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Les Belles soeurs prennent l'affiche à Paris

Les Belles soeurs prennent l'affiche à Paris
Capture d'écran

PARIS - «Les Belles soeurs», dans leur version musicale, font leur grand retour à Paris jeudi soir, presque 40 ans après la création de la pièce de Michel Tremblay dans la Ville Lumière, en 1973.

Écrit et mis en scène par René-Richard Cyr sur une musique de Daniel Bélanger, le spectacle prend l'affiche dans la grande salle (750 places) du Théâtre du Rond-Point, sur les Champs Élysées. Vingt-trois représentations sont programmées, dont une, lundi prochain, en présence du premier ministre Jean Charest.

Pour le théâtre québécois, c'est un événement. Il est tout à fait exceptionnel qu'une pièce de cette envergure (25 personnes en tout, dont 15 comédiennes et quatre musiciens) se déplace à l'étranger. A priori, le succès semble assuré. Un bon tiers des places auraient déjà été vendues, indique-t-on, et les premières représentations affichent complet.

«Je n'ai pas peur. Je sais que c'est un bon spectacle, avec des bonnes chansons», disait Michel Tremblay en interview, 48 heures avant la première.

Le Rond-Point est un des meilleurs théâtres de Paris, un lieu culturel dynamique et convivial, fréquenté par un public jeune et qui peut compter sur la fidélité de ses d'abonnés. Les médias sont sur le coup. Une bonne campagne d'affichage sur les colonnes publicitaires et dans le métro a été déployée. «Les Belles soeurs» jouiront à l'évidence d'une bonne visibilité.

Curieusement, la seule inconnue semble résider dans l'accueil que les spectateurs feront au «joual» de Tremblay. Le patron du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, qui connaît son public, admet que «c'est le grand point d'interrogation». Le théâtre aurait d'ailleurs envisagé de surtitrer les dialogues en français courant, mais les Québécois n'ont pas voulu.

«Ils ont refusé de surtitrer et ils ont eu raison, a déclaré Ribes mercredi. Mais j'espère que ça sera quand même assez ouvert. Il ne faut pas que l'accent fasse perdre le sens. Il faudra faire un effort des deux côtés.»

Michel Tremblay se pose les mêmes questions. Il sait bien que les Français se sont habitués à l'accent québécois, grâce au cinéma surtout, mais il n'est pas tout à fait sûr de leur réaction: «On est moins folklorique qu'il y a 40 ans. À l'époque, les Français se souvenaient à peine de notre existence. Aujourd'hui ma seule inquiétude, c'est: Vont-ils accepter de comprendre?»

Évidemment, plus personne aujourd'hui ne trouve scandaleux de jouer en joual sur une scène parisienne. Ce n'était pas le cas dans les années 70. Ironie de l'Histoire, la pièce de Tremblay avait failli être créée en 1971 au Rond-Point, que dirigeait à l'époque le couple légendaire formé par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault. Mais le Québec, dit-on, avait refusé de subventionner l'aventure. «Les Belles soeurs» avaient finalement été montées en 1973 à l'Espace Cardin, à quelques centaines de mètres, avec l'aide du fédéral.

«Avant la première, la délégation générale du Québec appelait les journalistes français pour tenter de les dissuader de venir voir la pièce», se souvient Tremblay.

Aujourd'hui, Jean-Michel Ribes est «enchanté» par l'adaptation musicale du tandem Cyr-Bélanger, qu'il a achetée après l'avoir vue en vidéo. Il affiche sa pleine confiance dans cette «oeuvre pleine d'une audace joyeuse et chantée, portée par un belle énergie».

«J'avais depuis longtemps l'envie que Michel Tremblay vienne nous rejoindre. C'est quelqu'un d'important, qui compte dans la dramaturgie québécoise mais aussi mondiale», a-t-il expliqué.

C'est surtout Tremblay, arrivé à Paris lundi, qui se sera chargé d'assurer la promotion du spectacle dans les médias. Ici, le dramaturge est d'abord vu comme un romancier «qui aurait aussi fait du théâtre». Il jouit d'une bonne réputation chez les professionnels, il a ses fans, mais le grand public ne le connaît pas. Jean-Michel Ribes espère que «Les Belles soeurs» lui apporteront la reconnaissance.

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