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Les médecins spécialistes du Québec se disent « insultés » par le ministre Bolduc

Insultés par Bolduc

Radio-Canada.ca - Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Gaétan Barrette, est piqué au vif par la sortie du ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui allègue que des chirurgiens poussent leurs patients à se faire opérer dans leur clinique privée pour faire plus d'argent.

Dans une entrevue à La Presse, le ministre Bolduc affirme que des spécialistes en orthopédie et des chirurgiens plasticiens « gardent de longues listes d'attentes afin de diriger leurs patients vers le privé », parce que « c'est plus payant pour les chirurgiens d'opérer au privé ». Ce phénomène, dit-il, se vérifie particulièrement à Montréal.

Le ministre Bolduc a demandé lundi matin au Collège des médecins d'examiner ce dossier.

« Si le ministre a des noms, qu'il les dise, on va le dénoncer avec lui. S'il en a des noms et que ce n'est pas vrai, malheureusement pour lui, il va se faire poursuivre », a déclaré le Dr Gaétan Barrette lors d'une entrevue au Réseau de l'information. « À ma connaissance, ce n'est pas un système qui existe comme tel. »

« C'est pas mal insultant de lire ça le matin dans La Presse, de voir un ministre qui ne gère pas son réseau mettre ça sur le dos de ceux qui sont capables de le faire, veulent le faire, mais ne peuvent pas le faire », a-t-il ajouté lors de son passage à l'émission C'est bien meilleur le matin. Avec cette sortie, dit-il, le ministre Bolduc est à « un pas de la diffamation ».

« Le ministre allègue des choses, et ce serait très bien qu'il mette un peu de substance dans ses allégations, puisqu'on pourrait réagir à ce moment-là. » — Dr Gaétan Barrette

Le Dr Barrette rappelle que les médecins ont l'obligation d'inscrire les patients sur les listes d'attente, mais que ces listes sont contrôlées par des fonctionnaires du ministère de la Santé depuis un peu plus de deux ans. « Il n'y a pas un seul chirurgien au Québec qui contrôle la liste d'attente », martèle-t-il.

À l'heure actuelle, le gouvernement garantit l'accès au réseau à l'intérieur de six mois. Le problème, dit le Dr Barrette, c'est que des gens se sont fait offrir des chirurgies aux quatre coins du Québec, mais refusent en raison de la distance et parce qu'ils préfèrent se faire opérer par leur médecin. Plusieurs décident alors de se faire opérer au privé.

« Je défie le ministre de la Santé d'interdire le privé en chirurgie. Je le défie. On verra bien ce qui va arriver dans le public après, ça va être un désastre total. » — Dr Gaétan Barrette

Mauvaise gestion, selon le Dr Barette

Selon le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la situation actuelle est plutôt attribuable au fait que « le ministre de la Santé n'a pas réussi à faire fonctionner ses blocs opératoires ». Cette mauvaise gestion, dit le Dr Barrette, empêche 100 000 personnes de se faire opérer chaque année.

« Il y a 20 % de marge de manoeuvre au Québec dans les blocs opératoires », affirme le Dr Barrette. « On a fait la démonstration, hôpital par hôpital, que les blocs opératoires du Québec, sauf deux, étaient mal gérés et qu'on n'utilisait pas la capacité maximale ».

« Quand on dit mal gérés, c'est mal faire les horaires, mal faire la commande des équipements, mal gérer la gestion quotidienne, annuler les cas pour rien, mal préparer les patients. Au bout de la ligne, ça fait qu'on annule et qu'on n'utilise pas le bloc opératoire », déplore le Dr Barrette.

« Au lieu de faire fonctionner les blocs opératoires à pleine capacité, avec des rapports qu'on lui a donnés, avec les conclusions que lui-même a reprises, qu'il a envoyées dans les hôpitaux, [le ministre] n'arrive pas à faire fonctionner les blocs opératoires et on se retrouve avec une situation comme maintenant », dénonce le Dr Barrette.

« Il y a assez de médecins au Québec pour traiter tout le monde, incluant les spécialistes. Qu'on nous donne les moyens de le faire », assure le président de la FMSQ.

« Au moment où on se parle, les blocs opératoires du Québec, et particulièrement ceux de Montréal, ne fonctionnent pas à leur pleine capacité, et ça, c'est un problème de gestion. La gestion, c'est le ministre. » — Dr Gaétan Barrette

Gaétan Barrette croit que la sortie du ministre s'explique par le climat préélectoral. « À Montréal, il y a un problème de capacité, on attend toujours une période électorale pour augmenter les lits, les salles d'opération et ainsi de suite. On arrive là », affirme-t-il.

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