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Éric Grenier: François Legault perd des appuis dans sa course au pouvoir

Éric Grenier: bien des obstacles avant le pouvoir
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François Legault espère surfer sur une vague de changement quand les Québécois seront appelés aux urnes, probablement cette printemps ou cet automne. Mais sa Coalition avenir Québec (CAQ) trouvera des obstacles sur son chemin avant que le parti puisse aspirer au pouvoir.

À la suite des élections de 2007 et 2011, les Québécois ont démontré leur capacité de changer d'allégeance d’une façon dramatique. En 2007, l’Action démocratique représentait un changement contre les vieilles querelles entre libéraux et péquistes. En 2011, le Nouveau parti démocratique (NPD) a apporté un point de vue rafraîchissant face aux interminables débats sur la question nationale.

Mais François Legault n’a pas la personnalité attrayante d’un Jack Layton, ni même d’un Mario Dumont.

Néanmoins, M. Legault voudrait suivre leurs pas. Après avoir avalé l’ADQ, la CAQ est bien placée pour gagner les régions que le parti de Mario Dumont a balayé en 2007, soit la Capitale-Nationale et les banlieues de Montréal. Mais la CAQ est loin de répéter le succès du NPD, un pas nécessaire si François Legault veut former le prochain gouvernement.

Avec une baisse d’appui d’entre cinq et huit points depuis décembre, la CAQ n’est plus en position de former un gouvernement majoritaire. Les libéraux dominent toujours sur l’île de Montréal et ils sont même à l’égalité avec la CAQ dans la grande région métropolitaine. Le Parti québécois démontre des signes de vie et la marge d’entre eux et la CAQ parmi les francophones a diminué. Face à cette réalité, François Legault pourrait compter seulement sur sa base à Québec. Ce sera une bataille ardue dans le reste de la province.

Montréal avait bloqué Mario Dumont en 2007, et la ville pourrait poser le même problème pour François Legault. Les néodémocrates étaient capable de gagner auprès l’électorat francophone et rurale, mais aussi dans la communauté urbaine et anglophone à Montréal. Avec l’appui controversé de l'ex-président d’Alliance Québec, William Johnson, et la séduction auprès de l'ex-députée libérale fédérale Marlene Jennings (qui a finalement renoncé à se présenter), François Legault a déjà démontré son capacité de trouver de l’appui dans la communauté anglophone. Il pourrait aussi dévoiler des candidats intéressants sur l’île de Montréal dans les prochaines semaines.

Mais les anglophones n’ont pas adopté la CAQ en grand nombre. Les derniers sondages indiquent que l’appui à la CAQ parmi les non-francophones varie de 11 % et 18 %, soit 50 points derrière les libéraux. Et après un discours plus tôt cette semaine ou M. Legault défendait la place du français, il est difficile de voir comment le message de la CAQ pourra passer dans les deux communautés.

Cet équilibre entre anglophones et francophones, et entre fédéralistes et souverainistes, sera difficile à maintenir pour François Legault. Peut-être est-ce un type de coalition gagnante, mais peut-être aussi ce message contradictoire va-t-il pousser l’électorat vers le Parti libéral et le Parti québécois, qui présentent des positions plus définies. La sortie de François Rebello sur la souveraineté explique d'ailleurs probablement la hausse de l’appui à la CAQ parmi les souverainistes dans les derniers semaines (de 35 % à 41 %) et la baisse d’appui parmi les fédéralistes (de 50 % à 47 %).

Être coincé entre deux options pourrait nuire aux chances d’une victoire caquiste. Mais si les Québécois rejettent les vieux partis une autre fois, François Legault gagnera la fonction de premier ministre bientôt.

Éric Grenier est l’auteur de ThreeHundredEight.com

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