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Course à la Chefferie du NPD: Mulcair très confiant (VIDÉO)

Entrevue: Mulcair très confiant (VIDÉO)

Burnaby, C.-B. -- Thomas Mulcair déborde de confiance. L'ancien lieutenant du NPD au Québec dit que les membres du parti éliront le meilleur candidat à la chefferie. Mais au-delà des formules diplomatiques, une lueur dans ses yeux signale qu'il anticipe la victoire au congrès d'investiture des 23 et 24 mars.

« Nous avons mené une campagne positive du début à la fin. Nous avons réparti nos efforts sur cinq mois, alors que d'autres candidats se sont plutôt organisés en fonction d'une campagne électorale de cinq semaines », a-t-il affirmé lors d'une entrevue réalisée au James Street Café & Grill de Burnaby.

« Nous avons planifié notre campagne de manière à recueillir des sommes suffisantes pour atteindre un certain momentum. Ça prend en effet beaucoup d'argent pour sillonner le pays. Je crois que nous avons bien rempli nos objectifs. »

Parmi les élus néo-démocrates, le député d'Outremont a reçu plus d'appuis que tous les autres candidats réunis. Il a su rallier les candidats qui se sont retirés de la course (Roméo Saganash et Robert Chisholm) et s'est classé bon premier au chapitre du financement. Les succès de M. Mulcair ont fait des envieux, puisqu'il a été l'objet du plus grand nombre d'attaques personnelles.

Reste à savoir si ces attaques n'auraient pas été orchestrées à droite de l'échiquier politique. La semaine dernière - au moment même où les membres du NPD recevaient leur bulletin de vote - des révélations ont fait surface au sujet de tractations ayant eu lieu entre le Parti conservateur et M. Mulcair, avant que ce dernier ne joigne le NPD en 2007.

Sa réaction a été combative : « Stephen Harper et ses conseillers me connaissent bien. Ils ont vu les résultats que j'ai obtenus au Québec et s'en inquiètent de plus en plus. Ils vont utiliser leurs vieilles tactiques mesquines pour me barrer la route, mais je suis prêt à les affronter. »

Thomas Mulcair a parcouru la région de Vancouver pour recueillir des appuis en prévision du dernier débat des candidats, qui aura lieu ce dimanche. Son horaire était chargé à bloc, car la Colombie-Britannique est la province qui compte le plus de membres du NPD.

L'appui de la communauté sikh a été assez élevé jusqu'à maintenant, mais l'éventuelle connivence de Martin Singh, lui aussi candidat à la chefferie, soulève bien des questions.

Selon un article de La Presse canadienne publié vendredi, les opposants de M. Mulcair l'accusent d'utiliser le candidat sikh comme un « chien de garde » lui permettant de se mettre à l'abri de la contestation. Beaucoup de membres du NPD ne comprennent pas pourquoi M. Singh reste dans la course, tant ses chances de la remporter sont faibles.

Thomas Mulcair s'est moqué de ces rumeurs. « C'est vraiment n'importe quoi », a ajouté son épouse Catherine Pinhas, qui était à ses côtés.

M. Mulcair a été catégorique : « Il n'y a pas eu de collusion avec Martin Singh. Mais il est normal de communiquer avec les autres candidats, dans la mesure où nous appartenons à la même formation politique. La campagne à la chefferie du NPD se déroule très bien, et nous en sommes tous très heureux. »

« Je n'ai jamais eu besoin de personne pour passer mon message. Ces rumeurs m'ont grandement surpris, mais elles ne m'inquiètent pas. Nous menons des campagnes individuelles, et M. Singh est un candidat respecté qui a su récolter beaucoup d'appuis. Si des gens veulent raconter des bobards, qu'ils en racontent. Notre campagne a toujours été positive, alors je vais faire en sorte qu'elle le demeure. »

L'entrevue s'est poursuivie avec une question encore plus épineuse. L'ancien professeur d'université et ministre libéral provincial a dû se défendre de trahir le programme du NPD.

« Il n'est pas question de transformer le NPD en parti centriste, mais bien d'attirer vers notre formation les gens qui votent au centre », a précisé l'homme de 57 ans.

« Pour battre Stephen Harper, nous n'aurons pas le choix d'élargir notre base et de séduire la grande majorité des Canadiens progressistes. En matière de stratégie, il y a autant d'idées que de candidats, et il reviendra aux membres de trancher. Personnellement, je crois que le parti a entrepris un grand chantier de modernisation sous Jack Layton et qu'il doit continuer sur la même lancée. Il ne faut surtout pas reculer. »

La plupart des candidats à la chefferie du NPD souhaitent rallier les électeurs non traditionnels (qui n'ont jamais voté pour le parti) et ceux qui ne prennent pas la peine de voter. Les jeunes, les autochtones et les communautés ethniques font partie des groupes les plus souvent mentionnés.

