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Marie-Sissi Labrèche se confie sur Amour et autres violences, son tout dernier livre

Marie-Sissi Labrèche : la maladie d'amour
Martine Doyon

Avec son recueil de nouvelles Amour et autres violences, Marie-Sissi Labrèche propose une radiographie en 12 récits de ruptures amoureuses et de fractures d'amour-propre. De ces amours qui laissent sur le corps et le cœur des cicatrices où se lisent de grands drames et de petites tragédies.

« Jusqu'où peut-on aller pour quelque chose qu'on pense être de l'amour? La plupart de mes nouvelles sont écrites à partir de ce principe-là », explique Marie-Sissi Labrèche en interview au Huffington Post Québec. À la demande de son éditrice, l'auteure s’est replongée dans ses anciens écrits, pour la plupart postérieurs à Borderline (2000). Amour et autres violences rassemble ainsi des histoires publiées au fil de sa carrière dans des revues littéraires, ainsi qu'une nouvelle inédite, « Travelling ».

L'autofiction s'y substitue en grande partie à la pure fiction, dans des histoires sombres où la violence est toujours la toile de fond. « Mes histoires sont toujours à cheval sur la folie. Plus je suis jeune, plus on ne sait pas si ce que je raconte est possible. Les personnages sont tous des filles, des filles sûrement folles. Je jouais tout le temps avec ça auparavant, ayant grandi là-dedans. »

Avec Amour et autres violences, Marie-Sissi Labrèche reste au ras des corps, au plus près de la chair malmenée. Les relations, pour la plupart dysfonctionnelles, sont presque toujours des échecs. Elle met également en scène une sexualité dont l'aboutissement n'est souvent qu'un plaisir volé à l'autre, arraché à son corps défendant, justifié par un amour qui fait violence.

« Le sexe est là et la mort n'est jamais loin. C'est comme ça depuis que j'ai commencé à écrire. Pourtant, je suis obsédée par la mort, j'en ai peur. Écrire, c'est comme gagner un pas sur la mort. C'est de lui dire : regarde! [Elle fait signe avec ses mains d'avancer malgré un obstacle.] Regarde! »

Expérimenter la nouvelle

Contrairement au roman, les nouvelles sont pour elle un territoire propice aux jeux littéraires de forme et de fond. « La première nouvelle, “Travelling”, est inspirée de quelque chose que j'ai lu, il y a longtemps : L'Hôtel blanc, de Donald Michael Thomas, un livre magnifique. Les soixante premières pages sont tellement sexuelles, tellement érotiques, mais hal-lu-ci-nées. J'avais envie d'essayer ça. Pour moi, les nouvelles sont des manières de tester des choses. Testons la nouvelle sans points. Testons la nouvelle sans majuscules. »

Pourtant, à la liberté absolue qu'elle s'octroie avec la nouvelle, elle préfère l'intimité et l'émotion de l'autofiction. C'est là son univers, dit-elle, là où elle se sent rassurée. « J'aime l'autofiction. Je vais rester une “autofictionnaire” toute ma vie. »

Six ans après La Lune dans un HLM, elle affirme qu'elle n'écrit plus dans l'urgence de se sauver elle-même. «Écrire n'a plus la même charge émotive. Mais l'écriture, le geste, c'est encore... Ah! Mon Dieu! Je n'ai pas le choix, je n'ai pas le choix du tout. Je suis prête à tout, tout le temps, pour ça. »

Pour Marie-Sissi Labrèche, écrire à partir de soi reste toutefois une entreprise périlleuse. «C'est risqué en maudit de faire de l'autofiction. C'est une écriture plus risquée qu'on peut le penser. J'attends que quelqu'un me demande de faire un livre là dessus. J'ai tellement de choses à dire. » Elle fait une pause, ses yeux bleus s'égarent au-dessus de la foule du café. « Oui, ça peut être très, très risqué. Et ma manière d'écrire, c'est tout le temps de jouer sur un fil de fer. Écrire sur un fil de fer. Tout le temps. En équilibre. »

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