Ines Talbi, artiste multidisciplinaire, se dévoile avec son premier album musical, Boarding Gate. Le Huffington Post Québec l'a rencontré tout juste avant le lancement de son bébé.
Dans les roseraies, on trouve des roses « d'élevage » qui grandissent au soleil artificiel des projecteurs et si elles sentent souvent bon, elles ont en revanche à peu près toutes le même parfum. Et puis il y a les roses sauvages, celles qui poussent dans leur coin, au détour d'un chemin, et qui ont un parfum unique et troublant. C'est le cas d'Ines Talbi, une fleur montréalaise d'origine orientale qui sort un premier album solo, ce qui n'est pas commun pour une fleur, il faut bien le reconnaitre.
Carnet de voyage
Premier album solo, mais certainement pas la première expérience musicale pour cette jeune chanteuse de 27 ans, qui connait bien la musique. En 2007, elle a remporté les Francouvertes avec son groupe Mimosa; elle a chanté sur un album hommage à Nino Ferrer aux côtés de Catherine Major et Damien Robitaille et a également prêté sa voix au groupe a cappella les Marjo's.
Avec ce premier disque, la chanteuse d'origine berbère se raconte à travers douze chansons en forme d'escales et livre un album qui goûte bon l'ailleurs. Boarding Gate, c’est le nom très évocateur qu’a choisi de donner cette globe-trotteuse à son premier album qui sortira, hasard du calendrier nous jure-t-elle, le jour de la Saint-Valentin.
À l’écoute de ce carnet de voyage (et de vie), il est bien difficile de croire qu’il s’agit d’un premier album, tant le résultat est maitrisé. Mélodies accrocheuses qui ne tombent pas dans la facilité et le déjà-entendu, orchestrations originales, Boarding Gate est du signe du néo-folk ascendant pop-rock, pour les amateurs d'étiquettes. L'ensemble garde une cohérence malgré des incursions dans des univers musicaux très différents. La voix chaude d'Ines a été parfaitement mise en valeur par Daniel Bleikolm et Pierre-Philippe «Pilou» côté (fréquent collaborateur de Champion et membre du groupe Mimosa), tous deux aux commandes de ce premier album.
Quand on aborde la question de la langue de cet album entièrement en anglais, à l’exception de la chanson «Derrière la pluie», écrite avec le rappeur français Oxmo Puccino, Ines Talbi répond sans ambages. «Je sais que la question de la langue est très sensible au Québec, mais ce n’est pas un choix prémédité de faire l’album en anglais. Il se trouve que sur la quarantaine de chansons que j’avais écrites, celles qu’on a choisies finalement étaient en anglais».
Chanteuse, mais pas seulement
Elle chante, c'est entendu, mais il serait réducteur de réduire Ines Talbi à cette fonction. Il lui arrive à l'occasion de lire des poèmes de Victor Hugo dans le métro montréalais, de jouer au théâtre, de danser, mais finalement elle ne fait qu’exercer un seul métier: artiste.
«Pourquoi choisir? lance Ines Talbi. Je ne veux pas avoir à me décider entre les différentes disciplines artistiques que je pratique. Elles sont comme des enfants, je les aime toutes autant».
Parmi ses nombreuses disciplines, le théâtre qu'elle pratique, notamment au sein de la compagnie qu'elle a fondée, les Berbères Mémères, occupe une place de choix. Mais là encore, Ines tord les règles et s'affranchit des conventions. «Ce qui m’intéresse c’est d’explorer les choses de façon non conventionnelle: jouer dans un parc, par exemple, ou dans un garage, un restaurant; j'aime l'idée de se réapproprier un lieu. Je respecte le théâtre traditionnel, mais j’ai envie de faire autre chose.»
Faire autre chose autrement et continuer à pousser, de façon sauvage, là-bas, très loin des roseraies.
Le lancement de Boarding Gate aura lieu au National le 14 février à 17h et est ouvert au public.
Boarding Gate, Ines Talbi (Kartel Musik)
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