La controverse tient aux méthodes suggérées par M. Mulcair pour rejoindre les électeurs non traditionnels. Celui-ci veut communiquer avec les gens ordinaires dans un langage plus accessible.

« Je ne souhaite pas renier les convictions des membres du parti. Au contraire, je crois qu'il faut mieux les expliquer, et moderniser la manière dont nous approchons les électeurs », a-t-il tenu à préciser. « Le NPD s'accroche à une terminologie désuète, rigide et issue d'une autre époque, et ne parvient pas à expliquer comment il pourra transformer le Canada en une société plus juste et plus prospère. »

« Beaucoup de Canadiens écoutent nos discours et se demandent : "Que veulent-ils dire au juste ? Quel est le rapport avec ma vie ?" Voilà pourquoi il est urgent de revoir notre manière de communiquer. »

Au mois de juin dernier, un débat controversé sur l'utilisation du terme « socialiste » a profondément divisé les membres du parti.

La stratégie à adopter par rapport au Parti libéral est elle aussi une source de divisions.

Thomas Mulcair a tenu à préciser qu'il tenterait d'obtenir l'appui des députés libéraux s'il le faut, mais qu'il était hors de question d'établir une coalition formelle ou informelle avec ce parti. L'expérience avortée de 2008 l'a convaincu qu'il n'est pas digne de confiance.

« La réponse est N.O.N. Nous avons proposé une coalition aux Libéraux, mais ils nous ont snobés à la dernière minute. Ils ont préférer jouer le jeu électoral en solo. Quant à moi, je désire rallier tous les Canadiens progressistes sous la bannière néo-démocrate et former le premier gouvernement NPD, point final. »

À l'heure actuelle, certains qualifient Thomas Mulcair d'imposteur, mais le principal intéressé ne s'en émeut pas, et préfère prendre ces attaques comme un compliment.

Un site web intitulé Know Mulcair (http://www.knowmulcair.ca) témoigne d'une certaine inquiétude dans les rangs néo-démocrates, au sujet de la direction que pourrait prendre le NPD sous sa gouverne. Ce site reproche au candidat d'avoir bafoué les droits des travailleurs lorsqu'il était ministre du gouvernement de Jean Charest.

Une autre source de controverse est son appui inconditionnel à l'État d'Israël. À cet effet, M. Mulcair a répété plusieurs fois que la position du NPD est la sienne, et qu'il favorise une solution à deux États.

En matière de politique étrangère, il se distingue toutefois de ses opposants pacifistes en n'hésitant pas à appuyer d'éventuelles interventions à l'étranger - pourvu qu'elles soient sanctionnées par l'ONU. « Je crois que nous aurions dû intervenir en Syrie il y a longtemps. C'est tout à fait impensable, dans le monde d'aujourd'hui, de laisser perpétrer un tel massacre. »

En matière fiscale - n'en déplaise à Brian Topp - Thomas Mulcair est fermement opposé à l'idée d'augmenter le taux d'imposition des contribuables les plus riches.

Sans surprise, la proposition du candidat Nathan Cullen d'établir une coalition pré-électorale avec les Verts et les Libéraux ne l'a pas convaincu non plus.

Thomas Mulcair a souvent tenu tête à ses collègues, ce qui lui a valu la réputation d'être un « dictateur ». Certains députés ont avoué au Huffington Post qu'ils appuieront un autre candidat pour ne pas avoir M. Mulcair comme patron.

Mais en cas de victoire, ce fin renard espère unir le parti en ralliant le plus grand nombre d'ex-candidats et de militants possible. « Nous allons nous assurer que les députés déjà élus aient un poste à la hauteur de leurs aspirations et de leurs compétences », a-t-il dit. « Puis nous allons, dans un deuxième temps, tendre la main et réintégrer les militants. »

En cas de défaite, Thomas Mulcair nous a assuré qu'il resterait en poste, et qu'il se porterait candidat une seconde fois en 2015.

Or sachez que la défaite ne fait pas partie de ses plans. « J'ai eu pas mal de succès dans ma carrière jusqu'à maintenant. Je me suis impliqué en politique pour gagner, et c'est ce que je compte faire à Toronto le 24 mars. »

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