Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Aveos: l'entreprise liquide ses actifs, la police disperse la manifestation des travailleurs

Fermeture d'Aveos: la tension monte
CP

(Radio-Canada) Aveos a annoncé mardi, en fin d'après-midi, qu'elle commençait la liquidation de ses actifs.

L'entreprise indique dans un communiqué qu'elle cesse « immédiatement » ses opérations au Canada et qu'elle met fin à l'emploi « d'approximativement 1 300 employés au Canada ».

L'opposition a annoncé plus tôt qu'elle déposera mercredi une motion pour demander que Québec utilise tous les recours juridiques possibles pour forcer Aveos à maintenir ses emplois à Montréal.

L'entreprise Aveos, qui offre des services d'entretien pour Air Canada, son principal client, s'est mise à l'abri de ses créanciers lundi.

La plupart des employés mis à pied sont d'anciens travailleurs d'Air Canada qui avaient été forcés de changer d'employeur lorsque le transporteur s'était départi de sa division des services techniques en 2004.

Le Parti Québécois plaide qu'en vertu de la loi qui a donné lieu à la création d'Air Canada comme compagnie plutôt que comme société d'État, il était prévu que l'entreprise maintienne trois centres d'entretien au Canada, dont un à Montréal.

Jean Charest ne s'est pas prononcé, mardi, lors de la période de questions, sur cette motion qui sera débattue mercredi. Le premier ministre a toutefois réaffirmé que son gouvernement souhaitait « tout mettre en oeuvre pour permettre à l'entreprise de fonctionner, de garder les gens à son emploi ».

Le ministre du Développement économique, Sam Hamad, a ajouté que son ministère rencontrait cet après-midi les représentants de l'entreprise et qu'il était en contact avec le président du syndicat des employés d'Aveos.

Manifestation devant les bureaux d'Air Canada

En matinée, environ 200 employés d'Aveos mis à pied ont manifesté devant les installations d'Air Canada près de l'aéroport Montréal-Trudeau.

Ils ont reçu un ordre d'injonction leur interdisant de bloquer l'accès aux bureaux d'Air Canada.

Privés de travail depuis hier, les travailleurs ont annoncé leur intention de se rendre à Québec et à Ottawa mercredi pour interpeller les politiciens.

Les employés d'Aveos mis à pied, qui considèrent Air Canada comme leur véritable employeur, accusent le transporteur de vouloir se débarrasser de leur syndicat pour faire faire les travaux d'entretien ailleurs.

Air Canada pourrait annuler des vols

La fermeture subite des ateliers canadiens d'Aveos pourrait forcer l'annulation de vols d'Air Canada, touchant ainsi des milliers de passagers, a affirmé le transporteur aérien.

Ce scénario est probable, a averti l'avocat d'Air Canada, lundi, devant la Cour supérieure du Québec. Le transporteur a demandé, en vain, que le tribunal ordonne à Aveos de ne pas mettre à pied plus d'employés et d'exécuter les travaux d'entretien de ses avions.

Plusieurs avions d'Air Canada sont actuellement dans les hangars d'Aveos, un important sous-traitant du transporteur.

Les prochaines 24 à 48 heures seront cruciales afin de déterminer si l'entretien et les réparations seront effectués dans les délais, a expliqué l'avocat d'Air Canada, Louis Bélanger, ajoutant que près de 3000 passagers pourraient écoper si les avions ne peuvent reprendre du service.

Plus tôt lundi, Air Canada avait pourtant publié un communiqué indiquant que les problèmes qu'éprouve Aveos n'auront aucune incidence sur les activités quotidiennes de maintenance et de réparation de ses avions, effectuées à l'interne.

Quant aux services de maintenance des ailes, du fuselage et des moteurs exécutés par Aveos, ils pourraient être pris en charge par « différents fournisseurs principalement installés au Canada et aux États-Unis », si cela devient nécessaire, avait ajouté le transporteur.

Air Canada tend la main

Air Canada a offert lundi un prêt d'urgence de 15 millions de dollars pour aider à une éventuelle restructuration d'Aveos. Cette proposition, qui devra être approuvée par la justice, vise à permettre à la société de poursuivre en partie ses activités et de rappeler certains de ses employés.

Pour le syndicat des employés d'Aveos, cette offre est davantage une opération de relation publique qu'une réelle aide financière.

« Dans l'aviation, 15 millions, ça paye un moteur d'Airbus 330. Présentement, Air Canada a une flotte de plus de 250 avions. C'est un peu comme si je vous disais que pour vous sortir de votre faillite personnelle, je vous prêtais 1000 $. C'est un peu ce qu'offre Air Canada. C'est une vraie farce », a réagi mardi le président de la section de l'est de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale, Jean Poirier.

Le syndicat réclame l'intervention d'Ottawa pour qu'il protège les emplois au pays en faisant respecter la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.

Le gouvernement conservateur refuse toutefois d'intervenir affirmant qu'Aveos est une société privée que que la Loi sur la participation publique ne s'applique pas.

« Nous sommes toujours préoccupés quand des Canadiens perdent leur emploi. Cependant, il s'agit d'une décision d'affaires prise par une entreprise privée », a dit le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel.

Aveos accuse Air Canada

Dans un communiqué publié lundi, la direction d'Aveos a brièvement expliqué les raisons qui l'ont poussée à fermer ses usines. Le président de la société, Joe Kolshak, soutient que cette décision a été « extrêmement difficile » à prendre, mais il affirme que le volume de travail fourni par Air Canada, qui représente 90 % de ses activités d'entretien, était insuffisant.

Depuis le début de l'année, Air Canada aurait réduit, différé et annulé du travail de maintenance, ce qui aurait entraîné des pertes de revenus d'environ 16 millions de dollars en moins de deux mois. Aveos tente de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Aveos Fleet Performance était une division d'Air Canada avant de devenir une compagnie indépendante en octobre 2007. Aveos s'occupait de faire l'entretien de toute la mécanique des Airbus et Embraer du transporteur.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.