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Sarkozy candidat: les cinq (maigres) enseignements de la déclaration du président

Sarkozy: tout ça pour ça
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"Beaucoup de bruit pour rien" ou "De l'importance d'être Constant" ? Détracteurs et supporteurs du président sortant choisiront le titre qu'ils préfèrent. Une chose est sûre, Nicolas Sarkozy n'a (quasiment) rien annoncé ce mercredi soir au 20 Heures de TF1, hormis l'essentiel que tout le monde savait déjà : il est bien candidat à sa propre succession.

Tout ça pour ça donc, tant le suspense avait été monté en épingle par de fausses pistes, des promesses de "surprises" et l'illusion d'un grand coup politique dont Nicolas Sarkozy aurait seul le secret. Déception de ce côté là.

Mercredi soir, au cours d'une interview de 15 minutes, Nicolas Sarkozy a donc enfin prononcé les mots. "Oui, je suis candidat à la présidence de la République", a-t-il expédié en un soupir, comme si ménager le suspense plus longtemps aurait été ridicule.

Et pour le reste ? Pas d'annonce, pas de confession, à peine quelques sentiments dévoilés au détour d'une phrase. Bref. Voici les cinq (maigres) enseignements de la déclaration de candidature du président-candidat Sarkozy.

1. "La France forte", slogan contre un François Hollande "faible"

Le slogan avait fuité quelques heures avant son passage télévisuel. Qu'importe. Nicolas Sarkozy a décliné le fil rouge de sa campagne: "La France forte". "Il faut que les Français comprennent que si la France est forte, ils seront protégés", a-t-il dit en agitant le spectre de la situation de la Grèce, sous perfusion financière. Le chef de l'État a d'ailleurs embrayé sa déclaration de candidature avec l'analogie du "capitaine dans la tempête", déclinée à l'infinie par ses amis.

Une manière d'imposer son expérience dans une campagne bousculée par la crise et de renvoyer une image de faiblesse de son adversaire François Hollande : faiblesse vis à vis de ses alliés écologistes et du Front de Gauche, et faiblesse des idées. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs critiqué longuement le candidat socialiste sur ce point.

2. "On ne peut pas tout faire en 5 ans" mais le travail et la lutte contre l'assistanat resteront la priorité

À défaut de répéter qu'il a "changé", Nicolas Sarkozy a justifié du bout des lèvres les raisons de cette nouvelle candidature. "On ne peut pas tout faire en 5 ans", a-t-il concédé, se projetant néanmoins dans un second quinquennat qu'il promet différent. "Il y a une nouvelle période qui s'ouvre. Si les Français me font confiance, s'ils me confient un second quinquennat, ce quinquennat ne sera pas conforme au premier", a déclaré le président de la République, sans même entamer l'ébauche d'une auto-critique sur le quinquennat qui s'achève.

Sur le fond, d'ailleurs, pas de révolution en perspective. Nicolas Sarkozy promet de conserver sa grande priorité de 2007: le travail, ses valeurs, et la lutte contre "l'assistanat". Le chef de l'État en a d'ailleurs profité pour justifier son idée d'un référendum sur la réforme de l'indemnisation du chômage. "La solidarité pour ceux qui ne peuvent pas travailler. La formation ou l'emploi pour ceux qui ont la force de travailler. Le travail, c'est une valeur centrale", a-t-il dit avec les accents de sa campagne de 2007.

3. Redonner la parole aux Français: l'argument du référendum va resservir

Refusant de s'exprimer sur le désamour entre l'opinion et lui, Nicolas Sarkozy a en revanche longuement insisté sur ses "rencontres" avec les Français et assure qu'il veut leur dire "la vérité". Un sentiment qu'il avait déjà largement exprimé dans son interview au Figaro Magazine. Nicolas Sarkozy a donc martelé sa volonté de "redonner la parole au peuple français par le référendum". "Chaque fois qu'il y aura un blocage, je ferai trancher le peuple français", a-t-il dit avec une drôle de formule à double sens.

Objectif: convaincre que voter pour lui, c'est se réapproprier le pouvoir politique à travers un dispositif politique très populaire mais également dangereux politiquement. Un va-tout politique d'autant plus culotté qque le gouvernement a enterré le référendum d'initiative populaire après un mandat passé à contourner la voie référendaire sur les questions qui fâchent.

4. L'homophobie, c'est mal

Alors que la polémique Vanneste sur la déportation des homosexuels a sévi toute la journée, Nicolas Sarkozy a réagi en soulignant qu'il avait "en horreur" l'homophobie. Précision habile du candidat de droite : celui-ci a rappelé qu'il était opposé au mariage homosexuel et à l'adoption par des couples homosexuels, concession accordée à la frange conservatrice de son parti. Mais "tout ce qui peut paraître de près ou de loin de l'homophobie, je l'ai en horreur", a-t-il pris soin de préciser. "Par conséquent, on n'a rien à faire avec des personnes qui ne comprennent pas qu'au XXIe siècle, ce type de propos, ça tire tout le monde vers le bas", a-t-il conclu.

5. Soulagement ou délivrance, quand Sarkozy marche dans les pas de Giscard

En évoquant son "soulagement" d'entrer en campagne, Nicolas Sarkozy a-t-il fait exprès de paraphraser la "délivrance" qu'avait confessée Valéry Giscard d'Estaing lors sa propre annonce de candidature en 1981 ? (lire la vidéo à partir de 8 min50)

L'analogie est d'autant plus troublante que Giscard avait également fait de la "France forte" son slogan de campagne la même année. Est-ce un acte manqué ? Ou bien Nicolas Sarkozy espère-t-il conjurer ainsi le sort du seul président à n'avoir pas été réélu au terme d'une campagne présidentielle ?

En attendant, la campagne peut reprendre son cours.

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