partie de leur budget est consacrée au fond de grève.

La FEUQ soutient cependant qu'elle dispose d'un budget suffisant pour tenir le coup et continue de payer le salaire de ses cinq employés permanents et le loyer de son quartier général de 4500 pieds carrés.

Martine Desjardins souligne cependant que la fédération fait moins de recherche cette année pour diminuer ses dépenses.

Du côté de la CLASSE, on estime aussi avoir les fonds nécessaires pour mener le mouvement à son terme, mais, reconnaît son porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, « plus la grève est longue, plus c'est difficile ».

Une alliance officielle

La FEUQ et la FECQ sont membres de l'Alliance sociale, un regroupement comprenant notamment la CSN, la CSQ, la FTQ et le SFPQ, qui critique les orientations du gouvernement Charest en matière de développement économique et de finances publiques.

Des bourses pour les élus des fédérations

Le ministère de l'Éducation du Québec verse chaque année, à une vingtaine d'élus de la FEUQ et de la FECQ, des bourses spéciales. Le montant total versé chaque année tourne autour de 100 000 $, pour une moyenne de 6000 $ par élu.

« L'objectif du programme est d'apporter un support financier pour subvenir aux besoins de base des étudiants qui doivent consacrer une partie significative du temps normalement dédié à leurs études à travailler au sein d'une association étudiante nationale », explique le ministère de l'Éducation.

Il s'adresse aux étudiants élus « pour exercer des fonctions au sein d'un organisme regroupant des associations étudiantes ».

L'ASSE (ou la CLASSE) n'a jamais fait de demande pour recevoir de telles bourses afin d'éviter d'entretenir une situation de dépendance.

« On trouve cela très important d'être tout à fait indépendant du gouvernement pour s'assurer une indépendance politique absolument totale », explique le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.

Il réprouve par ailleurs, de façon générale, l'idée que « certaines personnes qui ont des responsabilités nationales auraient une rémunération, alors que les militants et militantes sur le campus, qui font vivre la grève au jour le jour, n'en ont pas ».

De son côté, Martine Desjardins affirme que l'octroi de ces bourses à certains des membres de la FEUQ n'a jamais entraîné d'ingérence de la part du gouvernement. « C'est une bourse d'implication, ce n'est pas une bourse pour une recherche dirigée où on attend des résultats », précise-t-elle.

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