La traversée du désert se terminera bientôt pour les deux députés péquistes démissionnaires Louise Beaudoin et Pierre Curzi. Même s'ils risquent d'être accueillis un peu froidement au caucus péquiste qu'ils ont quitté en juin 2011, les deux dissidents rentreront bientôt au bercail.

Plusieurs sources péquistes indiquent à La Presse que l'affaire est entendue avec la députée de Rosemont, Louise Beaudoin, actuellement à l'étranger. Celle-ci ne souhaite pas se représenter aux prochaines élections, et veut faire plébisciter sa décision par une assemblée de partisans dans sa circonscription, au début du mois d'avril.

C'est moins transparent, mais tout aussi net dans le cas du député de Borduas, Pierre Curzi. Dans sa circonscription, ses proches soulignent que jamais l'ancien comédien n'a véritablement rompu les ponts avec l'organisation péquiste. Il a toujours maintenu des canaux de communication. Au surplus, des collègues rappellent que c'est à contrecoeur qu'il a quitté le caucus, en juin dernier.

Le jour de la démission des trois députés, Lisette Lapointe, élue dans Crémazie, a dû insister. Elle est allée chercher M. Curzi à son bureau de l'Assemblée nationale pour lui rappeler qu'il s'était engagé à se joindre à la fronde contre le projet de loi 204, en faveur de l'amphithéâtre poussé par l'administration Labeaume à Québec.

À la fin du mois de février, M. Curzi a promis de prendre sa décision dans les deux semaines suivantes. Au Parti québécois (PQ), on convient qu'il est l'un des rares qui auraient une chance de se faire élire comme député indépendant après avoir pris fait et cause dans le dossier du gaz de schiste. Son désir de poursuivre sa carrière politique sera déterminant; sa notoriété et son énergie dans le dossier linguistique sont des actifs évidents pour le Parti québécois.

Pour M. Curzi, toutefois, le chemin du retour risque d'être un peu délicat à emprunter - il a dit l'été dernier être prêt à retourner au PQ si Pauline Marois quittait son poste. Louise Beaudoin n'a jamais fait de telles sorties contre la chef péquiste - elle martèle partout que les démissions de juin auront été un électrochoc salutaire en définitive pour le parti souverainiste.

Les «pyromanes» de juin

Du côté de Pauline Marois, «la porte est ouverte depuis longtemps». La chef, qui ne souhaitait pas voir revenir Lisette Lapointe, se trouve libérée depuis que cette dernière a indiqué qu'elle resterait indépendante jusqu'aux prochaines élections. Mme Lapointe ne se représentera pas.

Dans les officines péquistes, toutefois, on commence à trouver que les «pyromanes» de juin mettent bien du temps à retourner à la maison. On craint même que ces semaines de tergiversations ne donnent l'impression que c'est le caucus et Mme Marois qui sollicitent les dissidents et que ces derniers peuvent évaluer à loisir l'offre qui leur est faite. Ces retours seront accueillis plutôt sèchement chez les élus qui, après la série de démissions, ont traversé des heures difficiles. Mais avec la décision de Pauline Marois d'accepter les égarés, personne n'osera s'opposer à leur retour, indique-t-on.