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Cancer de la peau : les salons de bronzage à l'étude à Québec

Les salons de bronzage sous la loupe

(Radio-Canada.ca) - Les salons de bronzage sont dans la ligne de mire de Québec. En réponse à des pétitions déposées à l'Assemblée nationale et regroupant quelque 55 000 noms, la Commission de la santé et des services sociaux tient aujourd'hui des auditions publiques sur les liens entre le cancer de la peau et le bronzage artificiel.

L'engouement des mineurs pour les salons de bronzage est au centre des débats. Plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne, ainsi que plusieurs États de l'Australie et des États-Unis, interdisent déjà aux moins de 18 ans leur fréquentation.

Au Canada, seules la Nouvelle-Écosse et la ville de Victoria, en Colombie-Britannique, ont adopté de telles politiques, mais le débat est en cours dans la plupart des provinces du pays.

La Société canadienne du cancer (SCC), l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et l'Association des dermatologistes du Québec, qui participent aux auditions, prônent l'interdiction de la vente de services de bronzage artificiel aux jeunes de moins de 18 ans et mènent des campagnes en ce sens, notamment sur les réseaux sociaux.

L'Organisation mondiale de la santé a classé en 2009 les lits de bronzage dans la même catégorie que la cigarette pour les risques de cancer et recommande leur interdiction aux moins de 18 ans. Son Centre international de recherche sur le cancer a déterminé que l'utilisation de lits de bronzage avant l'âge de 35 ans entraîne une augmentation de 75 % du risque de mélanome.

Le cancer de la peau est provoqué principalement par le rayonnement ultraviolet (UV) - qu'il provienne du soleil ou de sources artificielles telles que les lits de bronzage.

Dans son mémoire déposé aujourd'hui, la SCC, qui a engagé ce mouvement pétitionnaire, rappelle qu'il y a chaque année au Québec 22 000 nouveaux cas de cancer de la peau.

Sa forme maligne, le mélanome, n'est pas la plus répandue, mais est un des cancers dont la progression est la plus rapide chez les adolescents et les jeunes adultes.

Types de cancer de la peau

Mélanome : type le plus grave de cancer de la peau se manifestant tout d'abord par un petit grain de beauté pigmenté. Le mélanome peut s'étendre localement et se propager rapidement à des organes éloignés.

Carcinome (ou épithélioma basocellulaire) : type de cancer de la peau le plus répandu, facile à dépister, affectant le plus souvent les parties du corps fréquemment exposées au soleil. Un traitement précoce permet en général de vaincre ce type de cancer à évolution lente.

(Source : Société canadienne du cancer)

Quelle clientèle ?

Selon la SCC, 70 % de la clientèle des salons de bronzage sont des femmes, principalement âgées de 16 à 29 ans. Or, poursuit-elle, 76 % des cas de mélanomes chez les 18-29 ans adeptes du bronzage artificiel sont attribuables à l'usage des lits de bronzage.

« Si on peut empêcher les jeunes adolescentes d'aller dans les salons de bronzage avant 18 ans, au moins elles ne prendront pas cette habitude. Car une fois qu'elles ont cette habitude, qui commence à 15 ans, elles vont continuer, et ça va perdurer des années. » — André Beaulieu, Société canadienne du cancer

Elle souhaite qu'une loi vienne encadrer l'industrie du bronzage, en plus d'interdire la fréquentation des salons aux mineurs.

Ses recommandations rejoignent celles mises en avant par l'INSPQ dans son analyse des mesures réglementaires portant sur l'utilisation des appareils de bronzage par les jeunes âgés de moins de 18 ans.

L'INSPQ et la SCC s'inquiètent particulièrement des pratiques de marketing des salons de bronzages qui ciblent sous certaines formes les jeunes et dénoncent leur discours sur les bienfaits supposés de l'exposition aux rayons UV artificiels.

Les auditions à Québec ont aussi été l'occasion d'entendre des témoignages personnels. Annie Gloutney, une mère de deux filles de trois et cinq ans, est venue parler de son combat contre le cancer.

Mme Gloutney, qui a commencé à 15 ans à fréquenter les salons de bronzage, a reçu à 37 ans un diagnostic de mélanome.

L'exemple Victoria

À Victoria, le règlement municipal qui interdit les salons aux mineurs prévoit des amendes entre 250 $ et 2000 $ aux contrevenants. Les propriétaires de salon sont par ailleurs contraints d'afficher dans leur établissement un avertissement similaire à ceux trouvés sur les paquets de cigarettes, la photo en moins.

Le Dr Richard Stanwick, qui a mené la campagne pour cette interdiction à titre de médecin-chef de l'île de Vancouver, est aussi président de la Société canadienne de pédiatrie.

« Les rayons émis par les lits de bronzage sont de dix à quinze fois plus intenses que le soleil de midi. Autrement dit, une personne qui passe dix minutes dans un lit de bronzage s'est exposée aux rayonnements ultraviolets tout autant que si elle avait passé une journée complète à la plage. » — Dr Richard Stanwick

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