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Berlinale 2012: entretien avec Sylvain Corbeil, producteur chez Metafilms

Berlinale: le cinéma québécois à l'étranger
Catherine Matusiak

L’industrie du cinéma québécois: le succès local par l’international

Lors de son passage au Festival du film de Berlin, le réalisateur Denis Côté est toujours accompagné de son acolyte et producteur Sylvain Corbeil. Celui-ci représente également le long-métrage Nuit #1 d’Anne Émond, dont il vient de conclure la vente de sa distribution en Allemagne dans le cadre de l’European Film Market (EFM). Cette récente entente rajoute l’Allemagne à la liste des pays distributeurs, dont la France, les États-Unis, la Corée du Sud, la Russie et l’Espagne. Cette bonne nouvelle nous amène à parler de la santé de l’industrie du cinéma québécois, qui passe, selon Sylvain, tout d’abord par l’international.

L’international au service du local

Sylvain Corbeil connait bien le milieu cinématographique québécois. Il note que, dans l’esprit de la communauté, réside une réelle volonté de sortir du Québec et d’être reconnu à l’étranger. Pour le cinéma d’auteur, l’international est devenu la nouvelle stratégie: «Pour avoir des retombées locales, il faut vraiment que tu places comme il faut ton film à l’international. Denis Côté l’a bien compris et, malgré le fait que ces box-offices restent petits toutes proportions gardées, ses retombées augmentent d’un film à l’autre, en même temps que sa renommée à l’international.»

Sylvain explique qu’une seconde stratégie consiste à créer des films adaptés spécifiquement au milieu local, souvent accompagnés d’une grosse machine de production. Néanmoins, le danger dans cette approche se présente dès que le succès anticipé n’arrive pas. En résulte un investissement d’une somme considérable en un produit... qui reste confiné à un espace restreint de diffusion et qui est difficilement adaptable à un autre marché potentiel. Un modèle à éviter lorsqu’il est question de produire du cinéma d’auteur.

Présenté dans le cadre du Festival international du film de Locarno, le film Monsieur Lazhar est un excellent exemple de l’effet d’entrainement que peut avoir la reconnaissance à l’étranger sur la demande au niveau local. Les festivals apportent toujours le prestige, et parfois des prix. Ces présences forgent une réputation, puis vient le moment opportun de présenter le film en salle au Québec. Ceci est un bon modèle d’affaires. Un exemple: le film de Philippe Falardeau, nommé aux Oscars.

Sylvain dénote également l’effet d’amplification créé par l’accumulation de plusieurs succès québécois qui se succèdent, contribuant ainsi à la reconnaissance de l’ensemble de notre cinéma. Les échos de ces succès à l’étranger bonifient la demande pour ces films par la population locale. Selon ses observations de la réalité du marché, Sylvain croit fermement que le cinéma québécois connaît en ce moment un bel élan qui n’est pas près de s’essouffler: «Présentement, il y a une grande demande pour les films québécois. Il y a une porte d’ouverte; à nous de ne pas décevoir.»

Les critiques opposées attirent

En parlant de Laurentie, troisième film que Sylvain représente lors du Festival du film de Berlin, nous avons discuté du buzz médiatique qui se crée parfois lorsqu’il y a une forte opposition parmi les critiques. Pendant la sortie du film, au courant de l’automne 2011, certaines personnes qualifiaient Laurentie de chef-d’œuvre tandis que d’autres sortaient des salles complètement déçus. Lorsque les gens formulent des perceptions diamétralement opposées sur un sujet aussi subjectif et discutable qu’un film, il semble inévitable que d’autres soient attirés, curieux de construire leur propre opinion sur le sujet. Pour Sylvain, cela peut s’avérer être un bon levier médiatique. Ce qui résume bien l’adage: «Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en!»

Les trois films (Bestaire, Nuit #1 et Laurentie) sont présentés lors des Rendez-vous du cinéma québécois à partir du 15 février.

Le Huffington Post Québec est l'invité du Festival international du film à Berlin et de Téléfilm Canada.

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